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L'Indépendant N° 3144 du 15/11/2012

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Le responsable communication de la DGE, Thomas Lazare Kéita : « Le RAVEC pour des élections en 2013 est un leurre, car il est truffé d’erreurs »
Publié le jeudi 15 novembre 2012  |  L'Indépendant


Rencontre
© aBamako.com par as
Rencontre du ministre de l`Administration Territoriale Moussa Sinko Coulibaly avec la classe politique sur le RAVEC.
Lundi 3 aout 2012. Bamako. Gouvernorat du District de Bamako. Etaient également présents le ministre délégué chargé de la Decentralisation, Demba Traore; le gouverneur du district Souleymane Diabate, président de la CENI et le délégué général adjoint aux élections, Alou Sylla.


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Journaliste de formation et spécialiste en communication, Thomas Lazare Kéita travaille depuis 2000 comme chef du service communication de la Délégation générale aux élections (DGE). Il dispose d’une expertise avérée dans le système d’élaboration du fichier électoral et des élections en général au Mali. Dans cette interview qu’il nous a accordée le mardi 13 novembre, il s’explique sur les préoccupations actuelles liées à l’audit du fichier électoral, à la possibilité d’aller aux élections avant ou après la libération du Nord, à l’opérationnalisation du RAVEC, etc. Pour Thomas Lazare Kéita, vouloir aller aux élections l’année prochaine avec un fichier issu du RAVEC ressemble simplement à un rêve.

Thomas Lazare Keita

L’audit du fichier électoral est actuellement en cours. Que pensez-vous de cette action de contrôle ?

L’audit du fichier est opportun. Il permettra de juger de sa crédibilité. Et il faut le reconnaître, ce fichier est crédible. Il est l’émanation des partis politiques ayant participé à son élaboration à travers leurs représentants au sein de la commission administrative.

A votre avis, le fichier électoral consensuel (FEC) est-il aujourd’hui incontournable pour les prochaines élections ?

Le fait que le Fichier électoral consensuel (FEC), la nouvelle dénomination du fichier soit décrié est simplement un mauvais procès. Je défie toute personne portant des accusations de tripatouillage de ce fichier de le prouver. Le Mali a fait un bond magistral depuis 2002 en matière de confection de fichier électoral.

Et il ne faut pas oublier que notre fichier est sur internet. Cela atteste de son crédit. De toutes les façons, je ne vois pas d’autres alternatives pour aller rapidement aux urnes si ce n’est avec le fichier existant. Si le Mali veut aller aux élections en 2013, nous devons composer avec le FEC. Car, c’est dans ce fichier consensuel qu’on a les électeurs du Nord, ceux de la diaspora et le reste des électeurs. On ne peut donc pas dire que ce fichier va préparer des élections tripatouillées alors que les voies de son remplacement par un autre système semblent être une aventure.

Le fichier RAVEC (recensement administratif à vocation d’Etat-civil) est-il une panacée pour le Mali ?

Le RAVEC ne peut pas être une panacée pour notre pays parce qu’en vérité, le RAVEC a échoué. C’est ce qu’on refuse de dire. Le RAVEC a échoué tout simplement parce que le personnel qui a été commis pour sa mise en œuvre était incompétent. On a des pages blanches entières dans le RAVEC. Et son utilisation par la DGE en l’état actuel n’est pas faisable. Parce que le RAVEC a été conçu avec un élément clé à savoir le système de la sectorisation qui, lui, n’a pas été conçu. Or, si la DGE devait travailler avec le recensement administratif à caractère électoral (RACE), la sectorisation nous permet la meilleure distribution des cartes en rapprochant l’électeur du bureau de vote. Or, le RAVEC n’a pas pris en compte actuellement la sectorisation. Si le Mali veut faire des élections avec le RAVEC, il faut alors partir de zéro et reprendre tout le système. Tout simplement parce que l’actuel RAVEC est truffé d’erreurs et ne comporte pas l’ensemble des électeurs nationaux et ceux de la diaspora. Cela veut dire que pour 2013, le RAVEC est une vue de l’esprit.

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) doit-elle être recomposée ?

Il faut avoir le courage nécessaire pour dire que la CENI doit être recomposée. Il s’agit de faire preuve d’un courage politique, de s’assumer. Il faut rappeler que la CENI est composée de quinze membres : dix des partis politiques et cinq de la société civile. Le fait de dire qu’il y a beaucoup plus de représentants des partis et qu’il est par conséquent difficile de choisir les dix membres venant de l’opposition, de la mouvance présidentielle et des extra-parlementaires dénote d’un manque de réalisme. On peut par exemple procéder à une répartition en attribuant cinq postes aux regroupements politiques, trois aux partis présents à l’Assemblée nationale, un aux extra-parlementaires et un à l’opposition.

Selon vous, les prochaines élections, notamment la présidentielle, sont-elles possibles avant la libération du nord ? Si oui, comment faut-il faire voter les électeurs de ces régions ?

L’idéal aurait voulu que les élections se fassent dans un Mali totalement libéré. Mais, à l’impossible, nul n’est tenu. Si les élections doivent se tenir avec le FEC, il n’y a pas de problème de calendrier. On peut résolument camper les élections entre avril et mai 2013. Si d’aventure les élections doivent se tenir avant mai 2013, pour faire voter les électeurs du Nord, il suffit d’aller à leur rencontre en un lieu d’exil ou au lieu où ils seront déplacés. N’oublions pas que les électeurs du nord sont dans le fichier FEC. Il suffit de les identifier sur leurs sites et leur envoyer leurs cartes d’électeurs.

Votre mot de la fin?

Le fait de dire qu’il y a une pléthore de structures électorales est un faux débat. L’administration, la CENI sont complémentaires et chacune a sa raison d’être. Rappelons que le président Alpha Oumar Konaré, qui est l’initiateur de la DGE, a eu un bon flair parce qu’il a compris que la suppression des rôles dévolus à l’administration à la CENI et à la DGE procédait du crédit des élections libres et transparentes. Et, à la longue, l’expérience cumulée de la DGE au fil des élections de 2002 à 2007 incite à son maintien. Parce que beaucoup pensent que la pléthore de structures électorales est budgétivore.

Pour les élections de 2012 avortées, la DGE n’a eu qu’une enveloppe de 800 millions de nos francs dans la dizaine de milliards dévolus à l’ensemble des élections. C’est la preuve que l’Agence générale aux élections en gestation est un faux débat. Elle va être un instrument plus budgétivore, touffu, manquant d’efficience. Le problème des élections au Mali ne repose pas sur le fichier électoral. Le Mali a acquis les techniques d’élaboration d’un fichier. Le problème des élections repose sur le système des résultats, leur mise en œuvre et leur crédit. Il faut dire que les partis politiques ne peuvent pas employer des représentants dans les bureaux de vote sur toute l’étendue du territoire national. Ce qui est une tare du système parce que la surveillance des bureaux de vote est une exigence légale.

Réalisée par

Bruno D. SEGBEDJI

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