La France n’entend toujours pas déployer de troupes combattantes au Mali. C’est l’affaire des africains, comme la formation et le soutien seront celles des européens. Une décision qui explique par une volonté de ne pas d’accuser d’ingérence ou de néocolonialisme.
Après les africains, en ordre de marche, c’est au tour des européens de préciser leurs intentions sur la question sahélienne et la reconquête du nord du Mali. En tout cas, le président français, François Hollande l’a affirmé au cours de son point de presse que son pays ne prendre seul l’initiative d’intervenir au Mali.
En fait, c’est aujourd’hui que les cinq pays du groupe Weimar + (France, Allemagne, Pologne, Italie et Espagne) vont se réunir à Paris, à l’initiative du ministre français de la Défense. Lundi 19, les contours de la future mission européenne de formation (EU Training Mission Mali) devraient être esquissés lors de la réunion des ministres de la Défense et des Affaires étrangères, à Bruxelles.
Un soutien logistique impératif
Cependant, tous ceux qui attendent un inventaire détaillé et un agenda précis à l’issue de ces deux réunions risquent d’être déçus. « On ne se situe pas encore dans le décisionnel », prévient-on au cabinet de Jean-Yves Le Drian. Même si l’on se félicite des progrès réalisés sur le dossier malien : « Le Mali, c’est la première case qui a été cochée dans la colonne Europe de la Défense. »
La formation des forces maliennes ne constitue qu’un pan de l’effort européen pour contribuer à la reconquête du Nord. Un soutien logistique (tant au profit des forces maliennes qu’à celui des forces d’intervention africaines) est impératif.
La question du renseignement est aussi posée : faut-il ne compter que sur les capacités européennes ou espérer une aide américaine avec le déploiement de moyens satellitaires et aériens ? Dernier aspect : la planification. Au moins trois experts français ont pris part aux études débouchant sur le concept opérationnel entériné à Bamako ; mais il faudra faire davantage.
Les réponses à ces questions pourraient être données après l’accord de l’Onu qui se penchera, fin novembre, sur un éventuel mandat. Le Conseil de sécurité devra, s’il donne son feu vert, nommer une « nation cadre ». Paris ne tient pas à assumer ce rôle puisque la reconquête est une affaire africaine et le soutien une affaire européenne. Il pourrait échoir à l’Union africaine qui vient d’entériner le plan de reconquête élaboré, la semaine dernière, à Bamako. À l’Afrique de fournir les troupes combattantes ; aux Européens de fournir des soldats et des moyens « en soutien pour une réponse globale », comme l’a rappelé, mardi, Jean-Yves Le Drian. En tous les cas, le soutien européen dans cette crise du Nord Mali est fortement attendu. Mais, la réserve des occidentaux s’explique par le fait qu’ils ne veulent pas être taxés d’ingérence et de néocolonialisme.