Déjà, peu de gens croyaient en la sincérité de la repentance du groupe envoyé par Iyad Ag Ali à Ouaga. Sa déclaration selon laquelle elle ne revendiquera la charia que dans « sa » seule Région de Kidal prouve jusqu’où il va falloir encore patienter avec Ansardine. Car si celle-ci est de bonne foi, elle pense par cette restriction avoir fait une concession de taille dans un domaine qui relève de l’Etat et des autres citoyens.
Avec, au passage, l’impression laissée à plus d’un que le territoire de Kidal n’est pas celui du Mali mais le sien. Et si Ansardine est de mauvaise foi, ses postures successives peuvent suggérer qu’elle cherche à gagner du temps et à en faire perdre au Mali ainsi qu’à la communauté internationale à juste raison mobilisée contre le plus grand péril sous régional du moment. Et ce en dépit des efforts du médiateur Compaoré que les deux mouvements touareg, par leurs surenchères, ont rendu quasi irréversiblement radioactif pour la majorité des Maliens. Et en dépit des efforts auprès des rebelles touareg de Said Djinit, représentant du Secrétaire général des Nations-Unies, cette même organisation qui prévenait, il y a peu, contre toute négociation avec les terroristes ou leurs complices. Il est vrai que depuis, la consigne de flexibilité donnée abroge toutes les dispositions ou positions antérieures. Si cette consigne permet de régler le problème sans tirer le moindre coup de feu, tant mieux. Mais, le deal ne saurait être de renvoyer dans les grottes des envahisseurs qui ne sont pas là que pour les sniffeurs. Car, ils ont bel et bien un agenda jihadiste. Et ils ont bel et bien un plan de jonction avec l’islam politique autrement plus redoutable des capitales d’Etats fragiles sans stratégie d’avenir pour leur jeunesse sacrifiée sur l’autel d’un projet démocratique trahi par son élite. En vérité, négociation ne peut signifier atermoiement. De plus, la faiblesse actuelle de l’Etat malien ne doit pas être la corde pour pendre les autres composantes de la population du Nord malien. C’est tout le sens du communiqué par lequel le Collectif des Ressortissants du Nord s’est indigné hier, dénonçant sans ambages les approches burkinabé et algérienne de la crise malienne.