Déjà très controversé depuis des mois, le Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, devient aujourd’hui un homme contesté à tous les niveaux y compris au sein de l’équipe gouvernementale. Et pour cause…
Le Premier ministre Diarra ne fait plus l’unanimité autour de lui, surtout après avoir affiché sa volonté de se présenter à la prochaine présidentielle, au terme de la période de transition. Cheick Modibo s’y préparerait activement. A cet effet, de véritables réseaux seraient déjà en place au niveau de la Primature, de l’administration et d’autres secteurs socio-économiques. Objectif : baliser le terrain afin de rendre possible l’ambition présidentielle de cet homme. Mais problème ? L’autorité et la volonté du chef du gouvernement sont actuellement mises à rudes épreuves par ceux là qui veulent que tous les acteurs de la transition actuelle se mettent en marge des élections à venir. A ce sujet, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Colonel Moussa Sinko Coulibaly, aurait été clair lors de sa dernière rencontre avec les représentants de la classe politique. Occasion pour cet officier de mettre les points sur les « i », notamment à l’adresse de ceux qui ont ou qui veulent avoir des ambitions électives après la transition. Le message était surtout adressé au Premier ministre. Et il semble que lors du conseil des ministres, le mercredi dernier, la tension était vive entre les ministres « militaires » et le chef du gouvernement au sujet justement de cette question.
Un homme à problèmes
Le compte rendu de ce conseil houleux aurait été vite fait à…Kati. Dès lors, les militaires seraient parvenus à cette conclusion : Cheick Modibo est devenu « un monstre » prêt à dévorer ses propres « géniteurs ». Dès lors, fallait-il envisager sa neutralisation ou son éviction pure et simple. Mais au-delà de cet accrochage avec le Colonel Sinko, beaucoup d’autres mésententes sont rapportées entre le Premier ministre et ses ministres, dont certains estiment qu’ils sont délibérément placés à l’écart de l’action gouvernementale, à cause de la Primature, où travaille une armée de conseillers occultes ou officiels.
Parmi les ministres qui auraient des divergences avec le chef, l’on cite Tièna Coulibaly, ministre de l’Economie, des Finances et du Budget. Celui-ci ferait de la résistance à propos de la nomination de Doua Abraham Sissoko dit Ramos, gendre du Premier ministre, à la tête de la juteuse boîte, qu’est le Pmu-Mali. Nombreux sont les membres du gouvernement à critiquer ce qu’ils qualifient de « manque de considération» de Cheick Modibo, surtout à l’endroit des ministres issus des formations politiques. Ceux-ci ne seraient point en odeur de sainteté dans l’équipe gouvernementale. Une équipe qui se fissure et qui laisse apparaître de grosses divergences. Ce qui fait qu’aujourd’hui, aucun « dossier sérieux » n’est traité autour de la table du conseil. Au fil des conseils de ministres, ce sont les éternels changements au sein de l’administration qui dominent les débats.
Mais, ce ne sont pas qu’avec les ministres et les militaires que Cheick Modibo a actuellement des problèmes, il est pointé du doigt par de nombreux politiques, dont les membres du Fdr (Front uni pour la sauvegarde de la Démocratie et de la République). En effet, ceux-ci viennent de décider de boycotter les concertations nationales, à cause justement de désaccords autour de l’objectif final de ces assises qui seraient déjà noyautées par les « amis » de Cheick Modibo.
Actuellement, le plus grand reproche fait au chef du gouvernement, c’est de ne pas se comporter en Premier ministre de tous les Maliens. Au même moment, il est accusé de tout mettre en oeuvre dans le but évident d’assurer la promotion de son clan et de ses fidèles. C’est un secret de polichinelle : Cheick Modibo Diarra a son propre agenda. Et il serait prêt à le défendre à n’importe quel prix, même si cet agenda diffère de celui fixé à la transition, par les Maliens et la communauté internationale.
Plus grave aujourd’hui, c’est que le chef du gouvernement apparaît comme un homme revanchard et rancunier. Pour preuve : la semaine dernière, il refusa de recevoir notre compatriote Malamine Koné dit Airness, qui, à la tête d’une délégation de son entreprise, était venu au pays pour poser des actes de solidarité. Prétextant « un congé », le Premier ministre a boudé la délégation. Entre les deux hommes (Cheick Modibo et Malamine), il existerait…. une vieille histoire. Un homme d’Etat se comporte-t-il ainsi ? Aucunement.
Dommage qu’en six petits mois, l’astrophysicien, qui faisait la fierté des Maliens, ait dilapidé le capital de sympathie qu’il avait dans le pays. Aujourd’hui, nombreux sont les citoyens à se demander même s’il a eu raison de descendre dans l’arène politique.