Des sources concordantes et pas des moindres affirment sans ambages qu’une éventuelle restructuration du gouvernement pourrait avoir lieu dans les prochains jours.
Le ton du remaniement aurait été donné par l’honorable Karim Kéita, président de la Commission Défense à l’Assemblée Nationale du Mali. Il aurait convoqué durant deux semaines plusieurs ministres. C’est la salle de réunion de la Commission contrôle de l’hémicycle qui aurait servi de cadre au président de la Commission Défense de discuter avec les ministres. Il ressort de ces différentes discussions, un sentiment de tristesse du fils Kéita. C’est dans ce climat de manque de vision gouvernementale qu’une éventuelle restructuration du gouvernement serait en cours.
Pour rafraîchir les mémoires, ATT a conduit le Mali dans une marrée indescriptible de problèmes et cela est valable pour tous les secteurs de la vie nationale. La suite n’a échappé à personne : un groupe de militaires patriotes dirigés par le capitaine Amadou Haya Sanogo, sans effusion de sang, a décidé de donner un coup d’arrêt à cette hémorragie générale dont le Mali était victime. C’était le 22 mars 2012. Ce coup de force contre Amadou Toumani Touré a été salué par toutes les forces vives de la Nation dans la mesure où le régime conteur d’ATT avait plongé notre pays dans l’impasse la plus totale : la situation sécuritaire tant au nord qu’au sud était explosive.
Au plan politique, la léthargie, l’insouciance, l’incompétence et l’irresponsabilité des acteurs avaient atteint un seuil absolument critique et inquiétant. L’école qui forge l’avenir de la nation se trouvait dans une situation de déliquescence indescriptible parce que devenue le champ des joutes politiques.
Quant à la santé, il faut dire que le régime ATT a achevé de faire de nos hôpitaux des mouroirs. Tous ces dérapages ajoutés au couplage de l’élection présidentielle (1er tour) et du vote référendaire ont fini par créer toutes les conditions objectives et subjectives pour la réalisation d’un coup d’Etat. Les jeunes militaires qui avaient pris le pouvoir n’ont pas compris que la politique n’est pas un terrain de prêche appelant à la pitié. L’espoir de voir le Mali enfin changer était né avec l’élection d’Ibrahim Boubacar Kéita avec 77,66% des suffrages exprimés. Cet espoir n’était pas né ex-nihilo quand on sait que l’homme a assisté presque à tout et donc a été témoin deb tout.
Un an après son élection à la magistrature suprême de notre pays, force est de se rendre à l’évidence que le Président IBK n’a ni mesuré, ni compris à bon escient l’héritage socio- politique et économique qui était le sien. Le corollaire de cette mauvaise appréciation de son héritage est que IBK navigue aujourd’hui et cela de plus en plus à vue : la situation socio-politique se trouve de plus en plus dans l’impasse, bouchant ainsi chaque jour davantage les horizons de l’espoir de voir naitre un Mali nouveau sur les cendres d’un pays en totale ruine tant économiquement, socialement, culturellement que politiquement. Comme pour dire que la crise socio-politique qui était déjà endémique avant IBK ne connait nullement un léger mieux.
Aujourd’hui, il y a absence totale de perspectives d’avenir. Tous les espoirs s’émoussent sous l’effet de la divagation politicienne d’une classe politique qui a atteint ses limites objectives. C’est dans ce balbutiement politico-sécuritaire qu’IBK tente de sauver la face. Aujourd’hui, selon bien d’indiscrétions, le Président du Mali serait déçu et alors très déçu dans une marée d’activités politiciennes machiavéliques. En tout cas, depuis la composition de son premier gouvernement, les germes d’un pilotage à vue étaient déjà au rendez-vous.
Le troisième gouvernement qui vient de commencer à gérer les affaires a vite fait de prouver toute son incompétence. Mais il ne pouvait en être autrement quand on sait qu’en lieu et place d’hommes intègres et dévoués pour la cause du peuple travailleur du Mali, IBK n’a fait que se rabattre sur des cadres à la retraite qui n’ont plus rien de bon à donner à ce pays. Cela est d’autant exact qu’on les a tous vus à l’œuvre ici au Mali. IBK s’est entouré d’hommes et de femmes lui permettant de réaliser la restauration de l’ordre ancien qu’il avait envisagée depuis le jour de son investiture lorsqu’il avait taxé Moussa Traoré de grand Républicain.
IBK ne pouvait prendre le moindre risque de lâcher à la face des Maliens qu’il va reconstruire le régime Moussa qui a assassiné nos femmes et nos enfants pour se maintenir aux affaires. C’est en cela que nous disons avec cet intellectuel émérite français pour qui «la conscience des hommes politiques est multicolore : ainsi, ils peuvent dire ce qu’ils ne pensent pas, penser ce qu’ils ne disent pas et faire ce qu’ils n’osent pas dire tout haut».
A cet effet, rappelons que c’est bien Choguel Kokala Maiga qui avait pris sur lui la lourde responsabilité de faire ressusciter le Parti mort-né de Moussa Traoré, l’Union Démocratique du Peuple Malien (UDPM). Cela s’est passé au moment où nous n’avions même pas fini d’enterrer les victimes de la répression barbare qui s’était abattue sur notre peuple travailleur. Quelle insulte grossière à l’adresse de nos martyrs ! Il a fallu le courage politique de feu Mamadou Lamine Traoré pour dire non à cette grossièreté à l’encontre de tous ceux qui ont perdu des enfants, des femmes et/ ou des connaissances dans cette hécatombe de 1990-1991 au Mali. IBK ignorait-il cet acte insultant posé par Choguel ? Visiblement non !
Pourquoi donc nommer le même homme à un poste politique aussi stratégique que celui de la communication et du porte-parole du gouvernement ? IBK s’est-il rendu compte de ses graves erreurs dans les nominations ? S’est-il rendu à l’évidence que son troisième gouvernement est totalement incapable de redonner confiance aux masses laborieuses maliennes qui l’ont porté à la magistrature suprême de notre pays ? IBK voit-il venir le grand orage ? A ces différentes interrogations le président seul a les réponses. Tout compte fait, il s’entoure de plus en plus de personnes âgées à la retraite comme s’il n’y a plus de forces vives dans ce pays.
Notons au passage que ces cadres retraités rappelés par IBK ont déjà tout donné et n’ont plus aucun moyen ni politique, ni intellectuel encore moins moral pour inventer l’avenir du Mali. Par exemple Monsieur Barthélémy Togo qui fut secrétaire général au ministère de l’Education pendant une décennie a-t-il encore autre chose à donner à l’école malienne, quand on sait que cette école a été complètement sabotée sous ses yeux comme en témoignent la Nouvelle école fondamentale (NEF) et le PRODEC. Si IBK doit donner l’occasion à un tel cadre de reconstituer le réseau de la fraude connu de tous, c’est qu’il a complètement perdu confiance ou ignore ces hommes et ces femmes qui ne sont ni de près ni de loin associés à une quelconque gestion calamiteuse de nos affaires, et pourquoi alors ?
Aux dernières nouvelles, au regard de l’imbroglio dans lequel notre pays se trouve et ne sachant plus à quel saint se vouer, parce que noyé dans cette marre de déceptions, le Président IBK, contre toute attente, s’apprêterait très prochainement à procéder à un nouveau remaniement ministériel pendant que le gouvernement en place n’a pas encore fait quatre mois. Est-ce à dire qu’il a déjà montré toutes ses limites objectives dans la gestion des affaires de la nation ? Faut-il dire finalement que c’est IBK lui-même qui n’est pas bon ?
En tout cas, il faut le dire, il y a de plus en plus de risques d’explosion aux conséquences incalculables. Mais force est aussi de dire que cette situation d’impasse est due au manque de sérieux d’une classe politique de plus décevante et affairiste et qui a atteint toutes ses limites objectives. Cette classe politique suffisamment corrompue ne peut plus rien apporter si ce n’est la fanfaronnade et le clientélisme honteux. Cette classe politique malienne, mérite tout simplement d’être dissoute parce qu’elle a trahi les intérêts fondamentaux du peuple malien qui a sacrifié bien de ses enfants pour l’avènement de la démocratie au Mali.
Nous avons dit plus d’une fois que pour redonner confiance à notre peuple il faut nommer des hommes crédibles prêts à servir ses intérêts et non s’en servir. En moins de quatre mois après la nomination du gouvernement Modibo Kéita, l’urgence d’un autre remaniement se présente avec acuité, en tout cas IBK qui est témoin de tout depuis Alpha Oumar Konaré semble mieux placé pour saisir à bon escient la crise généralisée dans laquelle notre pays se cherche sans se retrouver vraiment. Il est donc absolument illusoire de s’attendre à ce que des élections de quelque ordre qu’elles soient parviennent à régler la grave crise socio-politique et sécuritaire dans laquelle le Mali est plongé depuis la chute du régime nationaliste de feu Modibo Kéita.
Il ne reste donc plus qu’une seule et vraie solution à cette impasse malienne : suspendre les partis politiques qui sont essentiellement affairistes et organiser des concertations nationales en vue d’analyser sans complaisance les différents contours de cette profonde crise qui n’a que trop duré. Cette approche critique permettra de situer toutes les responsabilités en vue de sanctionner tous les coupables sans discrimination aucune.
En attendant le nouveau et inattendu remaniement ministériel, la course contre la montre a vraiment commencé. Il y va de l’intérêt du président de la République de vite et bien mesurer la teneur de la crise générale, qui humilie chaque jour davantage notre peuple.
Fodé KEITA