L’institution a expliqué aux acteurs économiques et financiers maliens les avantages du placement d’argent sur le marché financier ainsi que le rôle de la bourse dans le financement de l’économie régionale
La bourse, c’est pour les autres. C’est malheureusement la conviction de nombre de personnes qui considèrent l’activité boursière réservée à un cercle restreint d’initiés. Il est difficile d’avancer un chiffre sur le nombre de personnes ou d’entreprises détenant des comptes-titres à la Bourse de Bamako, mais le constat est que cette institution demeure méconnue du grand public et, plus grave, des acteurs économiques de notre pays.
Pour corriger ce déficit de communication, la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) a initié une série de journées d’information et de sensibilisation itinérantes dans ses pays membres. Hier, les entreprises et acteurs du marché financier malien se sont retrouvés à Bamako autour des premiers responsables de la BRVM pour comprendre le fonctionnement de cette institution, faire le bilan de ses interventions au Mali et dégager de nouvelles perspectives.
La rencontre s’est déroulée au CICB sous la coprésidence du ministre de l’Economie et des Finances, Mamadou Igor Diarra, et du directeur général de la Bourse régionale des valeurs mobilières et du dépositaire central, banque de règlement, Edoh Kossi Amènouvè. C’était en présence des représentants des organisations internationales, des chefs de programmes des institutions financières internationales, des directeurs d’institutions bancaires et d’établissement financiers, des responsables des institutions de micro finance, des patrons des compagnies d’assurances, des opérateurs et promoteurs économiques de notre pays et d’éminents experts économistes.
Pour la BRVM, cette journée va aider à dresser le bilan de la coopération avec les entreprises et opérateurs économiques maliens afin de définir des perspectives propres à chaque pays pour les années à venir. La rencontre constituait une opportunité pour notre pays et ce partenaire stratégique dans le financement de l’économie de discuter de la performance de la BRVM, de son rôle dans le financement et le développement des économies de l’Uemoa, du financement de l’entreprise par la bourse, ainsi que sur des principaux défis et opportunités pour l’avenir.
2 200 MILLIARDS FCFA. Le directeur national de la BRVM-Mali, Amadou Djéri Bocoum, rappellera le chemin parcouru par l’institution boursière régionale depuis sa création. La BRVM occupe, aujourd’hui, la sixième place des bourses en Afrique avec une capitalisation d’environ 6.320 milliards Fcfa au 31 décembre 2014. « Si on réunissait aujourd’hui la BRVM, les Bourses du Nigeria et du Ghana, cet ensemble serait la deuxième Bourse du continent, après Johannesburg avec une capitalisation de 76,8 milliards de dollars et environ 270 sociétés cotées. En effet, la capitalisation boursière de la BRVM ne représente que 12% du PIB de l’Uemoa contre 262% pour l’Afrique du Sud et 52% pour le Maroc. Les ressources levées annuellement sur le marché représentent environ 15% des crédits totaux à moyen et longs termes accordés par les banques aux économies des pays », a-t-il expliqué.
Pour notre pays, le constat est malheureusement décevant. En effet, révèlera Amadou Djéri Bocoum, l’Etat n’a jusqu’à présent pas recouru aux capacités d’intervention à la BRVM pour lever des fonds contrairement aux autres pays de la sous-région. La Côte d’Ivoire, à elle seule, a levé plus de la moitié des fonds soit 1 220 milliards Fcfa. Ce qui lui a permis de financer la réalisation de plusieurs projets d’infrastructures dont le plus illustratif est le troisième pont d’Abidjan. Cependant, certaines entreprises maliennes très dynamiques ont levé des fonds auprès de la bourse. Il s’agit, entres autres, de la Sema S.A., la BNDA, la BHM etc., ainsi que certains acteurs du secteur privé.
Pour conforter ces dires, le patron de la BRVM, Edoh Kossi Amènouvè, indiquera que de sa création à ce jour, plus de 280 opérations ont été effectuées pour un montant de 3.887 milliards de Fcfa levés dont 644 milliards au titre des actions de capital et 3.243 milliards au titre des obligations. Sur ce montant, les Etats de l’UEMOA ont levé beaucoup de ressources sur le marché soit 2 200 milliards Fcfa dont 1.220 milliards Fcfa par la seule Côte d’Ivoire. Pour ce qui est des performances de la BRVM au cours de ces deux dernières années, les indices attestent des progressions de 40% en 2012, 13% en 2013 et 11% en 2014.
DE NOUVELLES REFORMES. Evoquant la contribution au financement des économies de la sous région, Edoh Kossi Amènouvè estime, malgré les performances récentes, que le poids de la BRVM dans les économies de l’Union reste encore faible. Il a annoncé à ses partenaires maliens des réformes en cours au sein de l’institution pour accroitre son poids et son rôle dans le financement des économies de l’UEMOA. Au nombre de celles-ci, il a cité l’ouverture d’un troisième compartiment dédié aux Petites et moyennes entreprises (PME), aux entreprises à fort potentiel de croissance et à celles à la recherche d’un capital de démarrage, l’admission à la cote de la BRVM de nouvelles sociétés issues des secteurs de la finance, de la distribution, des télécommunications et de l’industrie à travers les privatisations ou la sortie des fonds de Private Equity.
Le ministre de l’Economie et des Finances a salué l’initiative de la Bourse de promouvoir la culture boursière dans notre pays. Mamadou Igor Diarra rappellera que les Etats de l’UEMOA sont résolument engagés à soutenir le développement de la BRVM comme en témoignent les grandes reformes en cours adoptés par le conseil des ministres sous l’égide du Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers.
« Cependant, de nouvelles réformes sont nécessaires pour consolider le dynamisme de notre bourse et nous sommes attentifs à toute les propositions visant à faciliter la cotation des nouvelles sociétés à la bourse particulièrement des PME-PMI et le développement de l’épargne en valeurs mobilières », a indiqué le ministre Diarra.
En félicitant les travailleurs de la bourse pour le travail abattu, Mamadou Igor Diarra a insisté sur la nécessité de renforcer la dynamique en cours qui vise à accroitre la visibilité régionale et internationale de la BRVM avec l’ambition de faire d’elle une place boursière attractive, compétitive et sécurisée au service du financement des économies de l’UEMOA. Il a lancé un appel aux entreprises maliennes pour qu’elles se préparent avec plus de détermination à jouer leur rôle sur le marché sous-régional à l’instar de leurs consœurs des autres pays.
D. DJIRE