La décision des autorités d’interdire de circulation les véhicules non immatriculés, suite à l’attentat du restaurant "La Terrasse" est loin effective. Pourtant, le gouvernement avait annoncé sa détermination à l’appliquer dans toute sa rigueur.
Mesure préventive, le gouvernement du Mali a annoncé au lendemain de l’attaque du restaurant « La Terrasse » dans lequel a été impliqué une voiture n’ayant pas de plaque et pour laquelle les recherches sont restées jusque-là sans succès, l’interdiction de circuler pour les véhicules non immatriculés sur l’ensemble du territoire national. La décision a été prise lors d’une réunion interministérielle présidée par le Premier ministre Modibo Kéita.
La version officielle a affirmé que l’attentat du 28 février à Bamako, qui a fait cinq morts, dont un Français et un Belge, a été mené par un commando de deux hommes armés circulant l’un sur une moto et l’autre à bord d’un véhicule sans plaque immatriculation. La décision ministérielle concerne toutes les voitures CH et celles qui n’ont pas d’identification, selon les règles de la Compagnie de circulation routière.
La mesure est entrée en vigueur en fanfare, montrant le caractère sincère de l’opération de nettoyage. Selon l’autorité routière, la police a arrêté des centaines de voitures dans la cour du Groupement mobile de sécurité et a affiché une volonté implacable à appliquer les consignes du gouvernement pour la sécurité des personnes et des biens dans l’ensemble du territoire.
Un mois après, le constat n’est pas rassurant. Les véhicules CH et ceux qui n’ont pas d’identification selon la Compagnie de circulation routière circulent comme bon leur semble dans la capitale. La mesure, semble-t-il, connait le même sort que la volonté du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita qui avait annoncé dans son message à la nation du 53e anniversaire de l’accession du Mali à l’indépendance, l’interdiction des véhicules de l’Etat en circulation des jours hors service.
IBK à l’époque avait invité les fonctionnaires à la notion de respect des biens de l’Etat et menacé de sanctions les frondeurs. Mais la volonté n’a pas fait effet dans l’usage des biens de l’Etat au service privé. Certaines personnalités proches du président ont même été indexées par les observateurs. C’est ainsi que la mesure n’a pas connu de succès dans sa mise œuvre. Aujourd’hui, l’on croise en circulation les engins de l’Etat même dans les cortèges de mariage.
Et comme l’appel du président, la décision du gouvernement d’interdire de circulation les véhicules non immatriculés, suite à l’attentat du restaurant la « La Terrasse » pour la sécurité des personnes et de des biens est loin d’être manifeste. Ceux qui inspirent le respect pour les symboles de l’Etat sont devenus les fautifs.
Selon des sources proches de la Compagnie de circulation routière, la quasi-totalité des véhicules sans plaque d’immatriculation appartient aux hauts dignitaires du régime. Il s’agit des ministres, des députés et des officiers supérieurs des forces de défense et de sécurité.
Or, le respect de la mesure est important pour prévenir certaines menaces susceptibles de troubler l’ordre public et doter le Mali d’un système de sécurité capable de résister aux tentatives.
Bréhima Sogoba