Pour la première fois, les roquettes lancées par les rebelles terroristes ont tué. Cela s’est passé en fin de week-end dernier à Gao qui a reçu au moins cinq engins explosifs. Bilan : un mort et plusieurs blessés.
Dimanche dernier, Gao, la plus grande ville du nord malien, s’est réveillée dans la panique générale. A 06h01mn, en effet, une première roquette est tombée sur une maison qui sert de camping, dans le quartier Sossokoïra, à l’est de la Cité des Askia. En l’espace de quelques minutes, au moins quatre autres engins explosifs atterriront sur la ville sans faire trop de dégâts. Mais la première roquette, elle, a tué une jeune femme, la fille de la propriétaire des lieux, et blessé quatre membres de sa famille.
Selon des sources concordantes, la Minusma s’est aussitôt activée pour tenter de localiser les auteurs de cet attentat. Mais les ratissages à terre et le survol de la zone par un hélicoptère de la force onusienne assistée par la gendarmerie nationale ne permettront même pas d’identifier les tueurs a fortiori de les arrêter. Comme une semaine auparavant, quand un camion humanitaire avait été attaqué et brûlé, le chauffeur tué, à une quarantaine de Km de Gao, entre Gargouna et Haoussa Foulane (Commune de Gabéro), les assaillants ont pu se volatiliser avec une facilité déconcertante.
Pour la première fois, les roquettes ont tué et blessé, preuve que leurs utilisateurs maitrisent de mieux en mieux ces engins explosifs même s’ils ont raté leurs cibles, vraisemblablement les camps de la Minusma , de l’armée malienne et de la force française Barkhane, camps situés un peu plus à l’est du Camping endommagé. Preuve aussi que ces utilisateurs proviennent des cellules terroristes dormantes dans la ville de Gao et dans certains villages environnants. Surtout que, selon certaines informations, les tirs sont partis du sud-ouest de la ville, du Gourma ou d’un village de la Commune rurale de Gounzourèye.
Or, quelques jours seulement avant cette pluie de roquettes, une maison du quartier Château avait explosé suite à une mauvaise manipulation d’engins explosifs. Le propriétaire de la maison est un ressortissant de Kadji, un village de la Commune rurale de Gounzourèye. De plus, cette localité a toujours été l’objet d’une attention particulière, notamment de la part du régime du général Moussa Traoré peu de temps après la prise du pouvoir par celui-ci, et récemment de la part des Français de l’opération Serval qui ont libéré le nord du pays. Certains de ses ressortissants avaient été interpellés, confiés à la gendarmerie locale, interrogés avant d’être libérés, faute de preuves tangibles, disait-on, pouvant les relier à des opérations terroristes. Mais ils semblent surtout que ces nombreux suspects ont bénéficié des nouvelles mesures, imposées par la communauté internationale aux forces maliennes de défense et de sécurité, concernant le respect strict des droits de l’homme.
Devant donc une coalition d’armées impuissantes à remplir leur mission d’assurer la sécurité des populations civiles et de leurs biens, la gendarmerie locale a été empêchée de recourir à la manière forte pour faire parler les suspects. Aujourd’hui, il est évident qu’ils ont eu tort de ne pas avoir insisté dans leurs interrogatoires, ce qui a permis aux cellules dormantes de mieux s’organiser, de plus s’entrainer, de se rapprocher encore plus de leurs cibles potentielles afin de frapper pour terroriser encore plus. Car c’est cela l’objectif visé : terroriser. Et les terroristes ont réussi même s’ils ont manqué leurs véritables cibles, parce qu’aujourd’hui le nord vit dans la terreur.
Pourtant, les armées prétendument venues au secours du Mali avec seulement des discours moralisateurs sur le respect des droits humains avaient été averties dès le début. Premièrement, ces terroristes n’ont aucun droit humain parce qu’ils n’ont rien d’humain. Le devoir du citoyen c’est de les écraser comme de la vermine qu’ils sont. Deuxièmement, leurs maitres ont quitté les lieux depuis longtemps, et les attaques et attentats perpétrés le sont par des Maliens bon teint qui ont été nourris de la culture et de l’idéologie terroristes.
Cela a été d’autant plus facile que les prêcheurs jihadistes et salafistes ont trouvé un terreau fertile, notamment dans certains villages du nord qui sont reconnus pour leur fanatisme religieux datant de plusieurs décennies. Il y a bien sûr Kadji, mais il y en a bien d’autres. Les enquêteurs auraient pu se montrer beaucoup plus insistants et moins laxistes quand ils ont reçu des informations en provenance de certains jeunes des localités du nord. Car ceux-ci ont parlé et dénoncé, contrairement à certains notables qui se taisent et protègent ainsi des terroristes qui vivent sous leurs toits et les font bénéficier de revenus criminels et terroristes. Un silence complice qui arrange tout le monde sauf les victimes d’attentats, de roquettes, de bandits armés, de mines antipersonnel. De terrorisme.
Mais si les villages de sédentaires servent de refuges à des terroristes noirs autochtones, d’autres, à la peau beaucoup plus claire, se cachent au sein des communautés touarègues et arabes. Avec celles-ci, ils ont développé de véritables réseaux de terrorisme et de banditisme sur fond d’alliance. Moktar Belmoktar, par exemple, a une épouse malienne nomade et peut compter sur l’aide de ses beaux-parents. Iyad Ag Ghaly est un Targui originaire de Kidal où il compte de nombreux parents et alliés, y compris dans les rangs des mouvements armés de l’Azawad qui ont pris en otage le processus de paix et de sécurité dans la bande sahélo-saharienne, et savent pouvoir compter, à leur tour, sur la capacité de nuisance du chef d’Ansar Eddine. Que ce soit donc dans le milieu nomade ou dans la zone sédentaire, les prêcheurs salafistes jihadistes ont pu se faire des alliés ou des adeptes prêts à se sacrifier en faisant le maximum de morts innocents.
Les autorités maliennes et les trop nombreuses armées étrangères qui pullulent au Mali le savent toutes. Il est plus que temps de revoir leur approche du respect des droits de l’homme. Il est plus que temps de revoir leur approche du respect des droits de l’homme. La frilosité des unes et la réserve des autres, qui frisent la couardise, n’ont que trop duré parce que la liste des victimes innocentes ne cesse de s’allonger.
Abdel HAMY
Source: Le Katois