À peine une semaine après que Bamako ait paraphé le projet d’accord d’Alger avec la coordination des mouvements de l’azawad, notre pays a été frappé par de nouveaux attentats sanglants et spectaculaires à Bamako et à Kidal en l’espace de deux jours.
Selon des sources crédibles, les enquêtes en cours n’ont pas révélé grandes choses. La France comme si elle en sait quelque chose s’est précipitée d’annoncer que celui de Bamako a été revendiqué par le groupe Al Mourabitoun de Moctar Ben Moctar. En faisant un lien entre ces événements et ceux antérieurs, la thèse du complot contre le Mali tient sans ambiguïté. Lire notre analyse.
Dans la nuit du 06 au 07 mars 2015, des individus bien armés avec des grenades et fusils de guerre ont fait éruption dans un lieu de plaisir dit ‘’La Terrasse’’ sis au quartier Hippodrome de Bamako en ouvrant le feu. Le bilan a été lourd avec 5 morts dont trois Maliens, un Français et un Belge. Le 08 mars, un camp de la fameuse Mission multi dimensionnelle intégrée des nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a été ciblé, à son tour, par un autre attentat coûtant la vie à deux civils et à un casque bleu.
Faut-il aussi noter que le 07 mars 2015, deux poseurs de bombe ont été lynchés à Gao par la population après l’échec de leur coup. Pas plus tard que le week-end dernier, une roquette a fait un mort et des blessés. Ces actes terroristes se sont déroulés au moment où la Communauté internationale donnait l’impression de prier en vain la coordination des mouvements armés de l’azawad à signer le document issu des discussions d’Alger. Des cas similaires se sont produits par le passé.
Depuis le début des pourparlers au pays du président Bouteflika, certains chefs terroristes comme Iyad Aghaly d’Ansar dine et Bilal Ag Acharif du Mouvement national de libération de l’azawad (MNLA) n’ont pas caché leur réticence. Ils se sont montrés sceptiques de voir cet accord aboutir à un principe garantissant l’unicité et la laïcité du Mali.
C’est pourquoi, lors des préparatifs du deuxième round des pourparlers des représentants se sont ralliés à d’autres groupes armés au cours d’une concertation au Burkina Faso, le 28 août 2014. C’était dans le but de dégager des points communs de négociation basés sur le statut particulier de l’azawad. Les mouvements ayant refusé d’adhérer à cette coordination séparatiste ont été traités de ‘’traitres’’ par Iyad Aghaly. Celui-ci aurait juré de s’attaquer aux intérêts de ceux qu’il qualifie d’«impies» allusion à la France et à d’autres pays ou organisations ayant aidé le Mali à freiner l’instauration de la Charia.
Quelques jours après cette déclaration, des attentats se sont multipliés au nord. De mi à fin août, la MUNISMA a été visée par des attaques terroristes comme ceux de Ber et d’Aguelhok. Le hic c’est que malgré qu’Iyad soit présenté comme ennemi numéro 1 du Mali au même titre que Moctar Ben Moctar, il coordonnait à l’aise les actions de ses jihadistes et faisait des va-et-vient dans certaines localités frontalières entre le Mali et l’Algérie sans la moindre inquiétude.
À l’époque, la France a fait croire que ces attentats étaient perpétrés par certains éléments d’AQMI et du MUJAO. Mais il s’est avéré que «l’ancien pays colonisateur» collaborait intensément avec Iyad et des responsables du MNLA afin d’obtenir la libération de Serge Lazarevic. Finalement, ce seul otage français a été échangé contre 4 jihadistes les plus dangereux dont Oussama Ben Gouzy et Wadoussen qui a tué un gardien de prison lors de son évasion de la maison d’arrêt de Bamako.
Pour apaiser les tensions suscitées par ces libérations de jihadistes, ce qui est d’ailleurs une insulte pour la justice malienne, il a fallu seulement trois jours pour que les médias français annoncent que les forces Barkhane ont abattu Abdel Rahmane Ould Omar dit Ahmad El Tilemsi. Cet ancien trafiquant de drogues était un membre très actif du MNLA puis de la MUJAO avant de participer à la création d’Al Mourabitoun dont il serait, avant sa mort, le chef local à Gao. Rappelons que cet homme faisait partie des terroristes libérés par le Mali en 2013 malgré ses crimes de sang, ses discours virulents et ses actions de saccage du patrimoine culturel. Où sont la justice et la fermeté tant promises aux Maliens par le président IBK?
Mieux, en son temps, l’Elysée pressait Koulouba pour qu’il libère en toute impunité ces criminels en faisant croire, cette fois, que c’est au nom de la paix sans pour autant évoquer officiellement l’aspect ‘’surenchère’’ concernant le cas Lazarevic. Dans ce contexte où les terroristes sont au dessus de l’Etat on devait s’attendre à l’attentat de Bamako. Ainsi, on a dû mal à connaitre qui est jihadiste et qui ne l’est pas. Seule la France qui a créé cette confusion choisit les étiquettes à coller en fonction de ses intérêts. Elle qui se dit en guerre contre le terrorisme considère le sanguinaire et l’intégriste Iyad Aghaly comme son interlocuteur. Quel paradoxe?
Sur un autre plan, tous les groupes terroristes nés ou importés au nord du Mali sont composés d’éléments du MNLA. Ils ont été façonnés, pour la plupart, dans le but de faire de diversion et de rendre difficile toute négociation. Si non personne n’ignore que c’est le MNLA qui a commencé l’agression du Mali en 2012 sans hésiter à marcher avec des alliés figurant sur la liste noire des occidentaux.
L’ambigüité de la France réside au fait qu’entre 2010 et 2011 elle avait appuyé matériellement le MNLA pour combattre AQMI qui détenait des otages français. Avec cette alliance inqualifiable des deux groupes, la France n’avait d’autre choix que de ménager tous les deux en s’adonnant au jeu de cache-cache. Après la reconquête de Kidal, elle a tout entrepris pour faire renaitre le MNLA dans le rôle de collaborateur et présentable parmi les groupes terroristes. Paris a établi ce lien juste pour ne pas perdre la trace de ses otages et d’autres intérêts.
En effet, on sait que ce mouvement avait été totalement anéanti par le MUJAO après la rupture. Maintenant que la France a confortablement installé ses amis séparatistes à Kidal elle nous dit qu’il y a toujours des jihadistes cachés quelque part et que le gouvernement Malien doit d’abord parvenir à un accord de paix avant de prétendre à retrouver son territoire. Or tout le monde sait que ce sont ces mêmes donneurs d’ordre qui déboursent des sous, font semblant de mobiliser la Communauté internationale et favorisent en même temps leurs protégés en sabotant les pourparlers.
En tout cas, la dégradation de la situation au Mali permet de donner un sens à la mission des forces Barkhane qui doivent occuper l’ensemble de la bande sahélo saharienne dans la durée. Et l’azawad est très important dans cette nouvelle occupation militaire et géostratégique. En somme, le Mali est pris à la gorge par un acharnement colonialiste.
Issa Santara
Source: Ciwara Info