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Gestion de la crise du Nord du Mali : François Hollande pire que Sarkozy ?
Publié le jeudi 9 avril 2015  |  Le Reporter Heddomadaire
François
© Autre presse par DR
François Hollande s`est exprimé après avoir rencontré les familles des 54 victimes




L’Etat étant une continuité, Hollande ne ferait que suivre les brisées de Sarkozy qui avait affiché sa «sympathie» pour les «hommes bleus» de Kidal. Et la vérité est aujourd’hui là avec le refus des éléments du Mnla de parapher l’accord d’Alger, alors que le gouvernement malien et la plate-forme des groupes armés pro-Mali ont été contraints à le parapher. Cela, sous la forte pression d’une prétendue «communauté internationale» dont le chef de file serait la France de François Hollande. Une politique de «deux poids, deux mesures».

Alors qu’on croyait en découdre définitivement avec les groupes armés du Nord du Mali, c’est-à-dire le Mnla et ses alliés, avec l’appui de la communauté internationale, voilà que le président français François Hollande, qui a été le premier à voler au secours du Mali pour enrayer l’avancée des jihadistes et aider au recouvrement de la quasi-totalité de son intégrité territoriale, joue à un double jeu dangereux avec ce qu’il convient d’appeler «le cas Kidal».

Le président français François Hollande risque de faire pire que son prédécesseur Nicolas Sarkozy, notamment dans l’appui au gouvernement malien pour régler la crise du Nord. C’est peut-être ce qui explique sa «descente aux enfers» dans les sondages. En effet, seulement 15% des Français approuvent sa politique, tant intérieure qu’extérieure. Un triste record jamais égalé !
Dans le cas malien qui nous intéresse, François Hollande, après avoir appuyé le Mali pour mettre fin aux velléités des jihadistes, narcotrafiquants et autres bandits armés, énerve par sa position ambigüe en ce qui concerne la présence du Mnla et de ses alliés à Kidal. Sous prétexte de certains accords, l’autorité de l’Etat malien est menacée dans cette région. Et la faute incombe à la France qui, pour des desseins inavoués, ne veut pas laisser l’armée malienne y exercer sa mission régalienne.

L’inquiétude grandissante des Maliens

La situation actuelle de Kidal suscite passions et commentaires. Les Maliens s’interrogent, les Maliens s’inquiètent, les Maliens s’indignent et ne comprennent pas pourquoi jusqu’à présent l’Etat central n’a aucun pouvoir sur cette région si tant le caractère unitaire, la souveraineté et l’indépendance du Mali ont encore droit de cité. Actuellement, à Kidal, les militaires maliens ne sont pas libres de leurs mouvements. En tout cas, le Mali n’a pour le moment aucune prise sur cette région.

La position floue de la France

Avec la libération des régions du Nord qui étaient sous l’occupation des jihadistes et des rebelles armés, lorsqu’il s’est agi de mettre le cap sur Kidal, la France n’a pas souhaité la présence de l’armée malienne à ses côtés. La région de Kidal a été libérée par les forces armées françaises et tchadiennes, sans l’armée malienne. La France, dit-elle, craignant un affrontement entre les militaires maliens et les éléments du Mouvement national de libération de l’Azawad présents dans la zone (car, entre-temps, ces derniers qui avaient été chassés par les mouvements islamistes, avaient réussi à rentrer à Kidal sous le regard bienveillant de l’armée française).
Cette surprenante attitude de la France intrigua alors les Maliens qui ne comprenaient pas trop cette volte-face, car le but de l’opération était justement de libérer entièrement et totalement les zones aux mains des envahisseurs (les islamistes et les rebelles du Mnla sont de la même veine, unis dans le crime : viols, meurtres, assassinats, terrorisme, actes de barbarie, destruction de biens…).

La région de Kidal est-elle différente des deux autres régions libérées pour que la France interdise le Mali d’y être ? Les Maliens attendent une réponse de la France. Il y a donc lieu de se poser des questions sur cette duplicité de la France. Les revendications de ces bandits sont-elles aussi légitimes et légales pour que la France se laisse berner ainsi ? À qui appartient Kidal, si on empêche l’Etat malien d’exercer son autorité ? Est-ce une enclave, une zone-tampon ? Un endroit «sans propriétaire» qui attend d’être cédé ? Y a-t-il un deal entre la France et les mouvements rebelles qui refusent actuellement de parapher l’accord d’Alger ? La France roule-t-elle pour elle-même, sachant que d’un point de vue géopolitique et géostratégique, cette zone attire, sans compter l’immensité et la variété plus ou moins avérée de ses ressources minières ?
À qui profite le cafouillage autour de la signature de l’accord d’Alger ?

Évidemment pas au Mali, en raison de la position ambiguë de la France. Le Mali doute, veut comprendre, veut savoir et n’entend pas laisser les choses en l’état. Le Mali est Un et Indivisible, tout comme l’est la France avec, bien sûr, l’Ile de Corse, la rebelle. Le Mali n’oublie pas l’aide française et l’en remercie infiniment. Mais le Mali a souci de la préservation des liens d’amitié et de coopération qui unissent Paris et Bamako. C’est pourquoi il exhorte la France à faire preuve de retenue, de discernement et de respect à son égard. La raison du plus fort ne doit pas être synonyme d’injustice, d’humiliation du faible et de reniement des principes et valeurs de démocratie, de droit et liberté. De ce fait, la France doit laisser les mains libres à IBK pour gouverner son pays. IBK doit, quoi qu’il advienne, refuser d’être la «marionnette» de la France et de son président Hollande. S’il l’accepte, cela n’engagera que lui et non le peuple malien. Et dans ce cas de figure, il sera le seul à payer les pots cassés.

Nécessité pour la communauté internationale de contraindre la Coordination des mouvements armés de l’Azawad à parapher l’accord

On ne peut à la fois vouloir une chose et son contraire. Soit la communauté internationale travaille pour la paix, l’unicité et l’intégrité du Mali, soit elle déclare solennellement la scission du Mali au nez et à la barbe du président IBK. Avons-nous voté pour cela ? En tout cas, actuellement à Bamako, la résignation est exprimée par cette question. Et l’impuissance du pouvoir à gérer la question du nord est bien réelle. «On ne me trimbale pas…Je ne négocierais pas avec un groupe qui détient les armes…». Ces propos sont d’IBK. Il tenait ce langage de fermeté surtout à l’adresse de son électorat. Or, la réalité est autre. Le chef de l’Etat fait preuve d’un manque total de visibilité dans la gestion de ce dossier du Nord. D’où le flottement qui entoure actuellement le paraphe du document de paix.

De Nouakchott à Ouaga, en passant par Alger, Rabat, Paris, Moscou et Rome, ça va dans tous les sens. Finalement, l’on se demande : à qui profite ce cafouillage monstre ? Se rendant compte du manque de vision qui prévaut à Bamako, les responsables des mouvements multiplient les initiatives à l’étranger. Objectif ? Maintenir le statu quo à Kidal ou obtenir l’autonomie pour cette région. Deux cas de figure qui feraient l’affaire d’une poignée d’individus dans cette localité. Et contrairement aux apparences et aux propos qu’il tenait, IBK n’a aucun contrôle sur la situation de Kidal. Un agenda international est désormais déroulé pour cette partie du Mali.

Parallèlement, l’instabilité perdure dans les autres régions du nord (Gao et Tombouctou). En témoigne l’attentat au restaurant «La Terrasse» à Bamako et les roquettes lancées dans la matinée à Gao. Tout cela, pour quel objectif ? Détourner l’attention des Maliens.
Bruno E. LOMA
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