Les défis de la gouvernance économique, c’est le 2ème volet de la conférence-débats animée par Abou-Bakar Traoré, ancien ministre dans le cadre du 2ème anniversaire des Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (Fare-An Ka Wuli). C’était le samedi 4 avril 2015 à la Maison des Aînés.
Dans son exposé, le conférencier a parlé de l’évolution de la croissance et de la pauvreté ; de l’impact de la crise de 2012 ; de la dégradation de l’environnement économique et social ; de la gouvernance financière ; des enjeux de la gouvernance et des perspectives. Selon Abou-Bakar Traoré, de 2015 à 2010, le Mali a connu une croissance moyenne de l’ordre de 5%. Il a rappelé qu’entre 2000 et 2012, la croissance du Pib a été plus importante dans le secteur primaire (4,9% en moyenne par an) avec une baisse graduelle de la pauvreté entre 2001 et 2010. À en croire le conférencier, de 2001 à 2006 les revenus des ménages (riches et pauvres) ont augmenté, alors qu’entre 2006 et 2010, seuls les revenus des ménages pauvres ont augmenté, pendant que ceux des autres ménages ont stagné voire diminué.
Parlant de l’impact de la crise en 2012, Abou-Bakar Traoré a indiqué que l’activité économique s’en est ressentie et a enregistré une faible récession. Il a souligné que l’année 2012 a été marquée par une forte contraction des dépenses publiques (baisse des investissements), mais avec une bonne tenue des termes de l’échange due principalement à l’or et l’agriculture. En 2013, en raison du retour de la paix, de l’amélioration de l’environnement politique avec la tenue des élections présidentielle et législatives et de la reprise de l’aide publique au développement, il y a eu relance économique.
Au sujet de la dégradation de l’environnement économique et social, le conférencier a informé que la crise de 2012 a augmenté la pauvreté de 12% dont 92%, soit 5,8 millions de la population de pauvres vivent au Sud, et 90% soit 5,7 millions de la population de pauvres vivent en milieu rural. Selon Abou-Bakar Traoré, les constats aujourd’hui au Mali sont que 2/3 des adultes sont analphabètes ; 65% des jeunes de 12 à 17 ans sont déscolarisés (dégradation post-crise) et 55% des enfants de ménages pauvres, particulièrement les jeunes filles en milieu rural, ne sont jamais allés à l’école.
Concernant la dégradation de la gouvernance financière, le conférencier a expliqué qu’au niveau des caractéristiques actuelles des recettes publiques, il y a un plafonnement de la pression fiscale autour de 15% en raison de l’érosion de l’assiette fiscale qui s’explique par trois facteurs potentiels de 20% du PIB. Il s’agit de l’expansion des activités informelles (seulement 1.600 entreprises ont un CA contre 100 millions Fcfa ; le poids des exonérations fiscales (4,2% du PIB en 2013) et les impacts de la fraude et la corruption (2,8% du PIB).
Cependant, à en croire Abou-Bakar Traoré, 80% des Maliens estiment qu’ils doivent payer des impôts et 60% se disent prêts à payer plus en échange de plus de services. Au niveau des caractéristiques actuelles des dépenses publiques, le conférencier a noté une hausse des transferts et subventions de 13% en 2006 ; de 18% en 2013, alors qu’elles ne sont pas nécessairement orientées vers la croissance et la réduction de la pauvreté. En 2013, selon lui, les subventions d’électricité ont représenté 1,3% du PIB et 93% du Budget de la santé.
Par ailleurs, le conférencier a fait un rappel des politiques mises en œuvre pendant la période 2001-2010. Il s’agit des allocations budgétaires conséquentes aux secteurs sociaux (Santé, Education, Eau) et productifs (aménagements en maîtrise de l’eau, aménagements routiers) ; des subventions à la consommation (EDM, Electrification rurale, carburants) et à la production (semences, intrants et équipements agricoles) ; des aides alimentaires particulièrement dans les zones en déficit chronique (166 communes) ; de l’amélioration de la gestion des Finances publiques.
En perspectives, le conférencier a mentionné des réformes à l’endroit des décideurs. Il s’agit, entre autres, de venir à bout de la pauvreté ; de la construction de pôles de développement économique ; du renforcement des capacités humaines et de l’amélioration de la gouvernance.
Diango COULIBALY