Le parcours et la compétence du candidat malien le maintiennent dans une pole position fournie par l’implication très tôt du chef de l’Etat.
Ministres, diplomates, hauts fonctionnaires se sont retrouvés hier à l’hôtel Salam pour assister au lancement officiel de la campagne de Birama Sidibé au poste de président de la Banque africaine de développement. La cérémonie organisée à cet effet était présidée par le ministre de l’Economie et des Finances, Mamadou Igor Diarra en présence de son collègue de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication, Porte-parole du Gouvernement. Celui-ci avait déjà animé la veille un point de presse pour présenter le candidat du Mali.
Comme beaucoup de nos compatriotes de sa génération, Birama Sidibé, désormais à la fleur de l’âge, a eu la chance de voir ses études primaires et secondaires prises en charge par notre pays. Il a aussi bénéficié d’une bourse nationale pour ses études universitaires en France à l’issue desquelles il a été diplômé d’une grande école qui compte dans l’élite de la formation française. Pour cette première partie de son parcours, l’actuel candidat à la présidence de la Bad se dit « infiniment redevable » à ses parents qui lui ont inculqué « l’intégrité morale, les valeurs citoyennes et le sens du service rendu » et à « notre cher pays » à qui il « doit tout ».
Son parcours, selon le candidat, est le reflet de plus de 30 ans au service du développement de l’Afrique en différentes capacités. A cet égard, il est considéré dans le monde de l’économie comme un spécialiste des questions de développement économique et social dont l’expérience couvre les cinq continents, avec une concentration d’intérêt pour l’Afrique dont il a eu la chance de visiter presque tous les pays, y compris le dernier en date à avoir accédé à l’indépendance, à savoir le Soudan du Sud.
L’actuel vice-président de la Banque islamique de développement a commencé sa carrière professionnelle en 1981 à l’Organisation de la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) en tant qu’ingénieur principal en irrigation. Il avait alors en charge les questions de réalisation de simulations hydrauliques sur le fleuve Sénégal ainsi que d’études de faisabilité et de conception de projets d’infrastructures.
Birama Sidibé a rejoint la BAD en 1991. Il y gravira tous les échelons en passant de la fonction d’expert chargé de projet et de programme pays à des postes de direction et de leadership, notamment ceux de directeur du département Information, Technologie & Télécommunications, directeur du département des Services généraux et acquisitions institutionnelles, directeur du département de l’Agriculture, avant d’occuper en 2006 le poste de Vice-président par intérim, chargé des opérations de la Banque dans les pays membres régionaux. « J’ai joué un rôle clé dans les réformes et le programme de modernisation de la BAD en 1996 : un renouveau après la crise institutionnelle de 1995 » a précisé l’économiste.
La carrière de notre compatriote ne faisait que commencer avec ces responsabilités. Entre 2006 et 2008, il est sollicité pour diriger le Shelter Afrique qui est une institution régionale panafricaine à capitaux privés et publics, dont l’activité principale est le financement à moyen terme des promoteurs du secteur privé en Afrique, ainsi que la provision des ressources financières à long terme pour le financement de l’accès au logement, en partenariat avec les banques et les institutions de crédit hypothécaire. Shelter Afrique compte 44 nations actionnaires en plus de la BAD et de Africare.
À LA HAUTEUR DE L’ATTENTE. Depuis 2009, Birama Sidibé occupe le poste de vice-président chargé des Opérations à la Banque islamique de développement basée à Djeddah en Arabie Saoudite. Dans l’établissement qui compte 57 pays membres, notre compatriote a contribué à la transformation structurelle des opérations de la BID. En effet, au cours des six dernières années, les opérations de la Banque ont connu sous son leadership une croissance exceptionnelle avec des niveaux d’approbations et de décaissements équivalents à environ 55% de leur valeur cumulée depuis la création de la BID en 1975.
Quand on l’interroge sur ses atouts, Birama Sidibé indique qu’il est « difficile de répondre à une telle question en quelques mots » avant de mettre en avant ses longues années d’expérience. « Je prends la mesure d’un monde et d’une Afrique en changement accéléré, des enjeux globaux qui rythmeront le monde des dix prochaines années, du rôle grandissant de l’Afrique et les enjeux pour la BAD, première institution de financement du continent. La compréhension de cette problématique me permet de façonner ma vision que je juge réaliste et réalisable pour la BAD », analyse le candidat à qui le soutien du président de la République n’a jamais fait défaut.
« Le Président Keïta m’avait présenté dès janvier 2014 à ses pairs qui étaient présents à Addis Abeba comme candidat du Mali pour la présidence de la BAD en 2015. L’avantage que nous avons pour le moment sur les autres candidats procède de ce que le président de la République a été le premier, dès janvier de l’an passé, à adresser à tous ses pairs une lettre de demande de soutien et de parrainage de la candidature du Mali à ce poste prestigieux. Il a toujours argumenté la qualité de cette candidature et a mis en avant sa conviction que nous pourrions assumer cette responsabilité. Enfin, il a récemment instruit de mettre en place une structure et des moyens de campagne.
Il aussi nommé comme envoyé spécial du Président et directeur de la campagne, notre compatriote Hamadoun Touré, ancien secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications, homme d’expérience à la réputation internationale bien établie et au carnet d’adresse bien fourni. Le Président nous a clairement indiqué que la campagne pour la BAD est la sienne, celle du renouveau du Mali et celle de tous les Maliens. Nous prions tous pour être à la hauteur de l’attente et des enjeux » confie, reconnaissant, l’économiste chevronné.
Pour le développement du continent, notre candidat « nourrit la vision d’une Afrique vertueuse, cohésive et inclusive, en transition vers l’émergence, actrice et partie prenante des discussions autour des enjeux globaux post 2015 ». Il veut faire de la BAD, une institution « financièrement solide, endurante aux chocs systémiques, attentive, dotée d’un personnel hyper compétent, dynamique, innovatrice et efficace au service de la transformation structurelle de l’Afrique ».
A. M. CISSÉ