L’intervention militaire au Mali se dessine. Le dimanche dernier à Abuja, les pays africains, dont 15 pays membres de la CEDEAO, se sont réunis pour approuver l’envoi d’une force africaine destinée à reconquérir le Nord du Mali.
Ce plan, qui sera encore épuré, a déjà été approuvé par l’Union africaine et doit maintenant être transmis au Conseil de sécurité des Nations Unies qui devrait, dans les semaines à venir, adopter une résolution donnant une légitimité à cette opération militaire internationale. Mais avant cela, c’est-à-dire le lundi prochain, les 27 ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE) doivent se retrouver à Bruxelles pour détailler la planification de la mission d’entraînement des forces africaines. C’est pourquoi dans sa détermination l’Europe a prévu la création d’une Mission européenne d’entraînement (EUTM) qui pourrait être composée de 200 militaires européens destinés à la formation des troupes africaines sur le territoire malien, spécialement des forces spéciales fournies par la France, l’Allemagne, I‘Italie, la Pologne et l’Espagne. D’où cette réunion des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de ces cinq pays, tenue hier à Paris.
Cette rencontre (celle d’hier) était centrée sur la question du Sahel et du soutien à une intervention militaire pour reconquérir le Nord du Mali. Et visiblement, l’ancienne métropole (la France) est aujourd’hui le pays le plus actif pour soutenir cette intervention, mais ne veut seulement pas partir seule. L’idée est donc de regrouper au maximum le soutien à une action militaire visant les groupes terroristes présents au Nord du Mali. Sur ce point, l’Allemagne, dont le chef de la diplomatie a publié il y a quelques jours dans « Le Figaro » une tribune commune avec Laurent Fabius, semble sur la même longueur d’onde que Paris. Tout comme les Européens, les Etats-Unis sont aussi mobilisés et pourraient apporter une aide logistique et déployer des drones dans la région. Pour aider leurs pairs africains, les Occidentaux, qui ne veulent surtout pas apparaître en première ligne, devraient également fournir des moyens de renseignement : on pense ici aux forces spéciales françaises qui sont déjà présentes au Sahel, des communications et des moyens de transport. La communauté internationale est également amenée à financer cette opération.
A Paris, on estime que la facture devrait se situer entre 200 et 300 millions de dollars par an. Les Etats-Unis, eux, réfléchiraient à un engagement plus direct sous la forme de bombardement de drones contre AQMI, dit-on. Le monde politique s’apprête à répondre aux moqueries de Oumar Ould Hamaha qui a tenu des propos de défiance à l’endroit de la France et des Etats-Unis : « Ça nous facilite la tâche que la France et les Etats-Unis viennent sur le terrain, puisque nous voulons les combattre ». On peut dire que de cette crise malienne, les Africains sortiront grandis en comblant leur déficience en matière de formation militaire. Nos militaires recevront des connaissances, particulièrement ceux du Mali.
Cette année, les commandos d’élite français fêtent leur vingtième anniversaire. La France possède des forces spéciales qui ont toujours fait rêver le grand public. Cette création de forces spéciales prend racine après la première guerre du Golfe au cours de laquelle les armées françaises avaient été incapables de fournir des commandos dignes de ce nom, contrairement aux autres alliés américains et britanniques. De l’action directe au renseignement, en passant par la formation et le soutien à l’action conventionnelle, les forces françaises se glissent dans les interstices des actions conventionnelles, préparent le terrain pour les armées classiques et se faufilent avec courage là où les autres ne peuvent pas agir. Discrètement camouflées, elles mènent sur tous les continents des opérations « coup de poing » qui, à elle seules, peuvent changer le cours de la guerre.
De l’arrestation des criminels de guerre serbes en Bosnie au Conseil des rebelles libyens, de la traque des insurgés d’Al-Qaïda en Afghanistan à l’arrestation de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, en passant par le Tchad, la corne de l’Afrique truffée de pirates ou le Rwanda, les forces spéciales françaises sont de tous les combats et de toutes les guerres qui font l’histoire. En vingt ans, elles se sont hissées, derrière les Etats-Unis et aux côtés de la Grande-Bretagne, dans le club très fermé des trois pays mondialement réputés pour la qualité de leurs combattants. « Dans les forces spéciales, il n’y a qu’une seule doctrine qui vaille : celle que dictent les circonstances », disait le Général De Gaulle.