Le comité de programmation et de suivi, réuni à Bamako, fait le bilan des activités de 2014 et examine le plan de travail 2015-2019
Le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) tient, depuis hier à Bamako, la 22è session de son Comité régional de programmation et de suivi (CRPS). Cette réunion d’experts prépare la 55è session ordinaire du conseil des ministres de l’organisation prévue lundi prochain. Les ministres, à leur tour, peaufineront les recommandations qu’ils soumettront à la décision de la 17è conférence des chefs d’Etat et de gouvernement du CILSS, mercredi prochain toujours à Bamako.
Le CILSS comprend désormais 13 Etats membres. Les derniers adhérents sont le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Guinée Conakry et le Togo dont le secrétaire exécutif adjoint, Ibrahim Lumumba Idi-Issa, a salué l’arrivée. La rencontre de Bamako, a-t-il noté, se tient une semaine après celle de Nouakchott qui s’est penchée sur le dispositif régional de veille sur la sécurité alimentaire qui a permis d’avoir une vision d’ensemble de la situation alimentaire au Sahel.
Nouakchott a été l’occasion de réfléchir aux stratégies à mettre en œuvre pour faire l’état des lieux des outils de diagnostic et de prévention des crises alimentaires au Sahel à travers la mise en œuvre du Cadre harmonisé et du bilan alimentaire.
Le CILSS veut faire évoluer son approche de la prévention des crises alimentaires en prenant en compte des éléments comme la nutrition, l’importance du commerce régional de céréales et les flux transfrontaliers de produits alimentaires.
La production agricole sahélienne est, cette année, de l’ordre de 61,6 millions de tonnes de céréales, 161,7 millions de tonnes de tubercules, 7,039 tonnes d’arachide et 5,027 millions de tonnes de niébé. Mais la situation pastorale est difficile au Tchad, dans le sud-est de la Mauritanie, au centre et au nord du Sénégal et par endroits au Burkina Faso et au Mali.
Le représentant des partenaires techniques et financiers, Jorges Oliveira, a relevé que malgré les résultats satisfaisants de la campagne agricole 2014-2015 dans le Sahel, plus de 4,7 millions de personnes sont identifiées en situation de crise et d’urgence dans tous les pays entre mars et mai 2015. Il y a aussi les pays affectés par la maladie à virus hémorragique Ebola où la production agricole a connu une baisse.
Jorges Oliveira a regretté que le Mali et le Niger, cités comme deux pays modèles dans le système d’alerte précoce, n’aient pu produire leurs données définitives de la campagne agricole 2014-2015.
Le Comité de programmation et de suivi va faire pendant trois jours le bilan 2014 des activités du CILSS et examinera le plan de travail 2015-2019 intégré dans le document de vision 2020 de l’organisation sahélienne. 2015 sera une année importante pour le CILSS avec le lancement du nouveau programme quinquennal, le rapprochement avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), la rentrée effective de nouveaux partenaires techniques et financiers comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), la Banque islamique de développement (BID) avec des projets de grande envergure dans les pays.
Cette année verra également le démarrage potentiel des projets de résilience dans le cadre de l’Alliance globale des initiatives de résilience au Sahel et en Afrique de l’ouest (AGIR) ainsi que l’ensemble des dossiers centraux de la CEDEAO (Forum agriculture intelligente, COP 21 à Paris, démarrage du projet libre circulation des produits agricoles, ECOWAP+5 et CAADAP+10), dont le CILSS sera probablement le partenaire principal.
Alors que de nouveaux financements sont susceptibles d’être alloués à l’institution, les partenaires souhaitent que le CILSS renforce le pilotage, le suivi et l’évaluation des projets en vue de minimiser le risque de contre-performances. La réunion de Bamako sera l’occasion d’analyser la situation budgétaire du CILSS qui reste financée à hauteur de 94% par les partenaires techniques et financiers dans le budget 2015. Cette situation précaire pose nécessairement la question du financement du CILSS par les Etats membres, a noté Jorges Oliveira. Malgré les efforts consentis, a-t-il signalé, les contributions des Etats membres n’ont pas été intégralement versées en 2014 et les arriérés de cotisations restent importants. Le représentant des PTF a espéré que la rencontre de Bamako permettra d’accentuer le plaidoyer pour résoudre définitivement cette situation.
Après 40 ans d’existence, l’utilité du CILSS n’est plus à démontrer en tant que vecteur d’information sur la sécurité alimentaire, l’adaptation au changement climatique et l’analyse de ces changements. L’arrivée de nouveaux partenaires atteste de cette utilité, a souligné Jorges Oliveira.
Mamadou Dougakoro Coulibaly, conseiller technique au ministère du Développement rural, a souhaité que les participants mesurent la délicatesse et le poids des responsabilités qui pèsent sur leurs épaules et n’hésitent pas à mettre toute la rigueur requise dans l’examen des dossiers soumis à leur attention.
Ce Comité prend fin demain, samedi.
M. COULIBALY