Depuis le début de la crise malienne, la CEDEAO a tenu à s’y impliquer tel un administrateur colonial le ferait au plus fort de la colonisation. Propos et décisions altiers, punition sévères allant jusqu’à l’embargo …
A la longue, les maliens ont fini par en éprouver du ressentiment et par désavouer, dans leur majorité, cette façon de se conduire dans leur patrie comme en pays conquis. On a beau être dans la panade et solliciter le secours de pays frères, on n’en a pas moins sa petite dignité !
Les nombreux impairs de l’organisation régionale ont accélère la désaffection des maliens à son endroit, les conduisant à s’en remettre davantage à l’UA et à la communauté internationale d’une manière générale pour les aider à sortir la tête de l’eau.
Mais il faut croire que la CEDEAO n’est pas ce genre d’élève qui comprend vite! C’est le sentiment qui s’impose quand on voit comment elle s’applique à gérer la situation politique au Mali. Vouloir fixer les élections au premier trimestre de 2013, déclarant comminatoirement que les actuels dirigeants de la tradition ne pourront pas y prendre part, est critiquable.
La guerre n’est pas encore commencée, la reconstruction encore moins terminée. C’est vrai que qui veut aller loin prépare sa monture, mais encore faudrait-il en avoir une ! Et puis, cette façon de s’immiscer dans les affaires domestiques maliennes peut cacher une volonté de positionner des amis pour les élections à venir …
De nombreux maliens ne s’en cachent pas du reste, qui estiment que la CEDEAO, roulant pour l’ancienne équipe — ou plutôt, pour les éléments de l’ancien régime post général Traoré — voudrait faire place nette pour elle.
Il ne faudrait pas qu’à force, la CEDEAO ne vienne rajouter une crise à une autre.
En tout état de cause, une réflexion au sortir de cette guerre s’impose sur le rôle exact de cette organisation dans la résolution des conflits. La nécessite se fait d’autant plus sentir que des voix commencent à soutenir que le Mali gagnerait comme la Mauritanie à se retirer de la CEDEAO.