Pour l’élection d’un nouveau président de la république après la transition, le Peuple malien risque d’être confronté à une situation insolite qui consistera à élire Président de la République le candidat qui a su le plus cacher son butin ou celui qui a été suffisamment malin pour tromper la vigilance des magistrats qui ont la réputation d’être indépendants et intraitables. Un rappel est nécessaire pour édifier la nouvelle génération d’électeur.
Dans le Mali nouveau, l’avenir proche des hommes politiques ne tient qu’à un fil, surtout en cette période tendue de veille d’élections. Paradoxalement, le fait d’avoir participé à la gestion des affaires publiques ces dernières années constitue plus un handicap qu’un avantage. Cela parce que cette période post-révolution est surtout marquée par des gestions nébuleuses, calamiteuses même par endroit, caractérisées par la généralisation dans l’administration publique de réflexes vicieux de porosité aux combines, de promotion de la corruption, d’encouragement aux détournements de deniers publics et d’objectifs, dans le cadre d’une course effrénée vers l’accumulation du maximum de richesses sous la forme d’argent liquide, de biens immobiliers et d’actions détenues par des prête-noms dans des sociétés privées. Cette situation de mal gouvernance caractérisée où le laisser-aller se le dispute avec le laisser-faire a été rendue possible par la bienveillance coupable d’une justice dépendante et corrompue et l’absence préjudiciable d’une opposition politique et d’une société civile fortes et crédibles.
Le résultat est là aujourd’hui sans appel, le Mali aura malheureusement à se choisir un Président de la République qui se sait déjà en sursis et qui soit à équidistance entre Koulouba et le « Grand lycée de Bamako Coura » ( Maison d’arrêt et de correction) ; alors que le Mali a toujours élu un Président au passé glorieux ou modeste, bénéficiant de préjugés favorables de la part des maliens, en ce qui concerne sa moralité. Par conséquent, le Peuple malien risque d’être confronté à une situation insolite qui consistera à élire Président de la République le candidat qui a su le plus cacher son butin ou celui qui a été suffisamment malin pour tromper la vigilance des magistrats qui ont la réputation d’être indépendants et intraitables. A moins que la classe politique malienne n’ouvre la perspective de compromis dynamiques autour de ces questions fondamentales qui lui permettront de faire prévaloir la présomption d’innocence partout où c’est nécessaire. Dans tous les cas, il faut bien que les comptes soient soldés un jour; autant d’argent ne pouvant pas être passé par pertes et profits dans un pays aussi pauvre que le Mali.
A vous de juger des « profils » de quelques-uns des candidats potentiels à la présidence de la République. Piqûre de rappel.
A noter que les profils des membres de la Transition seront disponibles une fois les audits réalisés après leur mission.
Soumaila Cissé, probable candidat de l’Union pour la République et la démocratie (URD) est cité dans plusieurs dossiers sulfureux entre autres le scandale à la CMDT et ses malversations au niveau du ministère de l’Economie et des Finances sous Alpha Oumar Konaré. Voici son scandale du siècle selon un article de notre excellent confrère du journal « Le Sphinx » : « Pour renforcer l’intégration en Afrique de l’ouest, l’Union Européenne apporte son appui financier à l’UEMOA, dans le cadre d’un accord dénommé « Convention de Contribution ». Il s’agit d’une aide budgétaire mais qui est subordonnée à l’alignement de la gestion de l’UEMOA sur les meilleurs standards internationaux. Car si dans l’espace UEMOA sévissent encore des « gestionnaires de talent » connus pour leur rapacité, leur avidité et leur âpreté au gain, dans l’UE en revanche l’obligation de rendre compte au contribuable ne permet pas de tels écarts.
L’utilisation des fonds mis à la disposition de l’UEMOA dans le cadre de cette convention a fait l’objet d’un audit par l’UE en 2010 (référence : 9ACP ROC 16). Ledit audit a fait ressortir :
- 11 millions d’euros, soit 7 215 527 000 CFA ont été utilisés indûment (c’est-à-dire sans pièces justificatives probantes) par Soumaïla Cissé pour compenser des moins-values de recettes douanières au bénéfice de certains Etats membres.
- 413 428 euros, soit 271 190 991 CFA ont été utilisés par notre « gestionnaire de talent » pour acheter des billets d’avion ou louer des salles dans des hôtels, sans aucune pièce justificative par celui qui ambitionne d’ « assainir nos finances publiques », après avoir fait valider ses états de service auprès de bailleurs de fonds comme l’AFD ou l’ UE.
Les conclusions de l’audit sont accablantes pour Soumaïla CISSE au point de se poser des questions sur l’avenir de la coopération entre le Mali et l’UE si, d’aventure ou par extraordinaire il était élu comme président de la République. On serait en face d’un président sous le coup d’une procédure judiciaire au niveau de la Cour des comptes de l’UE. Pour cette éventualité, et donc pour des raisons de dignité nationale, Soumaïla Cissé ne doit être admis à participer aux élections qu’à la condition de prouver son innocence dans cette affaire, mais aussi dans celle des aménagements hydrauliques et en obtenant quitus de sa gestion auprès de la Cour des compte de l’UEMOA. Décidément cet homme a un rapport névrotique avec l’argent. Pas le sien car nous n’avons rien à y redire, mais l’argent d’autrui ! »
Ibrahim Boubacar Keita, du Rassemblement pour le Mali selon le même confrère IBK aussi n’est pas blanc comme neige. Il est trempé dans la mauvaise gestion durant son passage à la Primature entre 1994 et 2000
« Dans le cadre des dépenses de souveraineté, il a toujours dépassé, voire doubler les montants inscrits au budget à cet effet. Au lieu des 300 millions F cfa autorisés, IBK a en effet et de façon régulière, fait décaisser la bagatelle de 500 millions de FCFA.
Il n’est, non plus, exempt de reproches dans le chapitre des détournements de crédits et des pratiques financières frauduleuses. La preuve: Ibrahim Boubacar Keïta a fait ouvrir un compte à la BDM-SA sous la signature, non pas d’un quelconque directeur du Trésor comme le veulent les règles d’usage, mais plutôt, sous l’unique signature de son DAF. Une violation flagrante de la procédure en vigueur. Mais comment diable, était alimenté ce fameux compte spécial ?
En clair, il recevait l’ensemble des queues de crédit de toutes les dotations budgétaires de la Primature et de ses démembrements, en violation des dispositions pertinentes de la Loi des Finances. Ces queues de crédit appelés reliquats de crédits budgétaires étaient transformées en argent liquide et reversés dans le compte spécial en question. En somme, avec cette manœuvre, les fonds logés dans le compte s’avéraient la propriété individuelle du seul PM et en violation de la procédure.
Ainsi, du 29 mars au 31 mai, bien après son limogeage par le Président Konaré et son remplacement par feu Mandé Sidibé, le 15 février 2OOO, environ 539 millions F CFA ont été retirés sur ledit compte et ont servi, selon les mauvaises langues, à construire le Bunker de Sébénicoro.
Aussi, le saviez-vous ? En termes d’entretien, le bourgeois IBK aurait coûté plus cher au contribuable malien que quatre anciens PM que sont: le Pr Mamadou Dembélé, Dr Soumana Sako, M Youssouni Touré et feu Mandé Sidibé. Et pour cause. En fonction, IBK possédait 19 lignes téléphoniques cellulaires, dont la plupart se trouvaient à la disposition de bénéficiaires non dépourvues de charme. Suivez mon regard ! Mais le hic, c’est que les factures étaient apurées par le trésor public, c’est-à-dire par le contribuable malien. Et tenez-vous bien, à hauteur de 3,5 millions à 5,2 millions par mois !
Celui qui prétend n’avoir pas touché un sou de l’Etat, et qui veut se faire passer devant la génération actuelle pour un bon gestionnaire, peut-il nous expliquer comment il a laissé près de 400 millions d’impayés de factures Sotelma en 3 ans (1998, 1999, 2000). Plus précisément : 390 771 666 FCFA ? Ceci malgré le fait que lesdites dépenses aient été prises en charge chaque année par le budget national !
Rien que l’entretien annuel de la résidence du tout puissant PM de l’époque sise à l’ex-Base aérienne passa, en tout cas sur la facture et en moins d’un an, de 20 millions environ à la bagatelle de 37 260 000 FCFA par an, soit 102 082 F CFA par jour. (Voir fac-similé) C’est IBK qui avait choisi personnellement l’entreprise en question.
Il y a une tendance fâcheuse à réécrire l’histoire de notre pays. Il est de notre devoir de rappeler les faits dans leur crudité absolue, pour que la génération actuelle de jeunes électeurs qui ne savaient rien de ce qui se passait, il y a dix ou vingt ans, puissent avoir une idée exacte de ce que chacun a fait dans ce pays.
Tout ceci, bien entendu, ne constitue que la partie visible de… la bourgeoisie. La suite dans nos prochaines livraisons. A la semaine prochaine alors ! »
Quant à Modibo Sidibé, ancien premier ministre candidat indépendant les maliens se souviennent du scandale autour de l’exploitation de l’uranium de Faléa et aussi dans le dossier de l’Initiative Riz.
Selon le rapport du CASCA: l’Initiative Riz de Modibo Sidibé a été épinglée par
le bulletin annuel 2010 de la Cellule d’appui aux structures de contrôle de l’Administration (CASCA). Comme irrégularités dans ce dossier, il s’agit de trois contrats, d’une valeur de 12,6 milliards de FCFA, négociés par entente directe avec une société de la place; d’un manque à gagner de 1,14 milliards de FCFA dans le non-règlement d’un marché d’intrants, de la mise à l’écart de certains concurrents moins disant dans la fourniture de décortiqueuses.
4- Parlant de Ibrahima N’Diaye, la boite noire du FDR, qui se voit déjà candidat de l’Adema et même futur président de la République. Dans le rapport bilan 2004-2011 du bureau du vérificateur général le département de l’Emploi et de la Formation professionnelle dont il a eu la charge de gérer a été épinglée. Il doit des explications. Selon ce rapport : « Sur les six missions qui ont été réalisées dans ce secteur. Elles ont porté notamment sur le Programme d’Investissement du Secteur de l’Education (PISE), la gestion des manuels scolaires au Centre National de l’Education (CNE), la gestion des bourses au Centre National des Œuvres Universitaires (CENOU), l’Agence Nationale Pour l’Emploi (ANPE), le Fonds d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Apprentissage et le Projet d’Appui aux Sources de Croissance (PASC). Le manque à gagner enregistré au cours de ces missions s’élève à 15,63milliards de FCFA, dont 7,42 milliards de FCFA pour la gestion des bourses et allocations par le CENOU. Les faits majeurs à l’origine de ces déperditions sont : l’achat de manuels à un prix plus élevé que les prix convenus dans les contrats de concession, la surfacturation des achats dont certains prix varient de 1 à 10 pour le même article, l’absence de preuve de la distribution de manuels scolaires, le non-paiement de redevance par les éditeurs sur les manuels concédés, le non-reversement par les Facultés des montants non émargés par les étudiants, des paiements indus à des cadres.
Quant à Ahmed Diané Séméga du (PDES) et non moins ancien ministre de l’Equipement et des Transports présentement en exil dans la sous région sa gestion aussi citée dans ce document. « Infrastructures, équipements et transports : Dans ce secteur, 8 vérifications ont été réalisées. Elles ont porté sur la Direction Nationale des Transports Terrestres, Maritimes et Fluviaux, l’AGETIER, l’Autorité Routière, les Entrepôts du Mali au Sénégal, les Aéroports du Mali, les Entrepôts du Mali en Côte d’Ivoire, le Transit Administratif et le Projet Sectoriel des Transports. Elles ont porté sur l’examen des recettes et des dépenses et ont mis en lumière un manque à gagner de 5,07 milliards de FCFA. Ce montant est résulté de : dépenses non justifiées, non-mobilisations de cautions de prestataires défaillants, créances non recouvrées, versements de subventions non prévues, recettesmanquantes, non-retenue de l’IBIC ».