Faute d’investigations de fond, de confrontation des prévenus, entre autres, la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Bamako vient de rejeter leur demande de liberté provisoire. Seconde du genre, cette décision a conduit à la mise à l’écart du magistrat instructeur, un certain Fomba, immédiatement remplacé. Cela a, semble t- il, soulagé les avocats des prévenus, lesquels se réjouissent d’une mesure salutaire et espèrent que les principes d’un Etat de droit vont enfin triompher. Mais, en fait, que cacherait- on ? N’est- ce pas que l’injustice perdure ?
Une fois de plus, le Général Hamidou Sissoko et ses coaccusés se son vu refuser la liberté provisoire, le mardi 6 novembre dernier, devant la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Bamako. C’est donc la deuxième fois que leurs dossiers sont rangés et remis aux tiroirs. A la barre, il n’y aurait presque pas eu de débats de la part de leurs avocats. Ce jour, nous a t-on rapporté, le président de la Cour, Hamidou Bah, n’a même pas tardé à rendre son verdict. Raisons évoquées : le dossier des prévenus souffrirait d’un déficit d’investigations. En clair, les enquêtes supposées menées par le magistrat instructeur, un certain Fomba, n’auraient bougé d’un iota depuis l’inculpation des prévenus. Mieux, il n’y aurait eu la moindre confrontation de témoignages. Considéré par l’accusation comme étant le principal instigateur de toute cette affaire, le Colonel Abidine Guindo se trouve pourtant entre les mains de la justice. Et cela fait des mois (huit pour nombre d’entre eux) que le Général Hamidou Sissoko et autres sont privés de leur liberté. Auraient- ils des liens avec les agissements du Colonel Guindo ?
Une réponse appropriée aurait soulagé les Maliens car elle aurait le mérité de clarifier les choses. Si coupables il y avait, ceux-ci répondraient de leurs actes. Le cas échéant, les innocents, les pauvres, recouvriraient leur liberté. Et par ricochet leur honneur et leur dignité. Mais hélas ! De leur arrestation à nos jours, le Général Hamidou Sissoko et autres se sont vus tout refuser. Or, selon des indiscrétions, leur incarcération ne tient point sur un dossier solide. Des sources concordantes révèlent que le Colonel Abdine Guindo aurait pourtant parlé. Il aurait fourni aux enquêteurs une pile d’informations. Par exemple, il aurait nié avoir un seul instant contacté ou informé le Général Sissoko de ses intentions, faits et gestes. Idem pour le Commandant Mamadou Lamine Konaré. A aucun moment, il n’aurait cité les noms des deux Officiers (Sissoko et Konaré).
Dans le cas du Colonel Abdoulaye Cissé, Abidine Guindo reconnaitrait seulement avoir échangé avec lui au téléphone. Au demeurant, une source militaire précise que lorsque cela se passait, le Colonel Cissé se trouvait dans un bureau de l’Etat-major général, en compagnie de ses supérieurs. En leur présence, rapporte- t- on, il aurait dissuadé Abidine Guindo de commettre l’irréparable. Mais, aux dernières nouvelles, on continue de reprocher au Colonel Cissé d’être le seul officier capable de joindre au téléphone Abdine à l’époque.
Bref, l’affaire tourne aujourd’hui en rond et, selon toute apparence, les pendules de la justice sont bloquées. Elles pourraient être remises en marche à la grande satisfaction de tous. C’est un nouveau magistrat, Togola, qui devrait poursuivre les instructions. Ainsi en a décidé le Ministre de la Justice, M. Malick Coulibaly.
Les avocats des prévenus se seraient réjouis de cette décision. Car, pour eux, elle aurait le mérite de faire bouger les choses. L’opinion publique n’y voit pour l’instant aucun inconvénient. Elle espère simplement que la vérité des faits éclaterait rapidement.
Pour les observateurs, c’est un nouveau challenge pour la justice malienne. Nul ne doute de la volonté du Ministre de redorer le blason de la justice malienne. Reste à savoir ce que la suite de cette affaire réserverait à notre vaillante armée. Face à l’ennemi de l’extérieur, elle a aujourd’hui plus que besoin des uns et des autres. Ou va-t-elle » éliminer » des éléments parce que leurs têtes déplaisent?