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Arcanes politiques : La double récupération du PM de pleins pouvoirs
Publié le samedi 17 novembre 2012  |  Aurore


Conference
© aBamako.com par as
Conference de presse du premier ministre Cheick Modibo Diarra
11/10/2012. Bamako. Domicile du premier ministre.


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Sous les feux roulants des pressions politiques et militaires, le Premier Ministre Cheick Modibo Diarra a renoué avec son jeu favori qui consiste à crier au secours de l’opinion pour se sortir d’affaire. Intervenu dans la foulée de ses 100 jours à la Primature, le premier essai lui a réussi. Il n’est point évident que la seconde connaisse le même succès, car en plus de reposer sur le plagia, il survient dans un contexte marqué par l’amplification du camp adverse.

» Premier Ministre de pleins pouvoirs ». Le concept bat son plein dans les milieux politiques maliens, depuis que le coup d’Etat du 22 Mars dernier a plongé le pays dans une situation inédite quant aux rapports entre ses différents segments du pouvoir. Curiosité journalistique exige, nous nous sommes intéressés à la consistance du concept. Il nous est ainsi revenu qu’il s’agit tout simplement d’une allusion à la plénitude des pouvoirs conférés par la constitution malienne, par opposition au président de la République qui ne jouirait pas, par exemple, de l’ensemble de ses prérogatives : le droit de dissoudre l’Assemblée nationale par exemple.

Comme on le voit, les pleins pouvoirs ne sont ni un chèque-en-blanc, ni un passe-droit au point d’autoriser un chef du Gouvernement à se soustraire de son devoir de rendre compte devant une représentation nationale, par exemple fut-elle un parlement au mandat prorogé. Et pourtant le Premier Ministre Cheick Modibo en profite allègrement pour confondre droit d’en user et d’en abuser. Ainsi, après s’en être tiré à très bon compte par un refus catégorique de se soumettre à certaines formalités républicaines, il s’illustre de plus en plus par un penchant prohibitif pour la récupération de toutes les initiatives et actions régaliennes.

Et, comme par le fait d’un hasard, l’exercice favori du PM a toujours lieu en l’absence du chef de l’Etat et coïncide avec les moments où il affronte des difficultés. La première fois, il s’en donnait à cœur joie à la veille du retour du président de la République de la France et défendait, à l’attention des Maliens, ses prouesses de cent (100) journées passées à la tête de la Primature dans le but de faire face aux appels à sa démission d’adversaires politiques.

L’histoire semble se répéter parce que la semaine encore, en l’absence du président de la République par intérim, le Premier Ministre, en difficulté sur la question des contestations du cumul d’un droit à la candidature avec un statut de PM d’une transition, est encore revenu à la charge. Non pas par le biais d’une interview mais par le truchement d’une adresse à la Nation beaucoup moins agressive que lors du précédent épisode, mais beaucoup plus subtile comme tentative de retourner l’opinion en sa faveur.

Ce faisant, le chef du Gouvernement a non seulement marché sur les platebandes du chef de l’Etat par confiscation de ses prérogatives, mais il ‘est également illustré par une manœuvre peu artistique et sans doute honteuse. Celle qui consiste à vouloir récupérer tous les efforts diplomatiques dont les fruits sont très imminents avec l’intervention militaire des forces internationales pour libérer le septentrion malien. Comme pour dire qu’il est investi d’un droit concurrent de s’adresser aux concitoyens, au même titre que le premier responsable de la Nation, Cheick Modibo Diarra a ouvert son bal, la semaine dernière, par une brève explication de sa longue absence sur les antennes de la Télévision Nationale. La non-fréquence de l’exercice serait ainsi due, à la lourdeur ainsi qu’à la multiplicité de ses tâches et missions au service du pays, selon ses propres explications, allusion ainsi faite au puissant dispositif diplomatique mis sur pied pour amener la communauté internationale à appuyer le processus de libération des Régions nord du Mali. Et le PM de pleins pouvoirs de magnifier son passage sur la tribune de l’ONU, ses rencontres avec le président français François Hollande, entre autres démarches et plaidoyers auprès de la communauté internationale, au nom du peuple malien.

À l’écouter s’exprimer en langue nationale, en définitive, on a comme l’impression que les rôles sont inversés et que le pays dispose de deux chefs de l’Etat, surtout que le PM, tout au long de son adresse, a habilement effacé le président de la République et mis sous le boisseau sa partition en tant que garant des relations internationales.

Seulement voilà : il parait peu probable que ses pirouettes et brusques revirements sur le domaine passent inaperçus. Et pour cause : peu d’observateurs paraissent oublieux au point de ne pas garder en mémoire ses positions mitigées de naguère sur le rôle et la place de la communauté internationale dans la crise malienne. En effet, lors de sa précédente sortie, il soutenait sans ciller et disait à qui veut l’entendre que pour la première fois dans l’histoire, le Mali s’en est sorti sans la communauté internationale, sous sa gouverne en tant que Premier Ministre. Auparavant, à la faveur d’une rencontre avec le Collectif des élus du Nord, il a choisi d’exprimer son rejet d’une intervention des forces de la Cédéao en éconduisant tout simplement ses interlocuteurs et les populations excédées par les exactions ainsi que par une situation humanitaire catastrophique. Sur le sujet, il défendait, en substance, que le Mali n’était pas dans dispositions économiques et financières qui lui permettent de supporter le coup d’une intervention militaire étrangère.

Ce n’est pas tout. Au passif de l’actuel chef du Gouvernement on peut par ailleurs retenir son indifférence notoire au sort des populations du Nord-Mali pour avoir laissé entendre que l’avènement de la charia au Mali n’est point aussi dramatique qu’on la présente.

Avec tant d’incohérences et de paradoxes entre sa posture de naguère et son entrain actuel, il parait tout de même difficile que cette autre tentative de récupération puisse prospérer et générer des fruits politiques avec le même succès que les nominations et promotions administratives distribueés à tour de bras.

N’Tji Diarra

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