Dans un entretien qu’il a accordé à votre journal préféré, Seydou Koïta alias Seydou Balani explique les raisons de son absence sur la scène musicale malienne. Il nous parle de son nouveau concept » Balani-plus » et les raisons qui l’ont motivé à adapter au balafon des instruments modernes. Le compositeur de » Sogosogo bonbon » nous parle aussi de sa tournée nationale et internationale qui débute à partir du mois de décembre.
Révélé au grand public au tout début des années 1990, Seydou Koïta dit Seydou Balani est un virtuose du balafon. Originaire de Bougoura (Yangasso) dans la quatrième région, l’homme a aujourd’hui le vent en poupe et fait partie des rares artistes maliens qui ont beaucoup révolutionné le balafon en imposant une sonorité beaucoup plus moderne et dansante. Un changement qui conféra à cet instrument jadis consacré au monde rural, une orientation toute nouvelle. Partout sur son passage, il déchaîne les foules et suscite l’admiration de la gent féminine très accrochée au balafon. Lui et le balafon ne font plus qu’un. Au point que son nom lui est resté collé. On l’appelle affectueusement Seydou Balani. Son morceau fétiche des années 1990 « Sogosogo bonbon » a fait l’honneur de l’émission des jeunes »jouvence. Un concours artistique et culturel qui mettait en compétition les différents établissements secondaires de la capitale.
Il s’agissait pour les initiateurs d’encourager les jeunes scolaires à imiter des pas de danse développés dans le clip. Seydou Koïta a à son actif sept albums dont Tèkèreni, Diangneba, Balani-ton, pour ne citer que ceux-là. Il a également remporté plusieurs titres à l’extérieur, notamment la médaille de la préfecture de Paris qui lui a été décerné par le préfet, la médaille du comité d’organisation de la coupe du monde 2002 au Japon et la médaille que le regretté Michael Jackson lui a remise en main propre aux Etats-Unis d’Amérique. Pour la petite histoire, Michael lui a fait visiter une école de danse qu’il a créée et qui regroupe plusieurs jeunes américains. Dans l’entretien qu’il nous accordé, l’artiste explique les raisons de son absence qui se résument par la volonté de révolutionner le balafon. « Durant mon absence, j’ai travaillé énormément sur le balafon pour l’adapter à la musique moderne ».
Pour le prochain album, Seydou Koïta dit Seydou Balani, revient avec une nouvelle conception nommée Balani-plus. Dans cette nouvelle conception, l’artiste a voulu tout simplement innover à travers la combinaison de plusieurs instruments dont le piano, le ngoni et le djembé. L’objectif recherché est de donner une nouvelle orientation au balafon. Tous ces différents instruments peuvent accompagner le balafon mais le contraire n’est pas possible, a-t-il déclaré. Pour le cas du piano, l’artiste explique que cet instrument est tiré du balafon et peut remplacer plusieurs instruments de musique.
L’adaptation des instruments modernes aux instruments traditionnels est une volonté de l’artiste de s’ouvrir aux autres sonorités musicales, convaincu du fait que la musique n’a pas de frontière. L’artiste qui connait bien le balafon pour avoir côtoyé les maîtres de cet instrument hautement mythique, affirme que le rôle du balafon est d’informer, éduquer et rassembler la population. Des thèmes relatifs aux valeurs sociétales, au sens élevé du patriotisme, à l’intégrité des pouvoirs publics seront largement développés dans son prochain opus qui s’intitule ‘‘Mali dew aye ako filè » autrement dit, » les enfants du Mali, regardez derrière vous « .
Il dénonce les maux qui minent la société malienne et qui ont pour nom : les fuites de responsabilité des responsables politiques, des hommes d’affaires, des religieux et des hommes de la culture. Pour véhiculer ce message, l’artiste va entamer une tournée au début du mois de décembre dans plusieurs localités du Mali, notamment dans les régions de Koulikoro, Kayes, Ségou et Mopti. Après cette tournée nationale, Seydou Balani se rendra dans les pays à forte communauté malienne. Il s’agit du Gabon, de la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, la Sierra Leone, la Guinée Bissau et la Guinée Conakry.
Le Danemark, la France et les USA constituent les étapes de sa tournée étrangère. A travers ces différentes tournées, l’artiste invitera les Maliens à se ressaisir. Il demandera aux responsables politiques, aux érudits et aux hommes d’affaires de jouer pleinement leur rôle. Il va mettre l’accent sur le rôle historique que le balafon a joué dans nos sociétés traditionnelles. « Le Mali peut souffrir, mais le Mali ne tombera pas ». Pour cela il a fait référence aux grands érudits qui ont vécu sur cette terre depuis plusieurs siècles.