-L’Afrique destinataire de seulement 5 % des fonds concessionnels sur le clima.
Au menu de la réunion des ministres de la Zone franc, le 10 avril à Bamako, deux tables rondes dont défis des changements climatique et enjeux de la conférence des parties (COP21) prévue à Paris en automne prochain.
L’autre table ronde porte sur la surveillance multilatérale et l’endettement, thèmes chers aux banques centrales et, en particulier, à la Banque de France (qui assure le secrétariat de cette rencontre semestrielle).
L’actualité multilatérale en vue des Assemblées de printemps à Washington est aussi de la partie. Le ministre français des Finances et des comptes publics, Michel Sapin, qui a annulé une ardoise de 43 milliards de dette bilatérale au profit du Mali, a réaffirmé la position de son pays, partenaire stratégique de l’Afrique.
Rappelant les engagements de Copenhague de mobiliser 100 milliards de dollars dans le fonds vert, M. Sapin s’est posé la question de la part du public et du privé dans la lutte contre les effets du réchauffement climatique. «Si nous ne comptons que sur la solidarité internationale, on ne sera jamais à jour. Il faut mobiliser des financements privés et emmener le secteur privé à intégrer le risque climatique dans l’échelle d’évaluation de ses investissements».
A la suite du ministre français, le malien Seyni Nafo, porte-parole du groupe africain aux négociations sur le climat, a estimé que le continent noir ne reçoit qu’à peine 5% des montants globaux sur le climat. En 2030, l’impact du changement climatique pourrait atteindre 7% du PIB africain en cas de non adaptation. «L’enjeu de la conférence de Paris est d’arriver à un accord qui stabiliserait le réchauffement climatique à 1,5 degrés d’ici 2100», a déclaré l’expert.
Revenant sur les 100 milliards de dollars annoncés en 2009 à Copenhague, M. Nafo a estimé que le fonds n’excède pas 10 milliards de dollars à ce jour, jugeant nécessaire un réengagement des pays industrialisés et une redéfinition pour éviter la confusion entre les fonds climats et l’aide publique au Développment.
Présente à cette rencontre, Mme Hela Choufeirou du du fonds vert pour le climat a d’abord rappelé la multilatéralité de cet instrument basé en Corée du Sud et qui comprend maintenant 15 membres. Source de financement sous forme concessionnelle, accordant des prêts et des garanties au service de l’adaptation, le fonds n’est pas encore à la portée de tous. «En 2014, moins de 5% des financements concessionnels climats sont allés à l’Afrique», poursuit-elle.
Il convient d’éviter l’erreur des Mécanismes de développement propres (MDP) dont seulement 1 à 2% des fonds débloqués ont atterri effectivement en Afrique.
Reste à savoir comment faire en sorte que la part de l’Afrique soit prépondérante. Sur la question, Christian Adovelande, président de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) a formulé une proposition:«Nous devons renforcer les capacités et disposer d’un pipeline de projets pertinents et crédibles».
Pour sa part, le ministre tchadien des Finances, Bedoumra Kordje, a invité les pays africains à la mise en place de grands projets intégrateurs dans le domaine de l’Energie. Aguibou Soumaré, président de la Commission de l’Union économique et monétaire (UEMOA), a présenté la vision de son organisation qui espère une inversion du ratio Énergie fossile\Energie renouvelable à l’horizon 2030.
Équilibres macro-économiques d’une zone à trois vitesses
Il va sans dire que le traditionnel thème des équilibres macro-Economiques de la Zone CFA a eu droit à une grande attention de la part des participants à cette rencontre. Contraction des avoirs monétaires, hausse du crédit et accroissement de la masse monétaire caractérisent la CEMAC. En 2014, 13 pays sur quinze ont respecté trois critères de convergence de premier rang contre 8 en 2013. La performance n’aurait pas été la même si l’UEMOA n’avait pas changé de critères. l’évolution globale de la zone reste mitigée sur l’intégration commerciale. En UEMOA, la libre circulation des personnes est une réalité contrairement à la zone CEMAC.
S’agissant de l’intégration financière, la zone CEMAC est en léthargie alors que l’UEMOA engrange des succès. Parmi les recommandations, l’accélération de la stratégie de la croissance, l’intégration et, en ce qui concerne la CEMAC, la concrétisation de la libre circulation des personnes et des biens. Commentant la situation, le ministre Camerounais des Finances, Alamine Mey, s’est réjoui de l’évolution de l’état de convergence des deux zones. «On ne peut pas parler d’une union sans critères», déclare-t-il s’interrogeant sur la pertinence des instruments utilisés, leur cohérence et la simplicité de leur mise en oeuvre». De manière plus technique, le solde budgétaire de base doit-il être toujours supérieur à zéro?
Même interrogation sur le seuil d’endettement: le taux de 70% de la zone CEMAC avec un niveau de 22% des 6 pays de la CEMAC est-il pertinent ? Le Japon qui a 220% d’endettement est-il moins stable que nos pays, se demande M. Mey appelant à une meilleure lecture de la dette.
Adama Wade, envoyé spécial