Mariée récemment à un jeune cadre de la capitale, Fati est une mordue des feuilletons télévisés. Mercredi dernier, des voleurs ont cambriolé le salon de sa villa, alors que Madame regardait la TV à l’étage. Conséquence: son mari l’a renvoyée chez ses parents.
Depuis son arrivée à la Cité Unicef, où son mari a loué une jolie villa à deux niveaux, Fati s’est toujours conduite comme une épouse exemplaire. Aussi s’est-elle vite fait des copines dans ce quartier chic de Bamako. En bon Malien, son mari la comblait de tout ce dont elle avait besoin, pour la rendre heureuse.
C’est ainsi qu’en plus d’acheter un écran plasma géant, il a souscrit un abonnement aux meilleurs bouquets de chaînes télé chez un opérateur de la place. Du coup, à partir de 19 heures 30 minutes, ce sont toutes les jeunes dames des alentours qui prenaient d’assaut la villa de Fati, pour regarder les feuilletons avec elle.
Car tout simplement, chez cette dernière, non seulement on regardait trois télénovelas en une soirée, grâce à la multitude de chaînes disponibles, à savoir Térésa, Rédemption et Rivale, mais Fati alternait parfaitement les séquences du feuilleton Rédemption entre Africable, Canal 2 international et Canal 3 du Bénin. Ce qui fait que ses copines et elle étaient toujours en avance concernant les intrigues sur les autres téléspectateurs.
Au départ, son mari accepta cette situation, mais, à la longue, il ne put plus supporter la présence quotidienne de tout ce monde dans son salon. Pire, tant que les feuilletons passaient, on ne pouvait rien faire d’autre chez lui. Aussi, transporta-t-il la télévision dans petit salon qu’il s’était aménagé à l’étage.
Cette solution se révéla efficace, puisque seuls les membres de la famille avaient désormais accès au téléviseur. Malheureusement, quand toute la famille se trouvait à l’étage, il n’y avait plus personne au rez-de-chaussée.
Mercredi dernier, tandis que Fati et tout son monde étaient en train de suivre leur feuilleton, son salon reçut la visite de deux malfrats, à bord d’un tricycle à moteur. Ils enlevèrent en toute tranquillité tout ce sur quoi ils purent mettre la main dans le salon, et visitèrent même la cuisine.
Sur les coups de vingt heures, Fati demanda à son aide-ménagère d’aller réchauffer la nourriture, car son mari n’allait plus tarder à arriver. Celle-ci revint en courant lui dire qu’il n’y avait plus de bonbonne de gaz. Fati se précipita au rez-de-chaussée, pour constater que son salon était vide, de même que la cuisine. A son arrivée, son mari devint incontrôlable. Il se refusait à comprendre qu’on avait pu cambrioler son domicile alors que presque tous ses occupants étaient bel et bien présents. Malgré les différentes interventions du voisinage, il renvoya sur le champ sa femme chez ses parents.
