Pour prévenir une crise alimentaire, il est indispensable de reconstituer les stocks de sécurité alimentaire, notamment les banques de céréales
En présence de tous les intervenants du secteur de la sécurité alimentaire y compris des membres du gouvernement, les partenaires au développement et les gouverneurs de région, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra a présidé hier après-midi la 9è session du Conseil national de sécurité alimentaire. Cette rencontre annuelle organisée par le Commissariat à la sécurité alimentaire se tient à un moment difficile à tous points de vue : occupation du nord du pays, suspension de la coopération, économie nationale dans le coma…
Heureusement, toutes les nouvelles ne sont pas mauvaises. La campagne agricole 2012-2013 promet de bonnes récoltes. Il s’agit dès lors de disposer d’un bon planning de collecte de l’excédent céréalier pour compenser le déficit dans les régions structurellement déficitaires et de développer des mécanismes (bien huilés) de prévention.
C’est à cela qu’a travaillé le Système d’alerte précoce qui a pu recueillir toutes les informations nécessaires sur le terrain. Passées au peigne fin auparavant par un comité d’experts, les différentes recommandations sont soumises au Conseil national de la sécurité alimentaire, la plus haute instance de décision en matière de sécurité alimentaire.
Le Premier ministre n’a pas manqué de souligner l’urgence d’agir pour prévenir une crise alimentaire à venir. Il a également annoncé que les besoins de financement vont au delà des 110 milliards Fcfa. Déjà, plus de 46 000 tonnes de céréales ont été gratuitement distribuées dans 104 communes nécessiteuses. D’autres activités d’appui en intrants agricoles et d’aliments pour le bétail ont été conduites.
« Face au contexte socio-économique de notre pays, la situation alimentaire s’est dégradée malgré la bonne campagne agricole en cours », a analysé le Premier ministre qui a longuement remercié et encouragé les partenaires techniques et financiers qui interviennent dans notre pays depuis des années. « J’ose croire en leur disponibilité constante pour accompagner notre pays à faire face à la situation alimentaire du nord et du centre », a ajouté Cheick Modibo Diarra jugeant qu’il est indispensable de reconstituer les stocks de sécurité alimentaire, notamment les banques de céréales.
A ce sujet justement, le représentant du Programme alimentaire mondial, coordonnateur du PRMC (Programme de restructuration du marché céréalier constitué de partenaires techniques et financiers), Zlatan Milizic, a lui aussi insisté sur la mise en œuvre d’actions urgentes pour soulager la souffrance des populations fuyant la barbarie des nouveaux occupants.
Réaffirmant la disponibilité des partenaires techniques et financiers à injecter davantage de ressources dans le domaine de la sécurité alimentaire, Zlatan Milizic a appelé les autorités de notre pays à réviser le dispositif de sécurité alimentaire pour mieux l’adapter à la nouvelle situation de crise que connaît notre pays.
En 2011-2012, plusieurs activités prévues par le Commissariat à la sécurité alimentaire n’ont pu avoir lieu, faute de ressources financières suffisantes. En guise d’exemple, le commissaire à la sécurité alimentaire, Nouhoum Tamboura, a évoqué le retard de la mise en place d’un fonds de sécurité alimentaire qui n’atteint pas encore le seuil du milliard. Or, ce fonds aurait pu servir à l’achat, à bonne date, de l’excédent céréalier qui permettra la reconstitution des stocks de sécurité.
On peut ajouter, toujours à titre d’exemple, l’achat de 70 000 tonnes de céréales pour la vente à prix modérés ou encore l’achat des 15 000 tonnes de céréales destinées à la reconstitution du stock national de sécurité alimentaire.
Le ministre de l’Action humanitaire, Mamadou Sidibé, a fait le point des activités menées par son département pour aider les 94 109 personnes déplacées (dont 29 000 enfants) à l’intérieur du pays et vers d’autres contrées. Le département a commencé par une identification des besoins et des intervenants avant de créer des comités de crise dans toutes les régions. Ensuite, il faut intervenir avec la gestion des dons, une assistance psychologique et la création d’un centre à Mopti et deux autres à Bamako. La réflexion est cours, annonce le ministre Sidibé, pour créer d’autres centres en prévention d’un mouvement massif de populations en cas d’intervention militaire dans le Septentrion.
Au total, 26 milliards de Fcfa sont nécessaires, sur trois ans, pour permettre au ministre Sidibé de mettre en œuvre son plan d’urgence. A ce propos, le Premier ministre a demandé d’y insérer un programme de rapatriement volontaire de nos compatriotes réfugiés.