« Le MNLA perd du terrain au Mali et en gagne au Burkina Faso ». Cette boutade d’un combattant du Gandakoye témoin des récents évènements à Menaka, illustre à elle seule la bizarrerie de la médiation de Blaise Compaoré dans le conflit malien.
Chaque fois que le MNLA est attaqué par l’un de ses anciens compagnons d’armes, un hélicoptère en provenance du Burkina Faso atterrit au Nord du Mali. Les derniers en date selon ce combattant qui a requis l’anonymat sont celui de Tinebaw un campement à 25 km de Ménéka, le lundi 19 novembre 2012 et celui qui a enlevé 40 blessés du MNLA le mardi 20 novembre. Trois jours avant ce sont 27 blessés du MNLA qui se sont vus évacués par le même moyens à Ouagadougou où ils se soignent et se remettent tranquillement selon notre interlocuteur. Ce financement du MNLA par celui qui est censé être le médiateur de la CEDEAO, constitue une véritable insulte aux milliers de victimes de ce mouvement raciste, qui a tué, violé et pillé le Nord du Mali au su et au vu de la terre entière. Blaise Compaoré tient au MNLA comme à la prunelle de ses yeux. Pourquoi ? Allez savoir ! Sur les conseils de ce groupe manipulateur, il refuse tout dialogue avec le MUJAO, son compère dans la criminalité, composé pourtant en grande majorité d’arabes maliens. Cet autre mouvement terroriste après avoir détruit le campement MNLA de N’Délimane près d’Ansongo, a foncé sur Menaka pour « en finir avec le MNLA » selon les propos de son chef de guerre. En les faisant venir sur les villes et villages sédentaires, le MNLA leur a fait miroiter mille et unes merveilles. Mais, habitués à la traîtrise, les ex mercenaires de Kadhafi, « laïcs » selon leurs nombreux amis occidentaux, voulaient, ces derniers jours, jouer avec leurs complices pour tromper la vigilance de la communauté internationale. Se sentant floués les islamistes se sont lancés aussitôt dans une expédition punitive, contre leurs éclaireurs. « La main punitive de Dieu est infaillible et elle fera payer à tous les traîtres les horreurs qu’ils ont fait vivre à nos populations, notre seul regret est que la population innocente de Menaka souffre plus que ces apatrides que Blaise tente de sauver » a lancé amer un jeune membre des FPR en mission de reconnaissance dans la zone. Ce qui se passe n’est pas le goût des complices du MNLA et ils donnent secrètement les moyens à Blaise Compaoré, d’organiser la sale besogne de leur sauvetage politique et militaire. Alors que la culpabilité du MNLA est double. « Il a commis la plupart des crimes, il a délibérément offert les villes Songhay à ses invités d’AQMI et du MUJAO, pour qu’ils y violent, tuent et chassent par la terreur les autochtones, véritables habitants du Nord du Mali » s’insurge le jeune résistant. Il est donc le premier responsable de ce qui est arrivé et qui continue d’arriver comme malheur à tous ceux qui sont partis loin de chez eux, ou qui par conviction profonde en la justice divine attendent de façon résignée le départ des bandes criminelles. Il est également le premier responsable des faits et gestes des autres groupes, étant celui par qui ils sont arrivés, se sont rendus maître de Gao et Tombouctou, respectivement capitales politique et économique de l’Empire Songhay. Mais comme l’a dit le sage du village de Batal près de Gao, « le Mali n’aura pas besoin de tirer un seul coup de feu pour faire partir les agresseurs », la prophétie est-elle entrain de se réaliser ?
« La pression de Blaise Compaoré sur les autorités de la transition est telle qu’elle ne laisse guère le choix d’une préparation lucide à notre peuple, de donner une réponse appropriée à la trahison dont le Mali a été victime. Elle ralentit aussi les efforts d’une Communauté Internationale qui se veut solidaire du Mali mais qui reste confuse, sur le bout à choisir pour remettre dans leurs droits les populations dans les zones occupées » constate un cadre ressortissant du Nord du Mali.
« Mais ce faux calcul du médiateur de la CEDEAO, poursuit-il, n’est pas sans conséquence. Il comporte en lui-même le germe de la déstabilisation à venir pour longtemps. Blaise ne s’est jamais interrogé sur les crimes commis depuis Aguelhok jusqu’à Douentza en passant par Gao et Tombouctou. Il a fermé les yeux sur les larmes et le sang qui ont coulé et qui continuent de couler sur des terres jadis hospitalières et généreuses ».
Pressé de parvenir à une solution négociée et de mettre à l’abri les plus nocives bandes criminelles du Sahel, et, se battant l’œil de l’opinion et du sentiment légitimes des maliens, le président du Faso agit comme si la négociation était une fin en soi qui règle comme par magie tous les aspects du problème. « Ayant permanemment sous les yeux et dans les oreilles les théories d’un MNLA qui a élu domicile chez lui et qui tente de le manipuler, Blaise est devenu sourd aveugle sur les vraies réalités qui ont fait le passé et qui feront l’avenir du Nord du Mali. Dans sa logique le Mali et son armée ne sont qu’un interlocuteur comme le MNLA et Ansardine, les populations sédentaires, largement majoritaires, des éléments ordinaires sans qui tout peut bien se passer et les mouvements d’autodéfense Gandakoye et Gandaïzo, des tirailleurs qui accepteront le fait accompli » lance ironique ce cadre de Forces Patriotiques de Résistance (FPR).
Tous les observateurs s’accordent à dire que malgré l’état de notre pays, il y’a des choses que nous ne saurions accepter. Le Mali n’a jamais cherché autre chose que la paix, mais la paix qui nous laisse notre dignité, notre unité et notre territoire. La paix qui consacre l’égalité des chances et qui consacre la justice par la quelle s’élèvent les nations. Pas une paix qui déforment nos réalités au profit d’individus dont le seul argument légitime sont les armes qu’ils braquent sur nous, pas une paix qui fait de nous les otages de pays étrangers, pas une paix qui laissent ouvertes nos blessures, bref, pas une paix dictée par la peur. Il ne s’agit donc pas pour les autorités de la transition de se glorifier d’avoir signé des négociations sans lendemains, mais d’offrir au Mali une paix durable et une paix juste. Il s’agit de faire comprendre aux groupes criminels qu’ils ne représentent pas la population du Nord du Mali. Il s’agit de leur faire comprendre qu’on n’obtient rien par les armes dans un pays de Démocratie. Il s’agit enfin de ne pas donner l’impression que les armes peuvent changer les réalités que des milliers d’années ont patiemment construites. En se précipitant sur la main scélérate à lui tendue par les bandits armés « maliens », Cheick Modibo Diarra, malgré sa bonne foi, risque de passer par là où sont passés tous ceux qui ont eu le malheur de faire confiance à des gens qui, ayant perdu toute maîtrise sur leurs propres créatures, veulent aujourd’hui se servir de nous comme bouclier, contre le coup mortel à nous destiné initialement et qui risque de les emporter. « Si le MNLA ou Ansardine veulent négocier, qu’ils prouvent leur bonne foi en éloignant AQMI du Mali. Qu’ils remettent le MUJAO a sa place. Qu’ils nous livrent les assassins d’Aguelhoc, les violeurs et les pilleurs de nos villes, qu’ils remettent nos armes. Etre maliens ne les absout en rien concernant les crimes commis. Piller sa propre famille est mauvais, mais se faire accompagner d’étrangers pour la détruire et la brûler est un crime impardonnable aux yeux des hommes et à ceux de Dieu Tout Puissant. Le Mali ne l’oubliera jamais, et la seule négociation qui vaille est celle de déposer les armes et de se mettre à la disposition de la justice. Tout autre calcul serait une épée de Damoclès sur la tête des maliens d’aujourd’hui et une épine dans le pied de ceux de demain » conclut cet ancien gardien de nuit à Accra au Ghana, devenu par la force des choses, chef d’unité au Gandakoye quelque part, entre Gao et Ansongo.