Dans les coulisses, il se dit que la présidence de la Commission nationale de négociation qui sera mise en place pourrait être attribuée à l’ancien président, général Moussa Traoré, ou à Tiébilé Dramé, vice-président de la Coalition pour le Mali.
Maintenant que la communauté internationale semble s’être ouvertement désolidarisée d’une intervention militaire au Nord du Mali, c’est à ce pays de chercher les voies et moyens d’une sortie de sa crise par le biais du dialogue, de la négociation. A son retour de Paris fin juillet, le président par intérim, Dioncounda Traoré, a promis à plusieurs reprises de mettre en place une structure de dialogue avec les groupes armés du Nord du Mali. Après que le président français François Hollande eut souligné, la semaine dernière, la nécessité que le «dialogue politique s’intensifie entre les autorités maliennes et les représentants des populations du nord du Mali qui rejettent le terrorisme», le haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, Pierre Buyoya, a, à son tour, insisté une nouvelle fois sur l’urgence de l’installation par les autorités maliennes de la commission nationale pour la négociation avec la rébellion du Nord. Le président mauritanien, en convalescence à Paris, ne dit pas autre chose. D’autant plus que l’éventualité d’une intervention militaire s’éloigne, notamment après les déclarations du représentant des Nations Unies, Romano Prodi, selon lequel la force africaine ne pourrait pas intervenir avant fin septembre 2013.
Désormais, pour sortir de la crise, la majeure partie des forces vives de la nation malienne acceptent le principe d’un dialogue inclusif. C’est la raison pour laquelle il a été ajouté à l’ordre du jour des Concertations nationales qui vont se tenir les 26, 27 et 28 novembre prochain, à Bamako, la mise en place d’une Commission nationale de négociation. Il est à rappeler que ces Concertations nationales ont pour objectif général de doter le Mali d’organes capables de recouvrer son intégrité territoriale. Comme objectifs spécifiques, il y a au menu des Concertations nationales l’adoption d’une feuille de route devant régir la transition et l’améliorer ses organes.
La Commission nationale de négociation est l’organe le plus demandé par la communauté internationale. Ce serait d’ailleurs le principal motif de la visite officielle à Bamako, le 19 octobre dernier, du président nigérian Goodluck Ebele Jonathan, en sa qualité de co-médiateur dans la crise malienne. Effectivement, il a rencontré bon nombre des forces vives du pays, parmi lesquelles l’ancien président, général Moussa Traoré. La rumeur selon laquelle le président nigérian aurait proposé ce dernier comme président de la Commission nationale de négociation avait couru les rues de Bamako. Entre temps, ces rumeurs se turent. Mais depuis quelques jours, à la veille des Concertations nationales devant donner jour à cette fameuse commission, le nom du général déchu refait surface.
Il ne serait pas le seul. On parle également de Tiébilé Dramé, président du parti Parena et vice-président de la Coalition pour le Mali. Il nous est parvenu, de sources concordantes, des coulisses de la préparation des Concertations nationales que le Premier ministre Cheick Modibo Diarra, aurait proposé à son beau-père de présider la commission qui serait chargée.d’échanger avec le Mnla et Ansar Eddine, pour sortir le Mali de sa situation actuelle. Selon les mêmes sources, ce dernier aurait décliné l’offre, tout en disant qu’’il restait à la disposition de la nation comme personne ressource. Quant à la proposition de Tiébilé Dramé à la tête de ladite commission, elle est cautionnée par le président Dioncounda Traoré. Faut-il le rappeler, c’est en Tiébilé Dramé que Dioncounda Traoré a placé sa confiance lorsqu’il a entamé les premiers pourparlers avec l’Algérie et la Mauritanie, il y a sept mois. En effet, Tiébilé Dramé a été le premier émissaire du Mali auprès des pays du Champs. L’homme connait très bien le dossier du nord. Une expertise qui lui vient sans doute de l’époque où il était ministre des zones arides et semi arides. De plus, son parti est le seul qui a régulièrement attiré l’attention des différents gouvernements sur le risque de crise dans la bande sahélo saharienne, en général, et dans le nord du Mali, en particulier. Le Parena a, en effet, tenu plusieurs rencontres dont certaines d’envergure internationale sur les questions du Sahel, assises qui ont toujours débouché sur des propositions concrètes de prévention de conflits.
En 2006 déjà, ses parlementaires ont été pratiquement les seuls à dénoncer et fustiger l’Accord d’Alger par lequel le gouvernement malien a cédé à la volonté des rebelles de démilitariser le nord du pays, livrant ainsi cette zone à toutes les menaces. La suite est connue. Aujourd’hui plus des deux tiers du pays sont occupés par des groupes armés multiformes, tous autant criminels.
Le Mali gagnerait beaucoup à sa nomination à un tel poste surtout que, selon nos sources, Dioncounda Traoré ne veut pas du général déchu comme président d’une commission aussi importance pour la destinée du Mali. Et Malgré les messages qu’il aurait reçus du Nigéria pour accepter l’ancien président à la tête de ladite commission, le président intérimaire resterait sur sa position.