Il est comédien dans le sang, rappeur, animateur de radio et télé (émissions musicales), il est aujourd’hui un acteur du cinéma pour avoir joué dans plusieurs séries télé au Mali. Actuellement, il joue le rôle de Momo dans la série » les concessions » qui passe sur le petit écran. C’est avec ce jeune acteur de la nouvelle génération que nous nous sommes entretenus pour parler de sa carrière d’acteur de cinéma.
Ce présentateur d’émission télé parle de la crise sociopolitique que connaît notre pays. Il pense que » en quelque chose malheur est bon ». Même s’il dit être optimiste.
Bamako Hebdo : Quelles sont vos impressions après le tournage de la série les concessions ?
Boh Diallo : Je dirai tout simplement que la comédie est innée chez moi. Je viens d’une famille où ma maman sait jouer tous les rôles, on est plutôt comique en famille. Ça fait un bout de temps que je suis dans le domaine du cinéma, mais j’avoue qu’après le plateau des concessions, j’ai senti que ça m’a servi à beaucoup de choses, je me suis mis dans la peau d’autres jeunes, d’autres personnages, pour incarner un peu l’image de la nouvelle génération. Je peux dire que l’après plateau m’a permis de gagner en maturité, d’être sûr de mon talent d’acteur.
En fait aujourd’hui, je sais que j’ai au moins une place au niveau de la sous région ouest africaine. J’occupe une place d’acteur incontournable de la nouvelle génération. Après les concessions, mon projet sur Vox africa est connu de tous. Je continue toujours avec mon émission sur cette chaîne de télévision.
Comment vous avez vécu le coup d’Etat, et qu’avez -vous fait ?
Le 22 mars on a assisté à un événement incroyable qui nous a vraiment pris de court, c’est après que les Rasbacht, Ramsès de Tata Pound, Ousmane Diadié Touré cinéaste de profession, se sont réunis et ils nous ont fait appel avec Abba Samassékou pour dire de créer les Sofas de la République, en notre qualité de porte drapeau et référence de la jeunesse. On s’est dit que si le coup d’Etat a eu lieu, c’est que tout le monde n’a pas joué son rôle.
Et dans tous les domaines. On s’est dit que nous aussi, nous sommes fautifs et donc désormais on va s’intéresser à la chose politique en nous impliquant davantage pour aller vers des actions citoyennes. Depuis le coup d’Etat, nous avons mené des activités qui nous ont permis de comprendre que nous avons un rôle à jouer.
Il s’agit de cultiver l’éveil de conscience chez la nouvelle génération, parce qu’on constate qu’il y a beaucoup de jeunes qui sont manipulés par les hommes politiques. On s’est donné pour mission de dénoncer et proposer des solutions. A travers nos activités, la junte pensait qu’on était contre elle, les politiciens avaient pensé la même chose. Nous ne sommes avec personne, nous sommes avec l’intérêt général de la nation malienne.
Comment vous voyez la situation sept mois après le coup d’Etat ?
Je dirai par rapport à cette crise qu’à quelque chose malheur est bon. Ce coup d’Etat a été une gifle qui doit servir de leçon à tout un chacun.
En tant qu’homme de média et acteur de cinéma, la crise me touche et le domaine est touché, tout le monde sait que le domaine artistique est à terre. Parce que dans un pays où il n’ y a pas la paix, il n’y a pas la stabilité, les artistes sont les premiers touchés, mais on reste optimiste. Parce qu’il y a au moins un gouvernement d’union nationale, dont la priorité est d’aller libérer le nord. Qu’on arrive à dépasser cette étape main dans la main et sans rancune tout en disant que le Mali c’est pour nous tous.
Faut-il dialoguer ou faire la guerre ?
J’ai toujours été un passif. Pour ce qui est du nord, l’heure n’est plus aux négociations, quand on pense au nombre de morts, et aux conséquences de cette crise. Sincèrement, l’heure n’est plus aux négociations, l’heure est à une intervention militaire. Pour libérer le nord et punir ces assaillants qui ont osé prendre des armes, il faut une bataille implacable. Les Maliens doivent se donner la main pour bouter ces bandits hors de nos frontières.
Revenons à la culture, que pensez-vous du ministre de la culture ?
Bien avant la crise, la culture était mal lotie par les autorités d’alors, quand on voit des pays comme les Etats Unis, et d’autres puissances occidentales qui ont mis la culture au centre de leur politique, on ne comprend pas la politique que mènent nos autorités pour promouvoir la culture. Avant la crise, la culture était abandonnée, avec la crise, rien ne bouge. Il n’y a aucune politique concrète pour une sortie de crise. Alors que seule la culture peut sauver le Mali.
En tout cas, ce ministre ne prouve rien de concret, il peut avoir la volonté mais on ne voit rien venir. Peut être qu’on parle de tout le monde, mais on ne dit rien des acteurs de cinéma, encore moins des grands artistes qui peuvent être des porte drapeaux de la crise malienne de part le monde. Mieux, il est temps qu’on pense à la culture, à ces hommes et femmes qui ont tout donné à ce pays et consacré leur vie pour l’émergence du Mali, mais tout cela passe par un bon ministre de la culture.
Avez-vous des projets ?
Le projet qui me tient à cœur, c’est toujours le projet Afric hip-hop qui tourne dans la sous-région. Actuellement, je reste au Mali, pour mener à bien les combats que nous faisons dans le cadre des activités des Sofas de la République, c’est ce qui me retient le plus, parce que c’est au moment où ça ne va pas dans son pays, qu’il faut s’impliquer davantage. Si nous fuyons tous, qui va faire ce pays ? Parce que l’avenir c’est nous.
Mon émission Afric hip-hop continue, mais je mène pleinement les activités des Sofas pour faire l’éveil de conscience, parce qu’il faut que chacun s’implique dans la construction du pays. En prenant désormais sa carte d’électeur, nous devons voter pour des projets et non pour le thé, le sucre ou autres gadgets. Je pense à ma carrière aussi. Je veux continuer en dehors du continent pour réaliser mon rêve de grand réalisateur de cinéma. Un autre projet avec le grand Saxe c’est le retour de Pankendouss sur les ondes, parce que depuis 2008 que j’ai quitté la K2FM, je n’ai pas travaillé pour une radio, donc ce sera sur RFM Bamako, ça fait partie de mes projets.