A la faveur de la fête anniversaire de son parti, ce 4 mars 2015, le président des Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence a souligné la forte préoccupation des Maliens par rapport à la dégradation de la situation socioéconomique et sécuritaire du pays. Il a, par ailleurs, insisté sur le choix des Fare de s’inscrire dans une opposition républicaine, démocratique et patriote.
«Le Mali face aux défis de la sécurité et de la bonne gouvernance économique». Tel fut le parti thème autour duquel les Fare de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé a célébré, samedi, à la Maison des aînés, le deuxième anniversaire de sa création. Ce fut une occasion pour ce parti de l’opposition de jeter un regard rétrospectif sur son parcours, passer en revue certaines questions d’intérêt national, mais surtout réaffirmer son ambition pour le Mali. Ainsi, dans son discours, le président du parti, Modibo Sidibé, avait salué d’emblée l’engagement et la détermination de ceux-là dont les efforts ont permis la création, il y a deux ans, et l’implantation du parti Fare qui a participé aux élections présidentielle et législatives de 2015. «Les Fare Anka Wuli sont bien sur l’échiquier politique et dans le peloton de tête», s’est-il réjoui. Force de renouveau et d’émergence, les Fare sont, a-t-il dit, fondamentalement transformatrices, porteuses de changement, d’une gouvernance pour le développement, de vision et de valeurs. Parlant des orientations que le parti s’est données lors de son premier congrès ordinaire en mars 2014, le président des Fare a rappelé que la confirmation de leur vision de développement à long terme du pays, décliné dans le projet «Mali 2030», est un véritable pacte d’avenir que le parti se doit de disséminer, de débattre et de constamment améliorer. L’autre orientation du parti, c’est le choix d’une opposition républicaine et démocratique. «Nous y développons une culture de l’opposition responsable, critique et patriote, parce que nous sommes animés par l’exigence de construire une alternative politique crédible pour notre pays et donner une perspective à notre peuple», a – t -il affirmé. Convaincu de la pertinence de ce choix, l’ancien Premier ministre a rappelé que son parti ne se lassera jamais de faire connaître le sens de sa démarche. Aussi, a-t-il souligné la nécessité de remettre le dialogue et les débats ouverts au cœur de l’action politique rénovée afin de répondre aux préoccupations des Maliens.
Pour justifier le choix du thème, objet de la rencontre du jour, Modibo Sidibé a estimé que «les Maliens et les Maliennes sont fortement préoccupés par la dégradation de la situation sécuritaire et de la situation socioéconomique, et, dans les deux cas, par l’absence de perspectives». Partant, il a jugé pertinent le fait que ces défis soient analysés ensemble, tant, dit-il, l’absence de sécurité hypothèque les efforts de développement et, réciproquement, la fragilité socioéconomique favorise les conflits et l’insécurité. «La recrudescence de l’insécurité urbaine et interurbaine sur l’ensemble du territoire, les vols de bétails et autres en milieu rural sont sources d’inquiétude pour les populations car, elle réduit leur mobilité et pèse sur l’économie locale», a déplore l’orateur, estimant que les récents actes terroristes perpétrés à Gao et à Bamako ont fini par convaincre les Maliens de la dimension djihadiste et régionale de l’insécurité qui frappe ici comme ailleurs.
Au sujet des défis de la gouvernance économique, un des volets du thème de la conférence, M. Sidibé a rappelé que notre économie a été fortement impactée par la crise de 2012. Conséquences: le chômage des jeunes s’est accentué, la relance économique en panne, la crédibilité de l’Etat affectée par les problèmes de gouvernance, des indicateurs sociaux critiques, etc. «Dans ce contexte économique, et avec des défis comme celui de l’évolution démographique forte-330 000 jeunes sur le marché de l’emploi en 2030-comment puissions-nous parvenir à une gouvernance économique forte à même d’accélérer le développement et d’enclencher la transition indispensable et développer notre capital humain ?», a-t-il interrogé.
Sur le plan international, Modibo Sidibé a fortement remercié le peuple nigérian qui, en dépit de l’épreuve sécuritaire à laquelle il fait face, vient de tracer la voie du renouveau démocratique dont les Fare se réclament.
Au terme des débats, le président des Fare a estimé que les modèles institutionnels et économiques nés avec les indépendances ne sont plus en mesure de donner efficacité et cohérence même aux programmes les plus judicieux. «Il nous faut changer de modèle. L’enjeu est historique pour le Mali et pour l’Afrique», a-t-il suggéré.
Il importe de rappeler que plusieurs responsables politiques de l’opposition ont pris part à cette rencontre. Il s’agit notamment de Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition et président de l’URD, Tiémoko Sangaré de l’Adema, Daba Diawara du Pids, Ahmadou Abdoulaye Diallo du Pdes, Soumana Sako de la Cnas Faso Hèrè, Djiguiba Keïta du Parena, Modibo Kadjoké de l’APM-Maliko, Amadou Goïta du PS-Yelenkura et Alassane Dembélé de l’Ancd.
Bakary SOGODOGO