Depuis un certain temps, les positions divergent par rapport à l’organisation des concertations nationales. Dans ce cafouillage qui complique davantage la situation du Mali, la Convergence pour sauver le Mali (CSM,) par la voix de son Coordinateur national, Me Mountaga Tall, a levé (hier jeudi) la suspicion sur son intention quant à la tenue des concertations nationales du 26 au 28 novembre. Dans le fond, le regroupement prône le report de la date et opte pour le dialogue afin que tout le monde y participe.
Depuis les évènements du 22 mars 2012, les Maliens sont divisés. De graves menaces pèsent sur l’existence même du Mali en tant que Nation, Etat et République. Parmi les multiples solutions proposées, une seule faisait l’unanimité : la nécessité, pour les Maliens, de se parler, se comprendre et s’unir afin de pouvoir faire face aux épreuves. C’est ainsi que l’idée d’organiser des concertations nationales a fini par s’imposer. De façon implicite ou explicite, les partis ou regroupements sociopolitiques, les forces sociales significatives, les représentants des forces armées et de sécurité, les partenaires et les autorités de la transition se sont finalement ralliés à cette idée présentée comme un impératif pour sortir le Mali de la crise. Les concertations nationales apparaissent ainsi comme la condition sine qua non pour assurer la stabilité de la transition avec des organes efficaces et cohérents dans leurs relations fonctionnelles et avec, comme objectifs, la réunification du pays et l’organisation d’élections démocratiques, transparentes et crédibles dans des délais raisonnables.
Cependant, ces concertations nationales dont le principe est unanimement accepté continuent de diviser sur un point particulier : peuvent-elles et doivent-elles être souveraines ? Pour le Coordinateur national de la CSM, Mountaga Tall, il faut reporter la date des concertations nationales. «Il faut du temps pour que tout le monde vienne y participer », déclare-t-il. Selon lui, la communauté internationale a besoin d’un Mali uni. C’est pourquoi elle demande aux Maliens de démontrer qu’ils sont unis pour faire face à l’essentiel. « Pour atteindre cet objectif, on ne peut pas exclure ni s’auto s’exclure. Il faut que tout le monde soit au rendez-vous », a souligné Me Tall avant de recommander de reculer la date des concertations car pour lui, il ne s’agit pas d’aller détruire, mais de consolider les acquis. « S’il s’agit d’entrer en salle, il faut que nous soyons à 90% unis. Chacun doit mettre en avant ce qui est dans toutes les têtes : le Mali d’abord », indique-t-il avant d’ajouter : «Il n’est pas souhaitable d’avoir une rencontre qui détruise plus qu’elle n’unisse. Nous considérons les concertations nationales comme un moyen de construire le Mali car nous sommes en déphasage avec les organes de la transition ». Les concertations nationales ne sauraient être l’occasion d’une remise en cause du retour à l’ordre constitutionnel accepté par tous. Cependant, vouloir un régime d’exception, c’est rompre de nouveau avec la communauté internationale. Après beaucoup d’efforts, notre pays est sur le point de renouer avec la communauté internationale. Ces efforts doivent être soutenus et non anéantis.
Enfin, un régime d’exception nous ramènerait non pas à la situation qui a amené le CNRDRE à signer l’Accord-cadre, mais à une situation beaucoup plus difficile à gérer car toute la communauté internationale se joindrait à la CEDEAO pour sanctionner, isoler, voire attaquer le Mali. Par ailleurs, la déclaration solennelle des forces vives du Mali à Ouagadougou a prescrit que les principaux acteurs de la transition (le Président de la transition, le Premier ministre, les membres du gouvernement et les membres du CNRDRE) ne soient pas candidats à l’élection présidentielle. Toute remise en cause de cette décision ne serait pas logique et pourrait être dangereuse. Aussi, la durée de la transition doit être fixée en tenant compte des contraintes liées aux missions fondamentales qui lui sont assignées, à savoir la libération des régions occupées du Nord et l’organisation des élections présidentielles et législatives. En plus, la déclaration des forces vives du Mali à Ouaga a recommandé que la durée de la transition soit déterminée par le cadre de concertation des forces vives, en tenant compte de la restauration de l’intégrité territoriale et de l’évaluation technique du processus électoral. Et ce sont les concertations nationales qui pourraient effectuer ces travaux pour que les autorités de la transition puissent marcher et pour que le Mali gagne. C’est pourquoi la Convergence pour sauver le Mali (CSM) a proposé le report de la date des concertations nationales afin que tout le monde puisse y participer.