Le Mnla et ses alliés tiennent tête à l’Algérie, au Conseil de Sécurité de l’Onu et à la communauté internationale, en persistant dans leur refus de parapher l’accord de paix trouvé au bout de huit longs mois de négociation. Le vendredi 10 avril 015, le Mnla et ses alliés ont à nouveau déclaré qu’ils ne pourront “pas parapher “l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali” dans son état actuel et à la date indiquée” et qu’ils réitèrent leur “attachement à la prise en compte des amendements remis à la mission internationale, le 17 mars 2015 à Kidal, amendements qui constituent l’essentiel des revendications de l’Azawad”. Une déclaration qui fait suite et à l’appel de l’Algérie à ce qu’ils viennent parapher le projet d’accord de paix le 15 avril courant et à l’injonction faite par le Conseil de Sécurité qui les a “engagés” “à signer” ledit “projet d’accord”.
Les amendements auxquels le Mnla et ses alliés se disent attachés sont au nombre de quinze, mais ils portent essentiellement sur la reconnaissance “politique, juridique et territoriale” de l’Azawad, sur la création d'une assemblée interrégionale couvrant cette zone, et sur un quota de "80% de ressortissants de l'Azawad" dans les forces de sécurité. Donc une autonomie pour cette zone au nord du Mali.
Dans une lettre envoyée jeudi 9 avril 2015 à tous les protagonistes du dialogue inclusif inter-malien, le médiateur algérien a invité toutes les parties à être présentes le 15 avril à Alger pour prendre part à une cérémonie de paraphe du projet d’accord de paix. Dans cette correspondance, l’Algérie assure que le Mnla et ses alliés, réunis au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad, lui ont “notifié” leur “décision de procéder au paraphe de l'accord” et qu’ils le feront le 15 avril. Aussi l’Algérie ajoute t-il que “nouvelles consultations informelles de courte durée pour clarifier et arrêter la méthodologie” en vue de la signature et de la mise en œuvre de l'accord de paix.
Le vendredi 10 avril, le Conseil de Sécurité de l’Onu a fait une déclaration sur le Mali, travers laquelle il dit qu’il considère le projet d’accord de paix d’Alger comme étant “équilibré et global”. Puis le Conseil de Sécurité a “engagé les groupes armés de la Coordination à signer le projet d’accord et demandé à tous les acteurs d’user de leur influence sur les parties maliennes à cette fin.”
Le même vendredi 10 avril, malgré les appels de l’Algérie et du Conseil de Sécurité de l’Onu, la Cma a publié un communiqué dans lequel elle déclare réaffirmer “sa disponibilité à donner toutes les chances à l’aboutissement d’un paraphe” et a réitéré “encore une fois, son attachement à la prise en compte des amendements qu’elle a remis à la mission internationale, le 17 mars 2015 à Kidal, amendements qui constituent l’essentiel des revendications de l’Azawad”. Et que “par conséquent, la Cma, informe qu’elle ne pourra pas parapher “l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali” dans son état actuel et à la date indiquée.”
Le porte-parole du Mnla, Moussa Ag Attaher, a confirmé cette déclaration en affirmant que les amendements émis par la Cma n'ont pas été pris en compte et que toutes les parties membres de la Coordination sont d'accord pour ne pas signer : “Nous confirmons que les mouvements réunis au sein de la Coordination des Mouvements de l’Azawad, la Cma, ont décidé suite à de larges consultations et des échanges de ne pas parapher les documents dits "Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Le point crucial qui constitue l’épine dorsale des aspirations légitimes du pays de l’Azawad, c’est la réalité du statut politique et juridique de l’Azawad, et ce statut est complètement ignoré dans les documents, alors que ce statut politique demeure le nerf de notre lutte et de notre combat depuis toujours.”
Au moment où nous mettions cette édition sous presse, les autres membres de la Cma, notamment le Hcua, le Maa, la Cpa, n’avaient pas fait de déclaration. Mais à en croire le porte-parole du Mnla, ces autres groupes partagent le même point de vue que son mouvement.
Moussa TOURÉ