Depuis la rébellion des années 90 jusqu'à celle de 2012, le Mali continue à être victimes des attaques des groupes refugiés dans deux pays voisins: la Mauritanie et le Burkina Faso. Quand les rebelles ne sont pas en activité dans ces deux pays voisins du Mali, ils se transforment en bergers ou se fondent dans la population en refugiés en cachant leurs armes dans la brousse. Tous ceux qui attaquent notre pays à partir de ces deux pays, ont l'aval des autorités de ces deux pays. La rébellion ne peut se faire sans armes, sans pays de repli en cas de difficultés et sans logistique.
Le Mali vient de recevoir deux attaques lâches des groupes armés dans les zones de Boulkessi et de Boni, des localités situées toutes dans la région de Mopti. Des civils tués et un gendarme malien blessé (Boni).La communauté internationale et les pays voisins n'ont pas levé le petit doigt. Il a fallu qu'un groupe armé enlève un agent de sécurité d'une entreprise minière dans le nord du Burkina (la localité de Tambao) de nationalité roumaine, pour que l'alerte générale des forces maliennes, burkinabé, nigériennes et françaises de Barkhane soit déclenchée.
Quel paradoxe! Les groupes armés qui attaquent le Mali dans le Gourma opèrent au Niger et au Burkina Faso. Et dans cette situation, le Niger est blanc comme neige. Toutes les souffrances du Mali en provenance de son Gourma, viennent du capitaine-président Blaise Compaoré et de ses gouvernements successifs. Dans les années 1990, c'était le rebelle malien Rhissa Ag Sidi Mohamed du Front populaire de libération de l’Azawad (FPLA) qui lançait des attaques contre le Mali à partir du Gourma. Si les efforts étaient coordonnés comme dans ce dernier cas de l'enlèvement du citoyen roumain, la rébellion dans le Gourma de notre pays sera vite oublié.
Ce n'est pas avec l'enlèvement d'un blanc qu’il y a alerte générale. Cela signifie le mépris que les européens ont pour les noirs et du mépris que les dirigeants africains ont pour leur peuple. Ce n'est pas aujourd'hui que le Burkina poursuit des groupes armés jusque sur le territoire malien. Sous Blaise Compaoré, les soldats burkinabés se promenaient dans la région de Gao et Tombouctou comme dans leurs hameaux du Burkina. C'est avec la même facilité que le criminel Bilal ag Chérif a été exfiltré de Gao en 2012 lors de la débâcle de son Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) avec le Mouvement pour l’unité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO). Il faut que les autorités burkinabè de la transition comprennent qu'ils doivent revoir leur copie vis-à-vis du Mali qui est un pays frère. Ce qui est arrivé au Mali, peut arriver au Burkina d'un moment à l'autre.
Le Burkina a ses Touaregs, ses arabes, ses peulhs, ses dioulas, ses mossis qui ne partagent pas les mêmes réalités, qui n'ont pas bénéficié des mêmes taux de développement des autorités de leur pays. Tout burkinabè qui travaille contre le Mali, travaille contre lui-même et vis-versa. Incha Allah, si le peuple burkinabè ne prête pas attention, il connaîtra un tsunami. "Celui qui sème le vent, récolte la tempête", dit l'adage.
Si les partisans de l'ancien président Blaise Compaoré comme le général de gendarmerie Djibril Bassolé, arrivent à se présenter aux élections à venir et s'ils arrivent à, gagner, le Mali va retourner à la case de départ pour son cycle de violences. Blaise Compaoré et ses partisans sont prêts à mettre le Mali en coupes réglées. C'est ce que le peuple malien doit comprendre. Il faut aussi noter que le Mali a été victime depuis quarante-six ans par une gestion de charognards. Ces derniers dans leur "festival de brigands" ont tout rasé en tuant les institutions régaliennes de l'Etat du Mali: l'école, la justice, l'armée. Si les énergies utilisées pour mettre en chantier l'ACI 2000 avec ses gigantesques villas et hôtels, étaient investies dans ces institutions citées, le Mali ne tombera pas comme un fruit mûr en mars 2012 avec la chute du camp militaire d'Amachah (Tessalit).
C'est le moment de dire la vérité au chef de l'opposition malienne qui tire sur tout ce qui bouge pour la conquête du pouvoir en 2018. Il est entièrement responsable de la situation actuelle avec ceux qui nous dirigent aujourd'hui: c'est la gestion des "démocrates sincères et patriotes convaincus" et du CMLN-UDPM qui ont plongé le Mali dans le gouffre. Un pays a besoin de ressources humaines saines à tous leurs niveaux pour son développement. Il ne suffit pas seulement d'avoir des armes mais il faut aussi des hommes et des cœurs forts pour tenir les coups. Si les maliens peuvent se rappeler de la phrase célèbre du capitaine Sounkalo Samaké dans son livre "Ma vie de soldat"où il disait "nous avons enlevé Modibo, mais on a fait pire que lui". Les régimes africains oublient généralement leur passé, le passé de leur prédécesseur et les circonstances de leur avènement.
Les élucubrations de la CMA (Coordination des Mouvements de l'Azawad) à parapher le document de paix ne sont rien d'autres qu'un moyen de continuer les hostilités. En fait, pour manifester leur mauvaise foi, la CMA souffle le chaud et le froid. Après avoir signifié au médiateur algérien qu'elle va parapher le préaccord pour la date du 15 avril 2015, elle vient d'annoncer, par le canal de son secrétaire à la communication, M. Mossa Ag Attaher, depuis Nouakchott, «qu’elle ne pourra pas parapher «l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali» dans son état actuel et à la date indiquée".
Que le peuple malien comprenne, que la CMA signe ou ne signe pas, elle n'est pas prête pour la paix. Et dans le jeu de la CMA, elle a des oreilles qui l'écoutent. Parmi les premières oreilles de la CMA, il y a la France et les pays scandinaves. Il faut que les maliens soient vigilants et il faut que la communauté internationale soit sincère dans son ensemble. Le fait de chercher à joindre un document annexe au préaccord, document annexe qui contient leurs doléances, est une connotation à interprétation. L'objectif visé est de continuer les hostilités pour avoir ce qu'ils cherchent. Si réellement, la CMA a l'honnêteté d'aller à la paix, le MNLA ne va jamais piétiner le drapeau malien à l'occasion de la "fête anniversaire de leur Etat fantôme, l'Azawad".Quoi qu'il en soit pour des hommes ou un groupe d'individus, si vous êtes en conflit, il faut laisser la place de la réconciliation.
Comment, un pays "indépendant, l'Azawad, piétine le drapeau de son voisin, le Mali?". Et les groupes armés dans leurs ensembles ne veulent pas la paix. Ce sont les hostilités qui les arrangent. M. Mossa Ag Attaher, un touareg, citoyen belge, marié à une femme belge, se plait toujours à paraître devant les écrans. Il a oublié ses frères du nord du Mali qui ont fait quatre ans sans aller à l'école.
Dans cette situation actuelle, nous ne sommes pas fatalistes mais nous ne voyons rien à l'horizon, venir. Seul Allah peut sauver le Mali et son peuple.
Qu'Allah amène la paix dans le monde entier.
Amine.
Yacouba Aliou