Après moult valses diplomatiques entre Alger et le reste du monde à propos de la problématique de la paix au Mali, notamment dans son septentrion, un projet d’Accord sorti des nombreuses tractations entre le gouvernement de la République du Mali et la CMA et cela sous l’égide du médiateur Algérien un document de 33 pages constituant ce qu’il convient d’appeler «Projet d’Accord d’Alger» a été paraphé par le gouvernement de la République du Mali. C’était le dimanche 1er mars 2015. C’est après cet acte historique consacrant la partition du Mali (sans avoir le courage politique de le reconnaitre pour devoir de mémoire) que le gouvernement d’IBK s’est donné à cœur joie aux nombreuses tournées d’explication sur toute l’étendue du territoire excepté Kidal.
Mais au lieu d’organiser de vrais débats sur le fond du document notre gouvernement a préféré verser de grosses quantités d’encre et de salive pour faire avaler aux citoyens la couleuvre de la nécessité de parapher ce document qui consacre hélas, la partition du territoire national. On comprend donc pourquoi l’écrasante majorité de la population ignore le contenu véritable des trente-trois (33) pages du document dont le gouvernement a fait une lecture diagonale dudit projet d’Accord d’Alger.
Au cours des tournées de nos gouvernants dans nos régions administratives, tout a été dit aux populations sauf l’essentiel : la partition officielle de notre pays. D’autre part, nous avions écrit par le passé que dans cette histoire de règlement de la question de la paix au Nord-Mali, tout ressemble fort à une pièce de théâtre ou chaque acteur vient jouer sa partition et disparait. Ainsi :
- Le «Médiateur de la crise» avait pour mission de rédiger un projet de paix (ce qui fut fait). Ce que l’on appelle «Opinion Internationale» s’est chargé de demander aux deux parties en conflits (le gouvernement du Mali d’un côté et de l’autre coté, la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad) de parapher ce document taxé par certains de consensuel.
- Le gouvernement du Mali, dans sa volonté de faire avaler par notre peuple le document qui consacre la balkanisation de notre territoire, s’est empressé de raconter sur tous les toits que le document en l’état respecte deux choses fondamentales à savoir ; la laïcité de l’Etat et l’intégrité du territoire national. Nous disons ici que la frénésie avec laquelle le gouvernement du Mali veut à tout prix montrer que le Mali est sorti grandi des négociations d’Alger est un symptômes sur de capitulation devant la pression du néocolonialiste français François Hollande et de ses suppôts maliens, africains et américano-européens.
La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) a été confinée dans le rôle de dire «non : nous ne pouvons pas parapher le document en l’état et surtout avant que le peuple de l’Azawad ne se prononce sur son contenu. Comme nous l’avions dit dans une de nos parutions de l’Inter de Bamako, ces tergiversations des représentants de la CMA n’ont qu’un seul but : faire croire aux restes de la population malienne que «si les rebelles ont refusé de parapher le projet d’Accord d’Alger, c’est que ça ne les arrange pas». C’est bien là une grosse poudre aux yeux de ceux qui veulent être trompés ou qui n’ont pas intérêt à bien voir dans la direction du vent.
Il est enfin question que la CMA paraphe le projet d’Accord d’Alger le Mercredi 15 avril 2015, mettant ainsi «un terme à la valse diplomatique pour une cause déjà entendue depuis la signature de l’Accord de défense entre les armées maliennes et Françaises en juillet 2014». Ce résultat malheureux que notre pays est invité à avaler ne pouvait être autre quand on sait que la classe politique malienne dans l’ensemble a trahi la cause du Mali au profit d’intérêts sordides et machiavéliques.
Témoin
Ce qu’il convient d’appeler «la majorité présidentielle» (l’opportunisme et le nomadisme politiques aidant) a sorti sa grosse artillerie bruyante pour crier aux oreilles de qui veut l’entendre que le gouvernement malien a réussi un grand coup de maître en arrachant le projet d’Accord de paix entre les Maliens. Le boucan politique ainsi promis par la mouvance présidentielle a fait vibrer le sol et le plafond du palais de la culture Amadou Hampathé Bah. C’était le 28 mars 2015.
Est-il besoin de dire que ce sont des kilotonnes de bombes plaisantes qui ont été largués, hélas, sur la maigre fournis de steppe ! Mais cette mouvance présidentielle bien consciente du bluff organisé autour du projet de paix élaboré par le médiateur pour mettre notre peuple devant le fait accompli, ne pouvait oser reconnaitre devant Dieu et les hommes, que dans son fond ledit Accord consacre indubitablement la partition du Mali et l’indépendance de l’Azawad, chose que Moussa Traoré ne pouvait concevoir quand bien même il a assassiné nos femmes et nos enfants.
C’est cette partition du Mali que l’on ne saurait attendre d’un Kéita descendant de Soundiata Kéita et fils de Modibo Keita. Mais il ne peut en être autrement tant il est vrai que les hommes sont ce qu’ils sont. Ce qui blesse encore d’avantage le cœur de tout patriote malien, c’est bien la rencontre d’Ibrahim Boubacar Keita président du Mali et le nouveau Amenokal. A cette rencontre, celui-ci a demandé à IBK, l’abandon de toutes poursuites contre celui qui s’est rendu coupable d’assassinats froids de soldats maliens en sa qualité de chef de guerre Ansar Dine (Iyad Ag Ghali).
Enfin, comme si IBK n’a pas de conseillers, lorsqu’il a reçu l’otage néerlandais libéré par l’armée française dans le nord du pays la semaine dernière, notre président a dit que la vie dans le nord Mali est très pénible à cause de la chaleur. Mais il n’a pas osé dire que la chose la plus horrible pour un être humain, c’est sa privation de liberté.
En s’exprimant ainsi IBK a donné sa caution à la raison pour laquelle les Touaregs ont décidé de se rebeller. En effet, l’honneur, la dignité et l’amour pour la patrie malienne commandent de dire que «le projet d’Accord d’Alger ainsi parapher augure de la partition du Mali».
Fodé KEITA