La campagne électorale en vue de l’élection présidentielle togolaise est ouverte depuis le 11 avril 2015. Cependant, force est de constater que sur le terrain, l’affaire est pliée d’avance faute de consensus au sein de l’opposition, autour d’une candidature unique contre le président sortant Faure Gnassingbé. C’est à croire que cette opposition refuse de grandir. Ce n’est pas avec cette opposition que le peuple togolais connaîtra l’alternance. La sortie médiatique du plus célèbre opposant Gilchrist Olympio, devenu un agneau au sein de la famille Gnassingbé, met en pièces les derniers espoirs d’une opposition qui a totalement perdu le nord, du fait des égoïsmes qui la minent. Non content d’être allé à la mangeoire du pouvoir, Olympio, ancien patron de l’Union des forces du changement, passé depuis longtemps à la trappe des Gnassingbé, vient de porter le coup de grâce à son ancien compagnon de lutte politique, Jean Pierre Fabre, qu’il juge incapable de diriger le Togo.
Pour toutes ces raisons, l’élection présidentielle togolaise apparaît comme une vaste comédie. Election à un tour, ce scrutin a pour seul enjeu la participation et subsidiairement la manière dont elle va se dérouler. Car, ce petit pays coincé entre le Ghana, le Bénin et le Burkina Faso a, en matière politique, une véritable culture de la violence. La dernière élection présidentielle renvoie encore ces images d’urnes transportées par des soldats portant leur kalachnikov en bandoulière et celles de citoyens fuyant des actes de barbarie.
Le Togo fait de plus en plus figure d’anachronisme dans la sous-région ouest-africaine
De fait, le Togo a raté une occasion historique d’opérer enfin son alternance démocratique : l’appel de l’opposant et ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo, à faire front commun à travers une candidature unique de l’opposition contre la dynastie Gnassingbé au pouvoir depuis 52 ans. Il n’a pas été entendu, et c’est tout le drame de cette petite république qui, depuis sa création, n’a jamais goûté aux délices de l’alternance démocratique.
Face donc à un scrutin à un tour, face à une opposition en lambeaux, l’actuel maître de Lomé peut d’ores et déjà se frotter les mains et mettre le champagne et le caviar au frais. L’opposition peut pleurer toutes les larmes de son corps, Faure Gnassingbé crèchera encore pour cinq ans et même plus, parmi les lambris dorés du palais présidentiel. Lui qui y est depuis dix ans déjà. C’est peu de dire que le Togo fait de plus en plus figure d’anachronisme dans la sous-région ouest-africaine. Ce pays apparaît en effet comme une plaie purulente dans un environnement sous-régional qui se résout progressivement à succomber aux sirènes de l’alternance démocratique.