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Signature de l’accord d’Alger par les rebelles : Comment le président du Mnla a roulé tout le monde dans la farine
Publié le lundi 13 avril 2015  |  Le Procès Verbal




Les groupes armés du nord-Mali, regroupés en Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), viennent de faire mentir un homme aussi respectable que le Premier Ministre du Mali: Modibo Kéita. Celui-ci a, le 9 avril 2015, triomphalement rassemblé les chefs de partis politiques pour leur annoncer la décision de CMA de signer l’Accord d’Alger du 25 février 2015 déjà paraphé par le gouvernement malien.

Le Premier Ministre a même précisé que les rebelles voulaient que la cérémonie de paraphe, prévue pour le 15 avril 2015, soit organisée de concert avec le gouvernement malien mais que ce dernier, modeste, avait préféré que le médiateur algérien, en soit chargé. Modibo Kéita a ajouté, avec emphase, qu’aucun point n’avait été renégocié et que le document signé par le Mali ne changeait pas d’un pouce. L’annonce primatoriale s’est accompagnée d’un battage des médias publics; elle semblait consacrer une grande victoire du gouvernement sur des rebelles poussés dans leurs derniers retranchements diplomatiques et contraints de signer un accord dont ils ne voulaient pas.



Le CMA gâche la fête

Au moment où tout le monde pensait que l’affaire du nord était désormais dans le sac, la CMA, à travers un communiqué rendu public le vendredi 10 avril 2015, la CMA déclare qu’elle ne signera pas le texte si ses propositions d’amendements ne sont pas pris en compte. Ces amendements, au nombre de 21, ont été remis à la mission internationale qui s’est déplacée, le 17 mars 2015, à Kidal pour rencontrer l’état-major rebelle. Entre autres amendements, la CMA exige la « reconnaissance officielle de l’Azawad comme une entité politique et juridique ». Ce qui revient à reconnaître l’Azawad comme un Etat à part entière ou, à tout le moins, comme un Etat fédéré.



Raisons d’une volte-face

En vérité, le Premier Ministre malien n’a pas parlé au hasard; il avait de sérieuses assurances que l’Accord serait paraphé par le CMA. En effet, c’est le 4 avril 2015 que Bilal Ag Acherif, président du MNLA, a saisi le ministre algérien des Affaires Etrangères, RamtaneLamanra, d’une lettre faisant état de la « décision ferme de la CMA » de parapher l’Accord d’Alger. Par une lettre en date du 6 avril 2015, dont nous avons obtenu copie, le ministre algérien a « félicité » le CMA de la résolution de celle-ci à signer l’Accord lors d’une cérémonie prévue pour le 15 avril 2015. Le ministre indique: « Une fois le paraphe effectué, l’équipe de médiation souhaite tenir des consultations informelles de courte durée en vue de clarifier et d’arrêter la méthodologie et les modalités d’organisation relitives à la mise en oeuvre diligente de l’Accord sur la base des propositions des parties maliennes ainsi que des idées propres de l’équipe de médiation ». Derrière ce discours diplomatique (« clarifier », « arrêter », « idées propres », etc.) se cache, on l’aura remarqué, la promesse algérienne de prendre en compte, dans l’application de l’Accord, les 21 amendements émis par les groupes armés mais aussi les 12 amendements proposés par le Mali. Bref, le médiateur promet une renégociation de l’Accord après sa signature. Malgré tout, la base des rebelles se soulève, notamment à Kidal et à l’étranger. Le président du MNLA est accusé de trahison et désavoué par les siens à travers un communiqué rageur qui, le 10 avril 2015, exclut tout paraphe par la CMA. Dans un article publié le 11 avril 2015 Kidal Info, un organe médiatique rebelle, dénonce sans ambages « l’initiative irresponsable de certains dirigeants de la CMA qui ont, sans concertation, adressé une lettre au ministre des Affaires Etrangères de l’Etat algérien pour lui faire savoir que la CMA serait prête à parapher le document que les Algériens et la communauté internationale souhaitent imposer comme un accord de paix entre le Mali et l’Azawad »…

C’est sur la base des assurances donnes par l’Algérie que Modibo Kéita avait cru bon d’annoncer la décision des rebelles de signer l’Accord. Il oubliait qu’en langage rebelle, un oui franc équivaut très souvent à un non catégorique. Et inversement.

Tiékorobani et Abdo
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