Le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) est-il en train de faire cavalier seul dans le processus de réconciliation nationale ? Son refus de parapher (malgré la pression internationale) l’accord d’Alger, est sans doute l’expression de sa détermination à tout faire pour torpiller le processus de paix. Sauf qu’à ce stade, ni ses alliés (MAA, HCUA, CMFPR2), ni ses parrains (la France et l’Algérie), encore moins la communauté internationale, ne sont pas prêts à le suivre dans cette démarche suicidaire.
Le ton a été donné en Algérie où la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) a donné son accord à la médiation algérienne de parapher le projet d’accord, le 15 avril prochain. Sans autres formes de procès, le chef de la diplomatie algérienne a sauté sur l’occasion en invitant les parties à « participer à la cérémonie de paraphe et aux interactions informelles ». Le gouvernement du Mali a fait de cette nouvelle un « scoop ». Le Premier ministre, Modibo Keïta, a même organisé une réunion avec la classe politique pour les tenir informé de l’évènement. Qui est en fait un NON EVENEMENT.
Il n’en fallait pas pour que le réseau du Mnla se mette en branle pour non seulement démentir l’information venant du ministre algérien des affaires étrangères, mais aussi pour annoncer son intention de ne pas parapher l’accord à la date indiquée. Pas surprenant pour qui connait les intentions belliqueuses des apatrides du Mnla. Ce mouvement qui a ouvert le Mali aux réseaux terroristes et aux narcotrafiquants, est toujours prêt à défendre des agendas dictés par des forces occultes. D’où son intransigeance à vouloir vaille que vaille conduire un mouvement de partition de notre pays.
Au-delà de ce qui se passe aujourd’hui à Alger, on a désormais la preuve que la CMA est une organisation de façade. Elle regroupe des mouvements qui n’ont jamais été mandaté par le peuple des régions du nord et qui ont des divergences profondes. Chacun a un intérêt et un agenda personnel différent de ceux des populations. Pis, la diversion du Mnla prouve si besoin en était que chaque mouvement reçoit les ordres d’un parrain établi à l’extérieur.
Au moment où l’on parle de dialogue inter-malien, le Mnla veut à sa façon impliquer d’autres médiateurs (notamment la Mauritanie et certains pays arabes) dans le processus de paix au Mali. C’est l’occasion inouïe de montrer son vrai visage et, par-là, protéger les intérêts de ses mentors. Des ennemis du Mali tapis dans l’ombre.
Mais dans sa phobie indépendantiste, le Mnla est sur le point de perdre tous ses alliés. Qui auraient choisi de mettre de l’eau dans leur vin, en acceptant de parapher (enfin) le projet d’accord d’Alger du 25 février 2015.
On se rappelle que lors de la rencontre de restitution, tenue à Kidal les 12 et 13 mars derniers, la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (CMFPR2), allié de la CMA, a appelé, dans une déclaration, la Coordination à parapher l’accord d’Alger. Pour la CMFPR2, le projet d’accord est acceptable. « Nous ne disons pas qu’il est parfait, nous disons qu’il est acceptable. Nous pensons que la CMA en sort la tête haute ; Il faut s’en réjouir et faire en sorte que notre succès ne soit pas un échec. Une guerre se gagne bataille par bataille, et toutes les batailles ne sont pas forcément menées sur un théâtre d’opération. Ce que nous gagnons et qu’il faut consolider est la bataille contre nos adversaires. Les plus farouches de ceux-ci sont le terrorisme et l’économie criminelle. Il y a dans ce projet suffisamment d’opportunités qu’il faut saisir. Notre lutte ne doit pas être seulement pour le présent mais aussi et surtout pour l’avenir. Accepter cet accord, c’est faire le pari de l’avenir… », pouvait-on lire dans la déclaration de la CMFPR2. Qui précise aussi les risques d’un refus de signer : « La radicalisation des positions des parties, et le spectre d’une guerre ; la Communauté internationale sur le dos de la CMA qui se retrouvera sans alliés du fait de ses positions peu évolutives ; la prolongation de la souffrance des populations qui vivent toutes privations dans les camps de réfugiés… ».
Le Mnla lâché ?
A Alger, la délégation de la CMA a annoncé son intention de parapher le document le mercredi prochain. Elle était en partie composée des membres du HCUA et du MAA. Selon Mohamed Ag Aharaib, porte-parole du HCUA, la CMA n’a jamais remis en cause l’accord. “Nous n’avons pas rejeté cet accord. Et il n’est pas question pour nous de le rejeter”, a-t-il affirmé.
D’ailleurs, la CMA, où les voix s’affichent franchement discordantes, notamment entre le MNLA qui refuse de signer et le HCUA qui serait favorable à faire des concessions sur les quatre amendements à introduire dans l’accord, opte désormais pour l’apaisement et évoque simplement “un temps pour que la médiation puisse analyser ses amendements” sans “renier, selon Ag Aharaib, ses engagements”.
Quant au Mnla, il a démenti, à travers son porte-parole Moussa Ag Acharatmane, avoir donné son accord pour le paraphe de l’accord d’Alger. Ce qui, du coup sonne le glas de la CMA, déjà affaibli par les pressions de la communauté internationale. Sans la cohésion au sein de la CMA, le Mnla ne représente que l’ombre de lui-même. S’il est lâché par ses alliés, le nord du Mali pourra, enfin, aspirer à la tranquillité, à la paix, mais aussi au développement. Car les membres de cette organisation criminelle ont fait des enlèvements de véhicule et autres braquages, leurs activités favorites.
Idrissa Maïga