Les rebelles campent sur leurs positions La nouvelle est tombée comme un couperet sur la tête des autorités maliennes. Annoncé avec fracas par le ministre algérien des Affaires Etrangères, Ramtane Lamamra, et accueilli par le Chef du gouvernement malien, Modibo Keïta, avec tambour et trompette, le paraphe de » l’Accord pour la paix et la Réconciliation au Mali » n’aurait plus lieu.
En tout cas, pas à la date indiquée du 15 avril 2015. La coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), par la voix de Moussa Ag Assarid, vient en effet de démentir toute participation à la cérémonie d’Alger. » Nous confirmons que les mouvements réunis au sein de la coordination des Mouvements de l’Azawad, la CMA, ont décidé, suite à de larges consultations et des échanges, de ne pas parapher les documents…, » selon Moussa Ag Assarid, l’un des porte – paroles du MNLA.
Il faudrait certainement patienter encore. Le paraphe des documents de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali prévu mercredi prochain (15 avril) à Alger, se fait désirer par l’une des parties au conflit. Dans la précipitation, le gouvernement malien et certains groupes anti – indépendantistes s’étaient engagés en paraphant ledit document. La médiation internationale n’a pu qu’observer la situation. Aucune contrainte ne figurait en la circonstance. Ce qui devrait arriver, arriva.
Maître de la région de Kidal et environs, semant la terreur aux abords de Gao, Tombouctou, Mopti, Ségou (quatre autres régions du pays), les groupes armés réunis au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA ont joué les prolongations. Sous prétexte qu’ils allaient consulter leurs bases, ils renforcèrent la pression sur le terrain. Meettings et marches de protestations, pose de mines, tirs de roquettes, tout a été mis en œuvre pour prouver leur détermination à ne point céder sur leurs revendications initiales.
C’est dans ce contexte que la médiation algérienne a cru devoir informer les parties à une cérémonie de paraphe de l’Accord. La cérémonie était prévue pour le 15 avril prochain à Alger. A l’occasion, le ministre algérien des Affaires Etrangères, Ramtane Lamamra, affirmait que la CMA » avait notifié sa décision de procéder au paraphe de l’Accord « . A Bamako, cela fut pris très au sérieux. Sans retenue, ni réserve, les plus hautes autorités du pays se mirent à gesticuler. Le Chef du Gouvernement alla jusqu’à convier la classe politique et la société civile autour de la table.
Mal lui en a prit. Dans la journée du vendredi, l’un des porte – paroles du Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA) est sorti de sa réserve. Sur les ondes des médias internationaux, Moussa Ag Assarid, a décliné toute participation de leur Coordination à une quelconque cérémonie. » Nous confirmons que les mouvements réunis au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad, la CMA, ont décidé, suite à de larges consultations et des échanges, de ne pas parapher les documents dits » Accord pour la paix et la réconciliation au Mali « , a t – il déclaré.
Enfonçant le clou, Moussa Ag Assarid enchaîna : » Le point crucial qui constitue l’épine dorsale des aspirations légitimes du pays de l’Azawad, c’est la réalité du statut politique et juridique de l’Azawad, et ce statut est complètement ignoré dans les documents, alors que ce statut politique demeure le nerf de notre lutte et de notre combat depuis toujours « . Qui dit vrai alors ?
La médiation algérienne serait vite allée en besogne ? De qui tenait – elle l’engagement de la CMA à participer au paraphe de l’Accord ?
Serait – ce Alghabass Ag Intallah du HCUA ?
Un élément du MAA (indépendantiste) ou du MNLA ?
De toutes les façons, les autorités maliennes ne devront s’en prendre qu’à elles – mêmes. Elles ont toujours fait fi des réserves formulées par certaines composantes de la société malienne. Récemment, le président de la plate – forme de la société civile sur le Nord, Chérif Ousmane Madani Haïdara, déclarait : » Cet Accord n’est pas bon, mais entre deux maux, il faut choisir le moindre et préserver l’essentiel. » Avant lui, l’un des témoins clés de l’histoire politique de notre pays, Amadou Traoré (Amadou Djicoroni), faisait publier ses observations pertinentes, critiques, sur l’Accord. A l’instar de dame Fatoumata Sacko (responsable politique), l’un de nos compatriotes, du nom de Miky Keïta, pensait que l’Accord d’Alger était » néfaste et dangereux pour le Mali « .
Bref, les autorités jouent aujourd’hui toute leur crédibilité. Puisqu’elles étaient disposées à accepter tout accord évitant la guerre, elles auraient dû patienter. Il fallait que tous les groupes armés paraphent l’Accord en premier lieu. En se précipitant, sans aucune mesure, elles ont assurément fait preuve de légèreté, de fébrilité. Notre pays, le Mali, est de plus en plus humilié.
Après la débâcle militaire de 2012, suivie de la déculottée de 2014, l’on vient d’assister encore à une grossière faute politique. Moussa Mara a payé pour son passage raté à Kidal. L’actuel Chef du gouvernement, Modibo Keïta, devrait aussi tirer les leçons de ce qui vient de se passer. Si non, devrait – on continuer à croire en ses paroles ?
B. KONE