La semaine dernière a été marquée dans notre pays par des attaques médiatiques à l'encontre du Royaume du Maroc. Le porte-parole du gouvernement fut le premier à donner le ton dans la nuit du vendredi 10 avril 2015.
Nombre de confrères suivirent ses pas, enfoncèrent le clou, en traitant de tous les noms d’oiseaux celui qui était considéré jusque-là comme un pays frère et ami. Mais, pourquoi toute cette agitation ?
Il se trouve que dans la journée du vendredi 10 avril 2015, le Ministre marocain des Affaires étrangères avait publié un communiqué relatif au processus de paix dans notre pays. Plus précisément, il était question de l’Accord d’Alger. Notons au passage qu’après plusieurs rounds de négociations dans la capitale algérienne, Alger, seule la signature d’un préaccord fut obtenue. Il s’agissait d’obtenir en réalité le retour de la paix dans les régions nord du Mali. Le gouvernement et les groupes anti-indépendantistes ont simplement paraphé le document. Les groupes armés, maitres sur le terrain, ont refusé de le faire.
C’est dans ce contexte qu’est publié le communiqué marocain. Ainsi, le Maroc a déploré un » recul préoccupant » du processus de paix en cours. » Le Royaume entretient des liens denses et séculaires avec le peuple malien dans toutes ses composantes, appelle à œuvrer dans le sens d’une solution de compromis qui préserve l’intégrité territoriale, l’unité nationale du Mali et répond aux aspirations de ses populations, y compris celles du nord « , pouvait-on lire dans le communiqué marocain.
Actualité aidant, le communiqué rappelle ceci : » Après une dynamique prometteuse sous la houlette de la CEDEAO, le dossier est désormais traité de manière opportuniste par des parties prenantes intéressées « . Or, pour le Maroc, » la solution ne saurait être imposée à coups de menaces, de manœuvres d’intimidations ou de chantage. Le Mali ne peut continuer à être comme une arrière-cour « .
Grosso modo, voilà la teneur du communiqué officiel marocain. Avec doigté, intelligence, le Maroc a pointé du doigt la direction du mal. Nulle part dans le communiqué, le nom d’un pays n’est cité. En tant que pays frère et ami, il n’avait fait qu’attirer l’attention des autorités et du peuple maliens.
Le porte-parole du gouvernement ne s’est pas trop trompé en indiquant ceci : » Le Gouvernement du Mali est disposé à donner tous les éclairages à ses amis et compte sur leur accompagnement en ces moments diificiles « .
Mais, le hic, c’est que l’intéressé ajouta : » Le gouvernement du Mali renouvelle sa confiance pleine et entière à l’équipe de la médiation internationale « .
Tout le monde sait que c’est l’Algérie qui est tête de file de cette médiation. Récemment, le Chef de l’Etat malien avait passé trois jours en Algérie, soi-disant pour une visite d’Etat. A son retour, c’est pourtant le silence radio du côté des autorités sur ce qu’il en est de la médiation algérienne, de ses avancées. Si avancées, il y avait.
Le plus surprenant, c’est que certains confrères en rajoutèrent les jours suivants. Le Maroc fut traité de tous les noms d’oiseaux. A la limite, il était question d’incident diplomatique, de bavure, d’injure, etc.
Le communiqué marocain a décidément fait couler de l’encre à Bamako. Nul ne s’est donné la peine de réfléchir un peu. L’on a vite oublié tous les efforts déployés par le Maroc en faveur du retour à la normale dans notre pays. N’était-ce pas le Maroc qui avait initié et bataillé au Conseil de Sécurité de l’ONU avec la France par l’envoi des troupes devant stopper l’avancée des jihadistes ? A-t-on déjà oublié cela ?
Par la suite, le Maroc n’avait pas hésité à offrir son espace aérien pour faciliter le passage des aéronefs de l’Armée française de l’opération Serval. Fait historique, la double visite du Chef de l’Etat marocain, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, au Mali, au moment où notre pays était la risée du monde entier.
On le sait, les deux visites ont toutes été couronnées par la signature d’importants programmes de développement.
Cela dit, certains ont pensé que le Maroc était jaloux de la médiation algérienne. Que nenni ! Mieux que quiconque les Marocains savent bien que c’est l’Algérie qui entretenait les groupes armés au Maghreb et en Afrique subsaharienne.
La naissance, la vie et la survie du Front polisario, domicilié à Tindouf (sud-ouest de l’Algérie) prouvent à suffisance la capacité de nuisance des autorités algériennes. Malgré la proposition marocaine d’un règlement pacifique de cette question, à travers une large autonomie des régions, rien n’est fait pour les autres parties (Algérie, Polisario, …) pour avancer.
En ce qui concerne la crise malienne, faut-il rappeler que les hordes de bandits armés ayant quitté la Libye, n’ont trouvé meilleurs protecteurs que les Algériens. De la rébellion de 1990 à 2012 et après, il a toujours été question de l’Algérie. Le pays de Mokhtar Belmokhthar, Abou Zeïd et consorts, est le réservoir attitré des narcotrafiquants, des jihadistes, …
Tous les accords signés en Algérie ont été violés. Tamanrasset, Alger I (1991), Alger II ou III (2006) sont révélateurs.
Les tombeurs du Président ATT et certaines autorités actuelles ne trouvaient grâce aux yeux des Maliens qu’en fustigeant les accords de paix d’Alger. Il a même été dit, lors des campagnes de l’élection présidentielle, qu’on irait plus à Alger. Ne s’est-on pas dédit ?
B.KONE