Les transporteurs sont en ordre de bataille. Raison pour laquelle, ils ont lancé un mot d’ordre de grève, suite à un préavis signé par une trentaine d’organisations et d’entreprises du secteur. Six points de revendication sont évoqués dont deux qui concernent les élections au Conseil malien des transporteurs au sujet desquelles le ministre de tutelle, Mamadou HachimKoumaré, a fait preuves de légèretés, voire tout simplement de carences.
Un arrêt de travail pour paralyser l’économie malienne demain mardi, 14 avril 2015, c’est ce quoi ressort du préavis de grève signé par une trentaine d’organisations professionnelles et entreprises –dont les plus grandes – du secteur du transport au Mali.
Des doléances en six points de revendication
Leurs doléances se résument en six points : deux concernant la violation des dispositions règlementaires en ce qui concerne les élections au Conseil malien des transports routiers (CMTR), auxquels il faut ajouter la vielle revendication sur « la violation des protocoles d’accords entre le Mali et les différents pays côtiers dans sa partie répartition du fret en transit ». Par ailleurs, il a été dénoncé la persistance des tracasseries routières en matière de transport urbain, interurbain et international, en plus du « non-respect des dispositions réglementaires relatives au transport pour compte propre » et enfin, « l’utilisation irrationnelle du 3ème pont et l’impraticabilité des itinéraires y afférents ».
Mais il semble bien que les bévues du Ministre de tutelle, Mamadou Hachim Koumaré en ce qui concerne l’organisation des élections consulaires du CMTR ont le plus mis les transporteurs en colère et les autres revendications, d’ordre général, n’ont servi qu’à mieux mobiliser tous les acteurs du transport dans ce mouvement de grogne des transporteurs.
En effet, le Ministre Mamadou Hachim Koumaré se trouve projeté au cœur d’un scandale électoral, notamment pour renouveler l’Assemblée consulaire du CMTR chargée d’élire le président dont le mandat est frappé de caducité depuis le 07 avril 2012. Les avocats commis par trois syndicats de transporteurs, en l’occurrence ceux du Cabinet WAC Parteners, parlent même de cacophonie administrative, et à juste titre.
Trois arrêtés différents pour organiser les élections
En effet, le Ministre Koumaré a d’abord pris l’Arrêté n° 2014-3480/METD-SG du ‘ décembre 2014 fixant la date et organisant les élections des membres du Conseil malien des transports routiers du Mali (CMTR). Un arrêté truffé d’erreurs et de dispositions en violation de la loi et du Décret qui régissent le CMTR.
Pour se corriger, il se fend d’un autre arrêté, pour corriger le précédent. Mais au lieu d’abroger carrément le premier et pondre de nouvelles dispositions plus conformes aux textes, le deuxième arrêté reprend et le numéro du précédent et la date. C’est donc dire que deux décrets sont diffusés le même jour sur la même affaire, avec le même numéro et la même date, mais avec un contenu différend. Cela n’arrive que dans l’Administration du régime IBK/
Remarque importante : le deuxième arrêté n’abroge aucune disposition de celui qu’il est censé corriger.
Face à la pression des transporteurs, qui ont constitué le cabinet d’avocats Wac Parteners pour un recours en excès de pouvoir en plus d’une requête de sursis à exécution, le Ministre prend les devants de la Justice pour sortir un autre arrêté rectificatif, Arrêté n°2015-0206/METD-SG du 2 mars 2015. Alors que la section administrative de la Cour suprême est en train de se pencher sur les recours.
Il a bien précisé dans le troisième arrêté, notamment en son article 3 : « Les opérations d’enregistrement doivent commencer dans les quinze jours qui suivent la prise de l’Arrêté fixant la date des élections et s’étendront au moins sur trente jours ». De cette disposition, le décompte devait se faire à partir de ce 2 mars, date du troisième arrêté.
Des électeurs empêchés de s’inscrire
Mais lorsque des électeurs sont partis s’inscrire sur les listes électorales à la date du 18 mars, soit 16 jours seulement après l’ouverture des inscriptions qui doivent s’étaler sur 30 jours comme précisé par l’article 3 de l’Arrêté précité, ces électeurs furent surpris de se voir opposer un refus catégorique, sous le prétexte que le Ministre a donné l’ordre de clôturer les listes. Un refus constaté par exploit d’huissier, plus précisément par l’étude de Me Kaba Keïta.
En conséquence, avec cette cacophonie administrative et cette carence devrait-on dire du Ministre, seuls moins de 170 électeurs ont été inscrits sur les 944 acteurs du monde malien des transports recensés par les organisations professionnelles.
A quoi diantre devrait servir une chambre consulaire si ses ressortissants sont empêchés de s’y inscrire et de s’exprimer ? Certainement que la réponse à cette question pertinente sera appréciée par le Premier ministre ou à un plus haut niveau par le président de la République, afin que justice soit rendue aux transporteurs.
Ce serait bénéfique pour tout le monde, mais il faudrait agir vite car dès demain les transporteurs décident de manifester leur colère en paralysant Bamako par une grève des transporteurs avec un préavis signé par une trentaine d’organisations professionnelles et des entreprises. Et pas des moindres !
Cheick Mouhamed Diarra