Le MNLA, entre les intérêts des arabes du Mali et ceux de la ‘’communauté internationale’’

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Publié le mercredi 15 avril 2015 | Le Matin

© aOuaga.com par Séni Dabo
Assassinat de deux journalistes de RFI à kidal : les mouvements armés de l`Azawad se prononce
Lundi 4 novembre 2013. Le Mouvement national de libération de l`Azawad (MNLA), le Mouvement arabe de l`Azawad (MAA) et le Haut conseil de l`unité de l`Azawad (HCUA) ont animé une conférence de presse pour réagir à l`assassinat de deux journalistes de RFI et évoquer leur projet d`union.

Etre dans l’ascenseur bloqué entre deux étages, telle est la situation désagréable dans laquelle se trouvent les dirigeants Touareg azawadistes. Parapher l’Accord c’est signer son arrêt de mort face aux siens, ne le parapher c’est se mettre dos à dos avec la communauté internationale.
Le président Alain Poher - depuis son départ le Senat français est devenu la lune du fou : une autre lune – avait dans la vie une seule préoccupation. Elle s’incarnait d’une phrase qui ne quittait jamais sa bouche : l’excès de toute chose est nuisible. L’excès aboutirait à son contraire. Les Touareg ont obtenu le grand maximum en 2006 par un autre accord à Alger, avec la formule de la large autonomie. Cet accord accordait le grand maximum possible aux Touareg et le Mali était prêt à l’appliquer à la lettre. Mais le Mnla ne l’entendait pas de cette oreille. La facilité avec laquelle ils avaient obtenu la large autonomie de 2006 face à un Etat terrassé et totalement impuissant ont sans doute fait croire aux caciques du Mnla qu’il fallait viser plus.
Ils ont donc délibérément saboté tous les efforts que le gouvernement a consentis pour mettre en pratique les obligations à lui imposées par ledit accord – seul la partie malienne était chargée d’obligations. Cela les mettait en position de montrer à la communauté internationale – qui était toute disposée à entendre une chose pareille –que rien n’avait été fait chez eux. Et à celle-ci d’en conclure que c’est la frustration et l’inégalité sociale qui ont poussé légitimement les Touareg à prendre les armes.
On les a donc aidé à prendre, à reprendre !, les armes pour tuer dans toutes les situations dans l’impunité totale et avec le soutien des salafistes. Mais l’excès de toute chose est vraiment nuisible. Les Touareg et leurs alliés ont dépassé les bornes. Ici et ailleurs jusqu’ à faire comprendre à ceux qui les soutiennent qu’ils étaient allés trop loin eux-mêmes et qu’il fallait mettre le holà. Cette prise de conscience chez ceux qui les soutenaient – principalement la gauche mondiale et les pays arabes – est arrivée à maturité avec la guerre déclenchée par l’Arabie contre l’Iran au Yémen.
Ces deux entités – arabes et gauchistes – ont soutenu les Touareg pour leurs propres intérêts – on en parlera abondamment ultérieurement. Et ce qu’il faut préciser est que ce soutien n’était pas un soutien au Touareg mais une action contre l’Etat du Mali pour le déstabiliser. Donc, le Mnla, les Touareg et les islamistes n’étaient pas un objectif pour bénéficier de quelque chose d’essentiel pour eux-mêmes mais un moyen. Un moyen pour parvenir à toucher d’autres buts qui passe par l’affaiblissement de l’Etat du Mali- mais pas sa mort brutale et tout de suite. Le moment viendra de mettre à mort l’Etat du Mali mais ce moment n’est pas encore venu.
Conclusion : les Touareg ont cru qu’ils étaient la prunelle des yeux de la gauche et l’alpha et oméga de la communauté internationale. Ils ont cru tout cela alors que dans la tête de ces soutiens, ils ne représentaient que la fourchette avec laquelle ces soutiens allaient manger. Eux, se sont crus les invités de marque alors qu’ils étaient justes le couteau à saigner le Mali pour l’abattre et le Manger.
Les dirigeants du Mnla sont aujourd’hui KO debout, groggy et endormis les yeux ouverts. Ils ne comprennent pas encore ce qui leur arrive mais leurs analystes les ont induits en erreur. C’est au niveau de l’analyse que tout se gagne ou se perd : le Mnla a perdu. Ils peuvent continuer à refuser de parapher l’Accord cela ne changera pas grand-chose. Cet accord va servir deux intérêts : ceux des occidentaux, ceux des pays arabes et ceux des arabes du Mali et de la sous-région. Les salafistes sont aussi dans le camp des perdants. Ils peuvent beaucoup tuer mais cela ne changera rien : ils n’auront plus le soutien de Hollande, d’Obama de l’Onu et des autres. Les satellites sont là-haut. Ils voient tout.
Amadou Tall