Bamako - Trois civils ont été tués mercredi près de Gao, dans le nord du Mali, dans une attaque suicide contre une base de l’ONU qui a fait 16 blessés, dont neuf Casques bleus nigériens, illustrant l’instabilité persistante dans cette région.
L’attaque la plus meurtrière contre la force de l’ONU, en octobre, s’était produite dans le même secteur d’Ansongo, frappant un convoi de ravitaillement du contingent nigérien, qui avait perdu neuf soldats.
En fin de matinée, "un véhicule suicide a explosé à l’entrée du camp de la Minusma à Ansongo dans la région de Gao, alors qu’il tentait d’y pénétrer", a affirmé la Mission de l’ONU au Mali (Minusma).
L’explosion a "provoqué la mort d’au moins trois civils", sept autres étant blessés, a ajouté la Minusma.
Le chef de la Minusma, Mongi Hamdi, a condamné cette attaque "lâche et odieuse", se disant "choqué que de valeureux soldats de la paix soient à nouveau pris pour cible ainsi que des civils innocents".
"Cet attentat ne détournera pas la Minusma de sa mission de rétablissement de la paix et de la sécurité au Mali", a assuré M. Hamdi.
La Minusma qui compte actuellement quelque 11.000 hommes sur le terrain, dont près de 10.000 militaires et policiers, est considérée comme la plus dangereuse des missions de l’ONU en cours, avec près de 40 Casques bleus tués depuis son déploiement en juillet 2013.
La plupart des attaques contre l’ONU ont été revendiquées par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), deux des groupes qui ont contrôlé le nord du Mali pendant près d’un an, entre 2012 et début 2013.
Ils ont en été pour l’essentiel chassés par l’opération Serval, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, remplacée depuis août 2014 par Barkhane, dont le rayon d’action s’étend à l’ensemble de la zone sahélo-saharienne.
Mais des zones entières du nord du Mali échappent encore au contrôle du pouvoir central où ces groupes continuent de mener des attaques, notamment des attentats suicide, de poser des engins explosifs et de perpétrer des enlèvements.
’Anarchie et insécurité généralisées’
Dans un rapport publié mardi, l’organisation Human Rights Watch (HRW) déplore que "deux ans après l’intervention militaire menée par la France dans le pays en crise, il règne toujours une anarchie et une insécurité généralisées".
"La criminalité endémique, les attaques perpétrées par les groupes armés et les abus commis par les forces de sécurité constituent un risque pour les citoyens ordinaires au centre et dans le nord du Mali", selon Corinne Dufka, directrice de recherches sur l’Afrique de l’Ouest à HRW, citée dans le document.
Cette nouvelle attaque coïncide avec une réunion prévue mercredi à Alger de l’équipe de médiation internationale au Mali conduite par la diplomatie algérienne.
La rébellion à dominante touareg du nord du Mali a rejeté la semaine dernière une invitation du médiateur algérien à parapher l’accord de paix déjà signé le 1er mars par le camp gouvernemental.
La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, rébellion) a expliqué ne pouvoir parapher ce document "dans son état actuel et à la date indiquée", exigeant de nouveau l’intégration des amendements qu’elle réclame.
Parmi ses revendications figurent la "reconnaissance officielle de l’Azawad comme une entité géographique, politique et juridique", en référence à l’appellation du nord du Mali par les rebelles, la création d’une assemblée interrégionale couvrant cette zone, et un quota de "80% de ressortissants de l’Azawad" dans les forces de sécurité.
La prise de contrôle du nord du Mali par les jihadistes avait été favorisée par la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
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