Devant la recrudescence de la violence liée aux actes terroristes et extrémistes religieux qui secouent le continent, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, à l’issue de sa réunion tenue à Nairobi (Kenya) le 02 septembre 2014, a décidé de constituer une équipe consultative d’experts africains afin de prévenir et de lutter plus vigoureusement contre les nouvelles formes de violences qui menacent l’Afrique, et qui se manifestent déjà un peu partout sur le Continent : Mali, Libye, Tunisie, Somalie, Kenya, Centrafrique, entre autres.
C’est désormais chose faite et l’équipe a pris corps. A sa tête, le Malien Soumeylou Boubèye Maïga, qui a dirigé la direction générale de la sécurité d’Etat (services de renseignement maliens) avant d’être nommé chef de la diplomatie malienne en avril 2011 puis ministre de la défense et des anciens combattants en septembre 2013. Dans son équipe, il aura comme partenaires Pr Tiyanjana Maluwa du Malawi et Abdelmadjid Baki de l’Algérie.
C’est le département Lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent de l’Union africaine qui leur a signifié leur feuille de route : l’élaboration d’un mandat d’arrêt africain contre les personnes accusées ou reconnues coupables d’actes terroristes, l’organisation d’une réunion d’experts gouvernementaux sur la question sécuritaire, organisation et la tenue d’ateliers régionaux de sensibilisation sur les instruments africains et internationaux de prévention, de gestion et de résolution des conflits (CER/MR), le soutien et la facilitation des initiatives et mécanismes de coopération régionale pour faire face aux menaces transnationales sur le continent.
Il sera aussi question pour ces experts de faire l’évaluation de l’état de la mise en œuvre du Plan d’action de 2002 et l’identification des mesures requises pour relever les défis rencontrés. En outre, Soumeylou Boubèye Maïga et son équipe devront organiser une réunion de haut niveau des Etats membres sur la question du financement du terrorisme, en vue d’identifier des mesures pratiques pour effectivement faire face à ce fléau et appuyer l’opérationnalisation intégrale et rapide du mécanisme africain de coopération policière (Afripol).
Soumeylou Boubèye Maïga est en terrain connu. En effet, outre son passage à la tête des services spéciaux, des affaires étrangères et de la défense, l’homme avait pris l’initiative, depuis quelques années, de mettre en place un observatoire sur les questions de paix et de sécurité dans le Sahel. Après son départ du gouvernement Mara, ayant été l’agneau sacrificiel suite à la débâcle de l’armée malienne face aux rebelles terroristes en mai 2014, il a été nommé vice-médiateur de l’UA dans la crise centrafricaine. Une crise qui est en voie de résolution.
Pour rappel, Soumeylou Boubèye Maïga a fait des études de journalisme au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal.) Puis il a obtenu un diplôme d’études supérieures spécialisées (Dess) en diplomatie et administration des organisations internationales en 1987 à l’Université de Paris-Sud et un diplôme de Relations économiques internationales à l’Institut d’Administration de Paris (IAP). Il exerce le métier de journaliste d’abord à L’Essor, quotidien national, puis au journal Sunjata destiné aux masses rurales. Militant clandestin du Parti malien du travail (PMT), il a été l’un des principaux artisans de la chute du régime de Moussa Traoré en 1991. Il entre au Cabinet d’Amadou Toumani Touré, alors président du Comité de transition pour le salut du peuple (Ctsp), en qualité de Conseiller spécial d’avril 1991 à juin 1992.
Vice-président et membre fondateur de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema/Pasj), il devient en 1992 chef de Cabinet du président Alpha Oumar Konaré avant d’être nommé, en janvier 1993, directeur général de la Sécurité d’État. Puis vers la fin du second et dernier mandat d’Alpha Oumar Konaré, celui-ci le nomme ministre des Forces armées et des Anciens Combattants dans le gouvernement de feu Mandé Sidibé
Le 6 avril 2011, Soumeylou Boubèye Maïga sera nommé par ATT ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale dans le gouvernement de Cissé Mariam Kaïdama Sidibé. Il réussit la prouesse de mobiliser 1800 milliards F CFA au titre de l’aide pour le Mali en moins d’un an. En froid avec certains de ses camarades de l’Adema,
il quitte cette formation et fonde le parti ASma-CFP qui épouse la cause IBK avant même le premier tour de la présidentielle de 2013. Et rejoint la majorité présidentielle. sa position y est d’autant plus confortable que son parti compte a cinq députés à l’Assemblée nationale. Le 8 septembre 2013, Soumeylou Boubèye Maïga est nommé ministre de la Défense et des Anciens combattants dans le gouvernement d’Oumar Tatam Ly. Le 27 mai 2014, après que le Premier ministre Moussa Mara a clamé haut et fort que l’ordre de récupération du gouvernorat de Kidal n’a pas été donné par le pouvoir politique, Soumeylou Boubèye Maïga accepte de porter le chapeau de la défaite et démissionne du gouvernement.
Cheick TANDINA