Depuis plus d’une décennie, les sept (7) villages du cercle de Banamba se regroupent pour célébrer le mariage collectif de leurs ressortissants. Pour cette année, la date du jeudi 16avril 2015 a été retenue pour sacrifier à cette tradition.
Pour le porte-parole du président des ressortissants de Banamba à Bamako, l’opérateur économique Belinké Simpara, ce regroupement des mariages pour les célébrer en commun, fait partie désormais de la tradition de Banamba. Le mariage collectif, selon notre interlocuteur, signifie aussi la cohésion totale des ressortissants de Banamba pour pérenniser la tradition léguée par les aînés.
Selon lui, la date se fixe dans le vestibule par le chef du village de Banamba, El hadji Bassi Simpara, assisté des chefs de quartier de Banamba. Mais auparavant, ils prennent le soin de demander à l’imam de proposer le mois au cours duquel devra se tenir cette grande manifestation, eux ne préciseront donc que le jour qui est généralement le dernier jeudi du mois. Généralement le mois lunaire dit lasirilaban. Son 27ème jour a été choisi cette année et il coïncide avec le jeudi 16 avril du calendrier grégorien.
Comme tous les ans à la même période de la célébration des mariages, tous les Banambais sont à pied d’œuvre pour les préparatifs des réjouissances qui font la fierté de tous les ressortissants du terroir, quel que soit le rang social de chacun d’eux.
Le nombre total d’unions scellées dans le cadre du mariage collectif, de 2000 à 2011, atteint le chiffre de quatre- mille-trente-neuf (4039) sur douze ans. Soit 337 mariages en moyenne par an.
A Banamba, seule la famille Konté dirigée aujourd’hui par Baba Konté, est chargée de recenser tous les mariages à célébrer le jour J. En effet, cette famille Konté met en place des équipes qui sillonnent les localités pour savoir le nombre exact de mariages célébrés de Bamako à Banamba. Car des mariages sont enregistrés à l’état-civil, mais doivent être notifiés à la famille Konté pour les prendre en compte dans les réjouissances populaires de Banamba.
Mais il faut souligner qu’au fil du temps, ce mariage collectif de Banamba, si l’on n’y prend garde, risque de perdre toute sa substance parce que victime de sa notoriété. En effet, il est la cause d’une grande affluence au cours de laquelle des filles quittent presque toutes les localités du Mali, sous le prétexte de vivre cette manifestation, alors qu’en réalité elles y chassent le probable prince charmant, sachant que ce jour-là, tous les grands hommes d’affaires Banambais sont sur place.
En d’autres termes, des filles qui n’ont rien à voir avec les couples de mariés ou leurs familles guettent cette occasion pour s’adonner sur place à des pratiques à la limite de la prostitution. En effet, comme les festivals et d’autres événements annuels qui créent de l’affluence, la débauche est toujours dans les valises, prête à sortir une fois les lieux atteints.
De plus en plus, on voit des femmes, de Kayes à Bamako, qui payent des habits neufs et passent au salon de coiffure uniquement pour une opération de séduction des Banambais à l’occasion du mariage collectif. Surtout que les Banambais, très en vue dans les milieux d’affaires, sont réputés riches. Evidemment donc, une corbeille vide n’attire jamais les chèvres !
Saba Ballo