Pauvre Grand pansu penseur (GPP), il aurait tout essayé pour trouver un chef de gouvernement consensuel. Le dernier Premier ministre en place est Modibo Kéita qui avait déjà occupé ses fonctions, en coup de vent il est vrai, pendant la fin de règne d’Alpha Oumar Konaré, que tous les observateurs donnaient comme le président le plus controversé de la sous-région. C’était avant que le monde découvre un certain GPP. Lequel s’apprête à mettre sur son banc d’essai un quatrième Premier ministre, en moins de deux ans de règne.
Non pas parce que l’actuel locataire de la primature est incompétent. Au contraire, il est en passe de réussir ce pourquoi GPP a été élu, ce pourquoi lui a été nommé : arracher à la rébellion un accord de paix. Il est sur la bonne voie puisque, l’Algérie, chef de file de la médiation internationale, pense que la coordination des mouvements de l’Azawad va signer, le 15 mai, le « projet d’accord pour la paix et la réconciliation ». Et Modibo Kéita espère que la signature de ce document interviendrait afin de lui permettre de savourer enfin une retraite bien méritée après une carrière bien remplie au service de la nation. Il est septuagénaire –plus âgé que son président- et aspire à plus de tranquillité, surtout après ces derniers mois particulièrement tumultueux.
Pour le remplacer, le nom de son ministre des affaires étrangères sourd de plus en plus. C’est vrai, il n’est pas du RPM, le parti présidentiel, mais qui l’est véritablement ? Ses galons, il les a gagnés dans la gestion de l’épineux dossier de la crise du nord. Pendant tous les rounds du très long processus de pourparlers et de négociations, lui le ministre de souveraineté s’est assis à la même table que des bandits rebelles, terroristes, criminels de guerre, criminels contre l’humanité, voleurs, vandales, violeurs, apatrides, etc. Lui, chef de délégation, et certains de ses collègues ont traité d’égal à égal avec les rebuts de la société azawadienne.
Quadra, quinqua, sexa, septua…
Ces efforts sont sur la voie d’être récompensés par un poste de Premier ministre. Abdoulaye Diop est donc le sexagénaire qui va succéder au septuagénaire Modibo Kéita, qui, lui-même, a pris la place d’un quadragénaire bon teint. Il s’agit de Moussa Mara qui, à sa nomination avait été présenté par ses petits camarades du RPM et affidés comme un messie, le sauveur de la nation en péril. Et lui non plus n’est pas militant du parti présidentiel, loin s’en faut, qu’il a combattu à plusieurs reprises sur le terrain politique. Mais il avait des compétences certaines et avérées sous d’autres cieux. Et il avait tellement été encensé qu’il a oublié tout ce qu’il sait faire le mieux : gérer et administrer, c’est-à-dire prévoir et anticiper.
Avant lui, il y a eu le quinquagénaire Oumar Tatam Ly, le premier chef de gouvernement de GPP. Dont la nomination a eu autant d’éclat que sa démission. En plus d’être un technocrate présumé capable de la relance du Mali après une crise déplorable et une transition lamentable, il est aussi le fils d’un grand opposant à la dictature de GMT. Mais le symbole n’aura pas suffi, il n’est pas non plus du RPM et a été poussé vers la sortie.
Du quinquagénaire au, probablement, sexagénaire en passant par le quadragénaire et le septuagénaire, GPP compte-t-il essayer toutes les tranches d’âge raisonnables ? Raisonnables, jusque-là, parce qu’il n’est pas allé jusqu’à confier la primature à son neveu par alliance, Ben Machin, même si ce dernier a été ministre et n’est pas mal placé comme secrétaire général adjoint du royaume, ou à son fils, le présumé député Karim Kéita, également président de la commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale. Ces derniers sont tous deux trentenaires et rappellent un opposant qui craignait que GPP ne se serve d’un jardin d’enfants pour inonder les institutions. Mais peu inspiré qu’il est, ne va-t-il pas plutôt dénicher dans un asile d’octogénaire et de nonagénaire le sénile gâteux qui va tout gâter ? C’est tout ce qui manque pour faire complet.
Cheick TANDINA