La délinquance financière semble devenir un comportement qui fait partie de la vie de tous les jours. Elle s’incruste dans nos mœurs, elle se vit au quotidien dans notre pays. Dans les entreprises, publiques ou privées, dans les institutions gouvernementales, etc. De nos jours, il n’est pas exagéré de soutenir qu’elle fait partie intégrante de notre culture, et, pire, elle prend une ampleur grandissante dans la société tout entière. Mais jusque-là, elle était étrangère à certaines couches sociales ou certaines catégories de personnes. Aujourd’hui, la gangrène s’est propagée dans tout le corps social.
La délinquance financière est une réalité à la fois triste et inquiétante pour l’avenir du Mali. Chaque jour apporte son lot de pratiques malhonnêtes, douteuses, honteuses, mafieuses, aux antipodes d’une société qui se veut juste, égalitaire et démocratique. Le mal est profond, nul ne peut le contester, et il est à craindre qu’au rythme où vont les choses, les valeurs sociétales qui fondent notre nation ne soient irrémédiablement perverties. Par leur perversion, la délinquance financière sape dangereusement la société malienne dans tous ses fondements. Pourtant, le chef de l’Etat n’a jamais cessé de souligner le problème de la délinquance financière qui gagne du terrain dans notre pays. On a l’impression que la création de toutes ces structures de lutte, la mise en place de ces différents mécanismes de contrôle au sein de nos administrations n’ont pas servi à grand-chose pour combattre ce mal qui gangrène notre société. Le Président de la République a la ferme volonté d’en découdre avec la délinquance financière qui est devenue aujourd’hui un véritable fléau qui ruine notre économie et plombe tous les efforts de développement, pour arriver enfin à bout du phénomène. Mais le président semble dépasser par la tournure des choses ; surtout qu’il est lui-même pointé du doigt quelque part dans cette mauvaise gestion au sommet de l’Etat. Le Malien lambda doit déjà comprendre que les responsables politiques ou administratifs qui se rendent coupables de détournement de fonds ou autres délits du genre sont à classer dans la même catégorie que le voleur du petit matin connu et reconnu et qui, très souvent, est mis au ban de la société pour ses méfaits. Deux délinquants qui ne présentent pas forcément les mêmes visages, qui n’ont pas les mêmes manières de voler mais qui se ressemblent au travers de leurs agissements on ne peut plus condamnables. Nous devons comprendre qu’il n’y a ni petite corruption ni grande corruption, que les deux se valent et ont les mêmes effets destructeurs. Le policier qui prend 1000 francs avec le chauffeur de taxi ne vaut pas mieux que le cadre de l’entreprise publique qui détourne 1000.000. Mais il faut reconnaître que le gouvernement de Modibo Kéita, à l’instar des autres au Mali, a fait de la lutte contre la corruption et la délinquance financière son cheval de bataille même si le bilan en termes de résultats parait plus que mitigé. La délinquance financière est sans doute l’un des fléaux qui ignore le poids de l’âge et traverse majestueusement le temps, en prenant d’autres aspects encore plus pernicieux. Il faut nécessairement une reconversion des mentalités dans le sens du respect des biens publics, de la responsabilisation de chaque citoyen à faire face à ses droits et obligations. Seulement, le Président IBK lui-même reconnaît son échec à changer la mentalité des cadres qui ne craignent ni Dieu ni les lois de ce pays. C’est là toute la gravité de ce phénomène. A notre avis, la lutte contre la délinquance financière, voire son éradication totale passe par le bon exemple et la bonne conduite de nos plus hautes autorités, du premier responsable en passant par les ministres, les directeurs généraux et autres responsables administratifs et publics. Pour la majorité de nos concitoyens qui sont sceptiques quant à l’élimination de ce fléau, le Président IBK n’est pas l’homme de la situation tant sa personnalité, son caractère, son tempérament constituent un frein : il n’est pas du genre à sévir. Tous les pans de la société malienne sont souillés par le phénomène de la corruption, et pire, c’est sa banalisation qui est plus préoccupante. Aujourd’hui, le degré dans la pratique de ce qui apparaît comme un « cancer social » traduit une certaine croyance à sa normalité dans l’inconscient collectif. L’urgence serait de trouver une solution salutaire au grand bonheur des pauvres qui en sont les premières victimes.
Paul N’GUESSAN