La France vient de réceptionner officiellement deux drones américains Reaper, en plus des Harfang et MALE, que les troupes militaires françaises vont utilisés pour traquer les groupes terroristes au Sahel, comme ceux se trouvant près de la frontière séparant le Mali de l’Algérie. L’utilisation de ces appareils dans la région pourrait engendrer de nouvelles pertes humaines parmi les civils, dont les nomades algériens qui circulent beaucoup au nord du Mali.
Ce qui a été le cas en mars dernier, lorsque cinq Touareg algériens ont péri suite à une bavure de l’armée française, dans la localité d’Inafareg, distante de 65 km du territoire algérien. Un genre de bavure qui risque de se s’amplifier avec la mobilisation de drones par l’armée française.
La France a pris possession, mercredi dernier aux Etats-Unis, des deux premiers drones de surveillance américains Reaper qui devraient être déployés au Sahel à la fin de l’année, ont annoncé, ce jeudi, les autorités françaises.
Cette acquisition avait été décidée au printemps dernier par le ministère français de la Défense, a précisé la Direction générale de l’armement (DGA), lors d’un point de presse organisé à Paris. La DGA a procédé à la réception du premier « système français », composé de deux vecteurs aériens, d’une station au sol et de la documentation nécessaire à sa maintenance.
« La phase suivante, c’est le transport vers le Sahel », où les deux drones seront directement acheminés, a souligné Antoine Torres, ingénieur à la délégation à l’armement français.
« Les drones dont nous avons fait l’acquisition seront en fonction à la fin de cette année en Afrique, au Sahel, c’est là leur principale mission », a assuré, pour sa part, jeudi matin, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sur les ondes d’Europe 1.
Cette annonce intervient au moment où le chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, prône la nécessité d’un programme européen de drones de surveillance. Les drones MALE (moyenne altitude longue distance) sont des appareils de reconnaissance sans pilote.
Une fois déployés au Sahel, les deux premiers Reaper fabriqués par la société américaine General Atomics renforceront la capacité de surveillance et de renseignement des forces françaises présentes en Afrique et permettront des tirs de missiles sur les groupes armés activant au Sahel.
Des essais en vol du premier système ont eu lieu ces deux dernières semaines en Californie et au Texas. C’est « l’aboutissement d’un processus d’acquisition », mis en œuvre grâce à « la réactivité des autorités américaines », a souligné la DGA.
La France est engagée simultanément dans deux opérations militaires, au Mali et en Centrafrique. Elle dispose en matière de renseignement de drones Harfang en bout de course, et l’intervention au Mali a montré l’insuffisance de ses capacités dans ce domaine. Jean-Yves Le Drian avait annoncé, en juin, que Paris voulait acheter au total douze drones Reaper aux Etats-Unis, une acquisition dont le montant est évalué par ses services à 670 millions d’euros.
Cette course aux drones lancée par la France afin de les utiliser au Sahel en particulier et en Afrique en général augure peut-être d’une « afghanisation » du continent noir. Ce qui se passe en Afghanistan, au Pakistan et au Yémen, où l’armée américaine affirme ne tuer que des terroristes alors qu’il s’agit aussi de centaines de civils, ors de frappes de drones, est un parfait exemple de ce qui va probablement se dérouler au Sahel.
C’est une question de quelques semaines et l’aviation française va certainement refaire les mêmes bavures. Cela dit, les civils subsahariens, y compris les nomades algériens qui se déplacent souvent dans le nord du Mali, seront menacés par des frappes ratées de drones de l’armée française.
Pour rappel, en mars dernier, suite à des tirs d’un avion de chasse français, cinq Algériens et des civils maliens avaient péri, tandis que l’armée française avait commenté cette « erreur » en disant qu’elle avait eu des renseignements sûrs sur la présence d’un important groupe terroriste affilié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Ce qui est donc inquiétant aujourd’hui, c’est que ce genre de bavure risque de se reproduire. Des centaines de civils seront en danger de mort dès que les drones utilisés par la France tournoieront dans le ciel du Sahel.
Les frontières algériennes avec le Mali, le Niger et la Mauritanie seront sérieusement menacées avec l’arrivée des drones français. Non seulement le risque de frappes ratées va planer, mais ces drones vont être aussi utilisés par la France pour des activités d’espionnage. Et l’Algérie n’est qu’à un pas…
S. Abi
Source: Jeune Indépendant