Après le refus des mouvements armés rebelles de parapher ‘’L’accord pour la paix et la réconciliation’’ issu des négociations à Alger, les composantes de la ‘Médiation’ pour les pourparlers du dialogue inclusif inter-malien ont convergé, la semaine dernière, vers la capitale algérienne. Elargie à la France te aux Etats-Unis – selon un communiqué rendu public dans la foulée -, le conclave avait vraisemblablement pour dessein de concilier les vues des parties malienne et rebelle quant à l’ouverture de nouvelles négociations entre le paraphe et la signature de l’accord. Il a dû tourner court à cause de la raideur des positions de part et d’autre.
Avec l’intransigeance des parties, ladite rencontre s’est conclue, Samedi dernier, par une soudaine réorientation de son objet initial. Elle s’est finalement consacrée à une sorte de récapitulé des efforts déployés depuis plus de six mois pour parvenir à un accord de paix, condition sine qua non de stabilité au septentrion malien. Faisant ainsi le bilan du processus, après que le pré-accord a achoppé sur un refus paraphe par les mouvements rebelles – ainsi que des efforts pour lever les obstacles -, les différents membres de la Médiation internationale n’ont pu que se réjouir des démarches dans le sens d’une «pleine adhésion de toutes les parties prenantes de l’accord…» et de son adoption par la majorité écrasante des Maliens.
Par conséquent, le chef de file et les autres membres de la Médiation internationale engagent les protagonistes à procéder à la signature du document à la date du 15 Mai prochain, en vue de permettre au Mali de quitter définitivement la spirale d’instabilité qui le pénalise ainsi que l’ensemble des pays du Sahel.
Quoique la ‘’Médiation’’ se soit portée garante d’une application intégrale de l’accord, son appel, selon toute évidence, ne sera pas entendu du côté des mouvements séparatistes de la Région de Kidal. Interrogée sur la question, une source proche de la Coordination nous a confié, à cet effet, que «le Mali signera avec lui-même» à la mi-Mai prochain et que la CMA constate avec regret que la ‘’Médiation’’ tourne à l’injonction. Comme quoi, la rébellion ne semble point disposée à renoncer à sa réticence, une posture que nombre d’observateurs assimilent à une défiance vis-à-vis de la communauté internationale. Et ce, en dépit même d’un isolement accentué par la défection du CMFPR 2 désormais acquis au paraphe du document.
Pour autant, la ‘Médiation’, à en juger par son communiqué, n’envisage pour l’heure aucune pression dissuasive contre les pieds-de-nez que les pourparlers d’Alger continue de recevoir d’un seul protagoniste parmi tant d’autres. En revanche, au détour d’un besoin de consolidation de ce qui passe pour l’unique acquis réel du processus de paix sous la houlette de l’Algérie, il est imposé à toutes les parties – comme l’ont fait les hautes instances onusiennes -, un statu quo somme toute favorable aux mouvements séparatistes comme en atteste ce passage ci-après du communiqué de la ‘Médiation’ : «la Médiation exhorte fortement les Parties à continuer à respecter jusqu’à terme tous les engagements qu’elles ont pris à travers l’Accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014 et ses modalités de mise en œuvre, la Déclaration de cessation des hostilités du 24 juillet 2014 et la Déclaration des parties au Processus d’Alger du 19 février 2015. (….). La Médiation ne manquera pas de saisir les instances internationales concernées au sujet de toute attitude ou action de nature à mettre en péril le processus de paix en cours».
La menace – il est loisible de le comprendre – n’est qu’un verre à moitié pleine car, tout en restreignant l’influence des mouvements rebelles sur la seule région de Kidal, n’apporte aucune alternative à la division du pays et à l’absence de souveraineté de l’Etat sur l’intégralité du territoire. En attendant une éventuelle inversion de tendance et une position plus ferme de la communauté internationale, d’ici à la date butoir de la signature de l’accord (avec ou sans la Coordination des Mouvements de l’Azawad), c’est ce triste scénario qui continue de prévaloir dans le dossier malien.
Abdrahmane KÉÏTA