Suivant les informations depuis mon Molodo natal, j’ai entendu que les Fare ont deux ans. Ne comprenant rien au mot Fare, j’ai bien positionné mon poste transistor pour le journal parlé de Radio Mali du samedi 4 avril 2015, l’édition de 19 heures 30. C’est en ce moment que j’ai entendu la voix d’un homme, comme se fut le cas lors de notre première rencontre à Kibirila, dans le champ de Modibo Kibiri, où il était venu nous parler d’une avancée dans l’agriculture malienne (l’engrais à un coût raisonnable).
Comme en 2008 dans le champ de Modibo Kibiri, j’ai senti encore à travers sa voix le souci pour le pays. Car l’insécurité dont son parti évoquait est une priorité, sinon doit être la priorité de tous les Maliens. Connaissant mes voisins qui ont opté dès le lendemain de la présidentielle de 2013 pour le parti RPM, je me suis tu. Mais après un bout de temps, un de nos jeunes est venu nous informer que la route Diabaly-Nampala est impraticable ; qu’il y a des bandits venus de Konna qui opèrent de jour comme de nuit, coupent les routes, tuent et emportent des biens.
Sans parler Fare, je me suis senti concerné. Je ne me suis rendu compte que ce que ce parti disait est une priorité nationale. C’est dire combien le traitement de certains sujets doit sortir du folklore, des mensonges, comme ce que nous avons vu à la télé avec le général Sada Samaké. Cet homme a carrément oublié qu’il a fui ses responsabilités quand il était en mission en Côte d’Ivoire.
Il a oublié qu’il n’a jamais bien géré. Il doit savoir que le Mali est plus grand que sa petite taille. Nous avons horreur de voir des gens mentir. Heureusement qu’en homme avisé, le Premier ministre Modibo Keïta l’a recadré, en disant indirectement aux uns et aux autres de ne pas mentir. «On ne peut rien changer en une seconde de temps ; dire que je vais faire ceci, je vais faire cela», le temps est le meilleur maître.
Modibo Sidibé, une valeur sûre
En réalité, l’objet de ma contribution est le président du parti Fare, Modibo Sidibé. Celui qui, sans être à l’école, était déjà surdoué, l’enfant de Fanta Capi. Cette brave dame que j’ai connue dans les profondeurs de Wassala, cercle de Bafoulabé. C’est un génie. Faire de la politique, c’est autre chose ; devenir opposant, je n’en sais rien, mais le garçon a le Mali dans son sang. Le fait qu’il soit descendu dans l’arène politique lui permettra de rester lui-même, pas de discours à l’emporte pièce, ni des propos qui resteront gravés à jamais dans nos mémoires fatiguées, reste toi-même.
Au départ, c’est l’expression de sa volonté à briguer la magistrature suprême du pays au motif que ce pays lui a tout donné. L’expression de son ambition fut accueillie par une folie de haine. «Cela a commencé depuis qu’il a osé franchir le pas et laissé entrevoir son ambition pour le Mali lors des tournées à l’intérieur du pays», disait un grand journaliste de ce pays. Mais rien de tout cela ne l’arrêtera parce que ceux qui le font ne le connaissaient pas, encore moins son passé, forgé dans une vie familiale. La famille du Capitaine Sidibé, c’était autour du plat commun, tout le monde. Quelqu’un qui a fait toute sa carrière de fonctionnaire dans le domicile parental a beaucoup appris.
Systématique, méthodique, insistant, souvent grotesque, jamais découragé et ne reculant devant rien, le travail de sape contre Modibo Sidibé a cherché à faire de ce dernier un étranger parmi les Maliens. Rien n’aura été écarté dans cette opération de sape et de dénigrement. Depuis le coup d’Etat du 22 mars, la médisance s’est muée en harcèlement. Il a aujourd’hui pardonné à tout le monde, sans rancune.
En osant franchir le pas, Modibo Sidibé affichait une force. Considérée alors comme une menace à leur ambition, certains n’ont jamais accepté sa descente dans l’arène politique, comme s’il ne le méritait pas.
Etait-il déjà ce danger social comme le dira un jour le capitaine Sanogo ? Il est évident que «Wassoulou mogo ba» (Modibo Sidibé), ainsi appelé par les siens, représente une force, une qui fait toujours peur. Stratège s’il en est un, peu bavard, on le voit à travers le résultat d’une action. Mais, rarement dans un show pour se faire plaire. Cette façon de faire, propre à lui, a de quoi ébranler les acteurs politiques habitués, eux, à parler pour plaire. Malgré tout, Modibo Sidibé réussit en ce moment-là deux exploits : celui d’aiguiser les jalousies politiques en ne répondant pas aux attaques, mais en s’engageant dans une démarche qui en dit long sur ses intentions.
Et l’exploit d’innovation en plaçant les populations et les communautés au cœur de sa stratégie politique. Une tournée inédite l’avait conduit dans le Mali profond. Par cette tournée, il inscrit sa démarche dans nos convenances sociales. Elle a été la base du manifeste des Fare. La présence de sa force auprès des populations et des communautés fait tache d’huile. La précampagne pour les élections d’avril 2012 prend alors un autre tournant. La force réelle est ici Modibo Sidibé. L’adversité est féroce et dépasse les limites du champ politique. Mais, comme le chemin tracé par Dieu n’est pas sans tache de crayon, de gomme, voilà que les choses se passent autrement.
Un coup d’Etat intervient. Ses auteurs ont, semble-t-il, comme une mission, la destruction de la force de Modibo Sidibé. La suite est connue de tous. Ce dernier, malgré l’adversité, place le Mali au-dessus de tout et ne renonce pas à son ambition pour le Mali. Interviendra ensuite la compétition pour la présidentielle de 2013. Et Modibo Sidibé remet ça. Une stratégie se met en place. Elle intègre la création d’un parti dédié à sa candidature et le regroupement des partis politiques qui partagent sa vision, avec bien sûr l’accompagnement des clubs et associations de soutien.
On conclut alors avec l’espoir qu’une première fois ne sied pas à Modibo Sidibé en matière de compétition électorale. Que «Wassoulou mogo ba», Modibo Sidibé, reste le même et défendra le Mali. Lui qui est convaincu que seul le Mali demeurera, ne peut et ne doit pas désespérer. Les Maliens, 3 mois après la présidentielle, ont vu la réalité. Même les plus optimistes et autres fanatiques religieux ont eu la langue déliée.
La réalité dans le Mali profond est autre. La majorité est à Bamako avec les mensonges, les détournements et les chasses aux hommes. On a tout compris. C’est Alpha Oumar Konaré qui avait raison. À l’époque, on ne le croyait pas. Mais aujourd’hui, le résultat des 18 mois de gestion de pouvoir est révélateur. Peut-être que votre seul tort, c’est d’aimer le Mali. Mais, continue mon fils, les jours à venir nous en diront plus.
Toh Oumar COULIBALY
Paysan à Molodo