Gazonnés à plus de 59,5 millions CFA, les stades municipaux de Kati, Kita, Baraouéli et Mopti ont, pour la plupart, été rejetés par les clubs bénéficiaires à cause de la piètre qualité du gazon. Ou des travaux.
Un avocat, commis par certains membres de la Fédération Malienne de Football (FEMAFOOT), serait en train de monter un dossier pour « malversations », contre le président et le vice-président de la FEMAFOOT, pour le Pôle Economique et Financier.
«Le gazonnage de ces stades a été bâclé, ou presque. Planté n’importe comment, le gazon n’a jamais poussé sur certains stades. C’est pourquoi, des clubs refusent de jouer sur ces terrains, devenus des dangers potentiels pour les joueurs », déplore un membre influent de la FEMAFOOT, qui a requis l’anonymat.
D’un montant de 59,5 millions CFA, le contrat de prestation, liant la FEMAFOOT à l’entreprise Souleymane Diabaté, spécialiste des infrastructures sportives, concerne le gazonnage des terrains municipaux de Kati, Kita, Baraouéli et Mopti. Les travaux se déclinent en 10 points : analyse du sol, implantation, relevé topographique, nivellement, fourniture de terre végétale, fourniture de fertilisant, pose et mise à niveau du mélange terre végétale et fumier, fourniture et semis des graines de gazon, entretien pendant trois mois après le semis.
Et l’article 2 du contrat d’ajouter : « L’entrepreneur doit être assuré, prendre en charge les frais de transport et l’acheminement correct des matériels jusqu’au lieu d’installation. Il lui est fait l’obligation de fournir des matériels neufs ne comportant aucun vice caché ou visible et strictement conforme.
L’entrepreneur convient de fournir et poser les matériels, de rendre les services et de remédier au défaut d’insuffisance de ces matériels et services ».
En dépit de toutes ces précautions, la plupart de ces stades municipaux ont été rejetés par les clubs bénéficiaires. C’est, entre autres, le cas du stade municipal de Kita où, dit-on, le gazon n’a même pas poussé. Pourtant, son gazonnage aurait couté 15 millions CFA.
Autre stade, autre échec : le stade municipal de Baraouéli, boudé par les joueurs. A cause, notamment, de la mauvaise qualité des travaux. Qui ont couté 11,5 millions CFA. Du moins, si l’on en croit la facture, dont nous nous sommes procuré copie.
Selon nos informations, le boycott de ces stades municipaux est à lier aux « malversations » qui auraient émaillé ce marché. Qui, selon l’article 5 du contrat, est passé après « consultation restreinte ». En clair, ce marché n’a pas été passé par appels d’offres ouvert.
Soupçons de malversations financières
Aussi, le président de la FEMAFOOT et son vice-président sont soupçonnés de malversations financières portant sur plusieurs dizaines de millions de nos francs. Il s’agit, entre autres, du découvert de 300 millions CFA ( certains diront 400 millions CFA) contracté à la Bank Of Africa par la FEMAFOOT, les 750.000 dollars octroyés à la fédération malienne au titre d’appui aux activités des clubs et les deux premières tranches des 300.000 dollars reçus, des mains de la FIFA, par la FEMAFOOT.
C’est pour faire la lumière sur les destinations de ces fonds, que les présidents des clubs avaient exigé, en janvier dernier, une assemblée générale. Peine perdue. Face au refus du président et du vice-président de la FEMAFOOT d’éclairer la lanterne des présidents des clubs sur la destination réelle de ces fonds, il a été décidé de boycotter le championnat de la ligue 1.
« Nous réaffirmons que toute possibilité de dialogue ayant été rejetée, nous ne participerons plus au championnat national », disent-ils dans leur communiqué daté du 15 avril 2015.
Face à ces accusations, qui n’honorent ni notre pays, ni son football, Boubacar Baba Diarra, président de la FEMAFOOT et son vice-président, Boukary Sidibé, alias « Kolon», se murent dans un silence assourdissant.
S’agissant des travaux de gazonnage des stades municipaux de Kati, Kita, Baraouéli et Mopti, qui se sont terminés en eau de boudin, les présidents des clubs ont décidé, contrairement à leurs collègues de la ligue 1 Orange-Mali, de saisir le juge du Pôle Economique et Financier.
« Nous soupçonnons le président de la FEMAFOOT et son vice-président de n’avoir pas injecté, dans les travaux, tous les fonds débloqués à cet effet. Et c’est pourquoi, nous avons commis un avocat, qui montera un dossier que nous remettrons, dans les jours à venir, au juge du Pôle Economique et Financier pour investigations », conclut notre source.
Nous y reviendrons !
Oumar Babi