Soumaïla Cissé et ses camarades de l’opposition restent droits dans leurs bottes. « Le pré accord d’Alger contient des germes de désintégration rampante du pays ». C’est en substance, ce qu’on pouvait retenir des chefs des partis politiques de l’opposition, qui ont rencontré, hier le Premier ministre Modibo Keita dans la salle de réunion de la Primature. L’expression est du président du PDES, l’ancien ministre du Commerce et de l’Industrie, Amadou Abdoulaye Diallo, qui s’exprimait ainsi au nom de ses pairs de l’opposition. La messe d’explications a également mobilisé les forces vives de la nation. Car, le processus de paix d’Alger court vers sa fin. La signature de l’accord est attendue pour le 15 mai prochain sur les rives du Djoliba, probablement au Centre international de conférences de Bamako ou le Palais de la Culture Amadou Hampaté Ba, comme le Pacte national, en 1992.
Amadou Abdoulaye Diallo a d’abord remercié le Premier ministre Modibo Keita pour la constance des échanges entre lui et la classe politique depuis sa nomination sur le processus d’Alger. Nomination avant laquelle, il occupait le poste de Haut représentant du chef de l’Etat pour le dialogue inclusif inter-maliens.
Selon lui, les responsables des partis de l’opposition ont exprimé leur opinion individuellement ou collectivement sur la feuille de route des négociations dans la cadre du processus d’Alger, les éléments pour un accord pour la paix et la réconciliation du Mali, le projet d’accord pour la paix et la réconciliation nationale et l’accord de paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger paraphé par le gouvernement du Mali le 1er mars 2015 dernier.
Pour l’opposition, l’accord paraphé par le gouvernement le 1er mars 2015 après plusieurs mois de réunions ne résout en rien les questions fondamentales relatives à la stabilité du pays, à l’intégrité du territoire, à l’unité nationale et à la réconciliation nationale.
« Pour nous, cet accord n’est pas bon pour le Mali », a insisté Amadou Abdoulaye Diallo qui poursuit qu’il contient les germes d’une désintégration rampante du pays.
« Nous regrettons encore une fois qu’en vue des pourparlers d’Alger, les autorités n’aient pas cru devoir procéder à des véritables concertations sur les questions de fond », regrette Amadou Abdoulaye Diallo. Qui souligne qu’un consensus national aurait, sans aucun doute, conforté la position du gouvernement dans les négociations.
Les points qui fâchent l’opposition
L’opposition s’est dite étonnée de voir que le document paraphé ne fait aucunement référence, ni dans son préambule, ni dans ses principes, engagements et fondements pour un règlement durable du conflit, à la Constitution du Mali.
En plus, l’absence maintes fois dénoncée de vision refondatrice des Institutions de la République et de cap du gouvernement dans la résolution de ce conflit. Aussi, selon l’opposition, le document paraphé n’envisage pas l’avenir du Mali entier, dans son unité, sa dignité, sa sécurité et sa prospérité.
Ajouté à cela, Amadou Abdoulaye Diallo, souligne l’appellation « Azawad » citée parmi les trois éléments retenus comme fondements du règlement concerté du conflit et définie comme « une réalité socioculturelle, mémorable et symbolique. A en croire les partis de l’opposition, cela constitue une véritable imposture politique et est porteuse de germes réels de séparatisme.
Pour Amadou Abdoulaye Diallo, la disposition qui consiste à « assurer une meilleure représentation des populations du nord du Mali dans les institutions de la République » est une violation de la constitution du Mali, des règles et valeurs républicaines qui n’admettent pas une administration partisane ou encore une administration communautariste.
Mieux, à en croire l’opposition, le document paraphé conduit le Mali dans un nouveau système d’autonomie de fait des régions entre autres avec l’élection au suffrage universel direct du président de l’Assemblée régionale qui cumule les fonctions de chef de l’exécutif et chef de l’administration de la région. Toutes choses qui constitueront des sources de blocage dans le fonctionnement institutionnel de la région et de l’Etat.
En dehors de cela, l’opposition regrette la création d’une police territoriale et la volonté de réserver aux ressortissants des régions du nord, la majorité des effectifs de la fonction publique territoriale. Des éléments qu’elle qualifie des germes de régionalisme destructeur de la cohésion sociale.
D’autres griefs formulés par l’opposition sur ce document concernent les questions sécuritaires car elle estime qu’une armée nationale républicaine ne doit être bâtie en dehors de toute considération d’appartenance régionale, ethnique ou communautaire.
Autant de points qui ont poussé l’opposition à rejeter en bloc l’accord paraphé par le gouvernement le 1er mars dernier et qui doit aboutir à la signature d’un accord définitif de paix le 15 mai prochain.
D. Diama