Il était de bon ton, au moment de la chute du président Amadou Toumani Touré, de dire qu’il avait trahi la patrie en envoyant au combat une armée privée à dessein de tout moyen. On racontait aussi à tout venant que l’homme avait pactisé avec les bandits armés au point de les recevoir en amis sur le territoire national et de les gaver de privilèges.
Surfant sur ces rumeurs, la junte militaire qui a renversé ATT puis l’actuel président, IBK, ont voué aux gémonies le père de la démocratie malienne. Le gouvernment d’IBK est allé jusqu’à initier contre ATT une procédure de haute trahison devant la Haute Cour de Justice!
Deux courtes années ont suffi à réhabiliter le général ATT. La défaite de l’armée malienne à Kidal, le 21 mai 2014, a prouvé que le sort de nos soldats n’a jamais dépendu d’une insuffisance d’équipements. Elle a également montré l’étendue des soutiens dont bénéficient les groupes armés à l’étranger et l’impossibilité, pour le Mali, de les réduire sans le soutien actif de la communauté internationale. Ce soutien international, ATT ne l’a-t-il pas cherché en vain ? N’a-t-il pas toujours dit que la crise du nord et, de manière générale, l’insécurité au Sahel ne pouvaient être réglées que par une action économique, politique et militaire conjointe des Etats du Sahel ? Faute d’obtenir ce soutien, ATT a suivi la politique de ses moyens. Celle-ci s’est, entre autres, matérialisée par l’Accord signé à Alger en 2006 avec les rebelles touaregs. Cet Accord, décrié à l’époque par le RPM d’IBK, n’en est pas moins repris, aujourd’hui par le régime d’IBK en plus grand et plus mauvais format…
Les chiffres, graphiques et tableaux que nous publions dans ce numéro témoignent de la volonté permanente d’ATT de doter l’armée et les forces de sécurité de moyens de travail adéquats.Si, malgré les 663 milliards de FCFA investis, l’armée n’a pu se rendre maîtresse du terrain, faut-il accuser le chef de l’Etat de cet échec ?
En vérité, pour restaurer la paix et la sécurité au nord, on devrait, sans complaisance, poser les vrais diagnostics et administrer les traitements idoines. Et non pas avancer dans le mur, les yeux fermés et le nez dans les guidons.
Tiékorobani
En dix ans (2002-2012) : L’armée a englouti 663 milliards
Tableau global. Le tableau qui suit mentionne les lois de finances votées de 2001 à 2012. Ces lois ont alloué, au fil des ans, des sommes colossales aux forces armées (dépenses de fonctionnement et achats d’équipements) et à la sécurité intérieure. Le total de ces sommes atteint 663 006 683 000 FCFA !
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Graphique n° 1: Evolution du Budget du Ministère de la Défense de 2001 à 2012
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Le graphique n°1 ci-dessus représente l’évolution du Budget du Ministère de la Défense et des Anciens Combattants (MDAC) de 2001 à 2012. Ce budget est passé de 35 449 061 000 FCFA en 2002 à 75 629 778 000 FCFA en 2012, soit une augmentation de plus de 200%. L’augmentation régulière du budget du département de la Défense n’a pas souffert, contrairement à plusieurs autres départements, des conséquences de la crise économique de 2008. Cela prouve que contrairement aux rumeurs, les gouvernements qui se sont succédé de 2001 à 2012 considéraient comme prioritaires les dépenses militaires.
Il faut rappeler que n’apparaîssent pas dans le graphique les 5 milliards de FCFA (issus du fonds de cession du capital de la SOTELMA) remis au MDAC pour réaliser des infrastructures dans les différentes zones militaires du Mali.
Le graphique ne prend pas non plus en compte les dépenses faites dans le cadre de l’opération « Djiguitougou » de 2006 à 2012. Ces dépenses s’élèvent à plus de 10 milliards de FCFA.
Enfin, le graphique n’inclut pas le coût de l’acquisition des deux avions de guerre « Sokhois » et « MI24″ évalué à près de 75 milliards de FCFA.
L’Etat malien aura, au total, dépensé, de 2001 à 2012, plus de 166 514 429 000 FCFA pour le seul Ministère de la Défense et des Anciens Combattants !
Graphique n° 2: Evolution du chapitre « achats et fonctionnement » du budget du ministère de la Défense de 2001 à 2012
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Le graphique N°2 ci-contre décrit l’évolution du chapitre « achats et fonctionnement » du budget du ministère de la Défense de 2001 à 2012. On y voit une progression régulière des sommes allouées à ce chapitre durant cette période. Celles-ci passent de 13 687 167 000 FCFA en 2001 à 28 876 900 000 FCFA en 2012, soit une augmentation de près de 60%. On remarque également deux pics majeurs dans le graphique en 2005 et 2007. Les dépenses passent de 13 849 095 000 en 2004 à 16 223 115 000 FCFA, soit une augmentation de plus de 3 milliards. De même, les dépenses sont passées de 16 617 385 000 en 2006 à 19 647 956 000 FCFA en 2007.
L’augmentation régulière, parallèlement au budget du MDAC, des fonds alloués au fonctionnement et aux achats, montre la volonté du Président de la République de l’époque, ATT, et de ses gouvernements d’améliorer le fonctionnement et la capacité opérationnelle des Forces Armées. L’augmentation substantielle de plus de 3 milliards en 2005 est la marque de cette volonté politique. Le pic de 2007 (19 647 956 000 FCFA) est la matérialisation de la prise en compte de la reprise de la rébellion de 2006 par le pouvoir en place.
Par ailleurs, le graphique ne prend pas en compte le coût des dons (de matériels roulants) faits par le Canada, la France, le Japon et les USA. En plus, certains contrats, comme « le carburant algérien » par exemple, ne sont pas comptabilisés dans le graphique alors qu’ils ont permis de réduire certaines dépenses de fonctionnement, notamment celles liées à la logistique pendant la l’opération « Djiguitougou ».
Graphique n° 3: Evolution du budget du Ministère de la Sécurité Intérieure et de la protection Civile (MSIPC) de 2003 à 2011
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Le graphique N°3 ci-contre représente l’évolution du budget du Ministère de la Sécurité Intérieure et de la protection Civile (MSIPC) de 2003 à 2011. On constate que le budget du MSIPC est passé de 11 457 109 000 FCFA en 2003 à 27 206 318 000 FCFA en 2011, soit une augmentation de plus de 42%. L’augmentation est très prononcée en 2004, 2007 et 2010. Le budget passe de 11 457 109 000 FCFA de 2003 à 17 174 971 000 FCFA en 2004, soit une augmentation de près de 6 milliards de FCFA ; il passe de 20 436 556 000 FCFA en 2006 à 23 694 108 000 FCFA, soit une différence de près de 3 milliards de FCFA. On peut noter une augmentation de près de 4 milliards entre 2009 et 2010 où le budget passe de 24 619 938 000 FCFA à 28 027 466 000 FCFA.
L’augmentation régulière du budget du MSIPC témoigne de la priorité que le président ATT et ses gouvernements successifs ont accordée à la sécurité Intérieure. La construction des infrastructures et la réalisation des moyens roulants et des équipements au profit des forces de sécurité et de protection civile ont motivé l’augmentation substantielle, de près de 6 milliards, du budget de 2003 à 2004.
Pour faire face à l’insécurité consécutive à la rébellion de 2006, le gouvernement malien a jugé nécessaire d’accroître les capacités opérationnelles des forces de sécurité en augmentant le budget de près de 3 milliards de FCFA.
Enfin, compte tenu des nouvelles menaces et de l’accroissement des effectifs des forces de sécurité, le gouvernement, sur des instructions du Président ATT, a revu à la hausse le budget du MSIPC de près de 4 milliards de FCFA.
Graphique n° 4: Evolution des budgets du Ministère de la Défense et de celui de la Sécurité parallèlement au budget National
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Le graphique n°4 ci-contre illustre l’évolution des budgets du Ministère de la Défense et de celui de la Sécurité Intérieure parallèlement au budget National. On remarque que les budgets du MDAC et MSIPC sont en augmentation régulière. Cependant, le budget national croît jusqu’en 2007, décroît en 2008 avant de repartir à la hausse en 2009. Toutefois, le budget national est passé de 787 198 778 000 FCFA en 2003 à 1 265 654 766 000 en 2011.
L’Etat malien avait une croissance économique régulière qui lui permettait de maintenir le Budget National dans une augmentation régulière. Cette croissance du Mali se reflétait au niveau des budgets du MDAC et du MSIPC qui augmentaient de façon proportionnelle par rapport au Budget National. Par souci de donner une bonne capacité opérationnelle aux Forces Armées et de sécurité, les budgets des deux ministères n’ont pas senti les effets de la crise économique de 2008 qui a vu le budget national passer de 1073 milliards à 930 milliards de FCFA. Il faut rappeler que le budget National est financé à près de 40% par des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) du Mali.