Le succès de l’opération Serval contre les djihadistes au Mali est aujourd’hui reconnu par tous les experts militaires. Le bémol vient du commandant du groupement d’hélicoptères. Lucide, ce dernier révèle les dysfonctionnements de notre défense, conséquence, selon lui, de la baisse significative des moyens.
Si les soldats français sont parvenus à déloger les terroristes dont l’objectif était de conquérir le Mali tout entier, ils ont dû faire face quotidiennement à la faiblesse de la logistique. Sur ce point précis, les critiques ne manquent pas : pénurie d’avion gros-porteurs, malgré l’aide des Américains et des Ukrainiens, manque de munitions pour mener les reconnaissances offensives, absence de moyens de communication, pénurie de lits et autres WC de campagne, kérosène au compte-gouttes. Le plus inquiétant concerne les hélicoptères de combat Tigre, les plus performants du groupement aéromobile (GAM).
Lors du déclenchement de l’opération Serval, l’armée française est dans l’incapacité de mobiliser ses « tigres », et ceci en raison de leur dispersion. L’un est basé en Afghanistan, le deuxième effectue une mission au large de la Somalie et le troisième a été mis à la disposition des forces spéciales basées au Burkina-Faso, en prévision d’opérations au nord du Mali. Par ailleurs, Il est demandé aux régiments d’hélicoptères basés en France de ménager le matériel en réduisant les heures de vol.
Face à cette situation préoccupante, nos dirigeants s’étonnent alors qu’un tir de kalachnikov puisse atteindre nos invincibles oiseaux d’acier. La leçon de cet épisode est cependant revigorante, voire réconfortante, si l’on considère ici que le facteur humain a une nouvelle fois était déterminant.
Nos soldats ont en effet prouvé qu’ils étaient à la hauteur de l’enjeu en faisant la démonstration d’un professionnalisme émaillé de courage. Ceci étant dit, Il faudrait peut-être conseiller à nos dirigeants de méditer ce proverbe chinois : « une armée s’entretient mille jours durant et ne s’emploie qu’un moment ».
Frédéric Gout, Libérez Tombouctou – Journal de guerre au Mali, éditions Tallandier.
Source: ndf.fr