Ces derniers mois furent très difficiles pour le Président Ibrahim Boubacar Keïta qui, en plus d’être boudé par l’écrasante majorité des chefs d’Etats de la sous-région, vient de perdre un grand allié intérieur. Celui-là même qui, au risque d’entacher sa réputation d’homme de Dieu, décidait de lui faciliter l’accession au pouvoir.
Chérif de Nioro déclare la guerre à IBK
IBK et le chérif de Nioro
Se rappelle-t-on : à la veille des dernières élections présidentielles, le chérif de Nioro, M’bouillé Haïdara, après avoir fait plier la bande à Sanogo du pouvoir pour permettre à Dioncounda de mener la transition à terme, a dû rapprocher les putschistes à IBK candidat afin de faciliter son élection.
Mieux, le chérif, aux fins que lui seul sait, avait décidé de s’afficher en mobilisant ses fils dans les milieux religieux et ses fuqars qui ont battu campagne pour IBK jusqu’à l’intérieur des mosquées à travers le pays.
A l’appui, une somme de cent millions de FCFA a été débloquée par le marabout de Nioro pour financer les campagnes d’IBK en 2013.
Apparemment, l’arrivée d’IBK au pouvoir, favorisée par ses soutiens religieux et militaires, a plutôt profité à sa famille et son parti qu’à ceux qui s’attendaient à la lune de miel.
Contrairement aux ministres de la surfacturation qui, pour crime économique devraient répondre devant la justice, la bande à Sanogo, alors soucieuse d’une prime à l’impunité, a dans la foulée, cessé de voir le soleil. Deux poids deux mesures ?
Il faut dire que le chérif de Nioro aussi n’a pas servi d’ascenseur à IBK pour du simple altruisme. Et, les péripéties de la rupture intervenue, il y a deux semaines entre les deux hommes en témoignent.
En fait, lorsqu’à son arrivée à la tête du ministère des Finances, Mamadou Igor Diarra tint à faire partir Abdoulaye Daffé de la BDM, c’est le Président IBK en personne qui s’est rendu chez le chérif M’bouillé dans son domicile sis à l’hippodrome pour lui en parler d’avance des mesures que son Gouvernement était sur le point d’appliquer. Lesquelles mesures, dit IBK, occasionneront le départ de Daffé de la BDM. Erreur.
Comme l’étincelle qui met le feu aux poudres, le Chérif, malade et hospitalisé à Bamako depuis six mois, signifia son refus catégorique quant à l’idée de la disgrâce de son protégé Abdoulaye Daffé. Le Président IBK prit ainsi congé de son ami après une visite qui occasionna le début de la brouille.
Trois jours après, c’est le Premier ministre Modibo Keïta qui se pointe chez le chérif pour des fins de médiation entre ce dernier et le chef de l’Etat. Ce fut encore le refus catégorique du vieux marabout, décidé définitivement à tourner la page IBK qu’il a, de surcroit regretté même d’avoir soutenu, selon son entourage.
En réalité, les proches de M’bouillé, après six mois passés à Bamako, pensent qu’IBK et son gouvernement, en avançant le départ de Daffé à la retraite pour le substituer à un Ag Hamani pensionné depuis dix ans, les prennent pour des enfants.
La bredouilleuse visite du premier ministre chez le chérif marque désormais la fin de toute relation entre IBK et son désormais ex allié. Malgré tout, le chérif très affecté par ce fait, après six mois d’hospitalisation à Bamako, décide de rentrer dans son Nioro natal dès la semaine prochaine.
Quoique cela soit d’ordre personnel, Abdoulaye Daffé, un Hamalliste (précepte de la secte islamique du père de M’bouillé) pur et dur, est l’un des rares cadres à être dans le cercle le plus restreint de M’bouillé.
Soutien constant et incontestable du chérif sur tous les plans, Abdoulaye Daffé, le natif de Nioro du sahel, a su assurer en réalisant des bénéfices à hauteur de souhaits au service de la plus grande banque de son pays. Après tout, il ne doit rien regretter, tout en retenant qu’il ne peut y avoir de fumée sans feu. Mais, comme on le dit : la raison du plus fort est toujours la meilleure, dans une République bananière.
I M T
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